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Le cinéma de Serge Gainsbourg

Publié le par Guillaume Lagrée

Le cinéma de Serge Gainsbourg

Coffret 5 CD

Universal Music France. 2015.

Qu'est ce que le cinéma de Serge Gainsbourg, lectrices cinéphiles, lecteurs mélomanes?

Le fruit de 30 ans de travaux du beau Serge pour l'art cinématographique, le sien comme celui des autres.

Comme disaient les amantes de Victor Hugo au premier (d)ébat: " Mon Dieu, mais c'est énorme! ".

En 5CD, 3615 minutes de musique, 30 ans de création mélangeant Jazz, classique, Pop, variété, bruitages, musique contemporaine, musiques du monde, recyclage des oeuvres des autres et des siennes. Bref, un pot au feu musical riche de saveurs, d'odeurs et de couleurs.

Serge Gainsbourg aimait faire chanter les actrices, dans le bon sens du terme. C'est sans surprise que l'on retrouve Anna Karina, Jane Birkin, Catherine Deneuve mais retrouver Juliette Gréco, Michèle Mercier et surtout Nico, l'égérie du Velvet Underground, est plus surprenant.

Même quand il ne travaillait pas pour des chefs d'oeuvre immortels, Serge Gainsbourg sortait de la belle et bonne musique. Qui n'a pas eu envie de chanter le Requiem pour un con (BO du Pacha avec Jean Gabin) à son ennemi préféré?

Serge Gainsbourg n'a pas eu la chance d'écrire la BO d'un film immortel comme Martial Solal le fit pour " A bout de souffle " de Jean-Luc Godard mais il avait toujours ce double souci: " La musique de film doit, primo: être en contrepoint; secondo ne jamais faire pléonasme ".

Cette musique est toujours vivante comme le montre la reprise en 2015 des Chemins de Katmandou par Fred Pallem, un des trublions du Jazz français actuel avec son big band cosmicomique Le Sacre du Tympan.

La musique est classée dans l'ordre chronologique des années 50 aux années 80, des arrangements West Coast Jazz (glop) au son de saxophone métallique à la David Sanborn (pas glop).

Outre la qualité de la musique, il faut signaler celle de l'objet. Le coffret est beau visuellement et le livret très riche avec des interview de Jane Birkin, Georges Lautner, Pierre Granier-Defferre, Bertrand Blier, des belles photographies, un texte de présentation pertinent de Stéphane Lerouge. De plus, le travail est honnête car les arrangeurs sont indiqués notamment l'excellent Breton Alain Goraguer (Go, Go, Goraguer!) qui, avec le beau Serge, dès le premier morceau de cette superbe compilation, nous met l'Eau à la bouche.

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Airelle Besson & Nelson Veras, grands chefs du réfectoire des Cordeliers

Publié le par Guillaume Lagrée

Festival Jazz à Saint Germain des Prés

Paris . Réfectoire des Cordeliers

Mercredi 27 mai 2015. 21h.

Airelle Besson : trompette

Nelson Veras : guitare acoustique

L’endroit est magique. Un réfectoire gothique d’une abbaye de moines cordeliers, reconverti en salle de concert pour la 15e édition du Festival Jazz à Saint Germain des Prés. Cela rappelle celui de l’abbaye de l’Epau où se joue chaque année l’Europa Jazz festival du Mans. En moins beau évidemment mais, pour Paris, c’est convenable.

La salle est comble ce qui est réjouissant étant donné la qualité et l’exigence de ce duo « Prélude ».

Une trompette au son hispanique. Elle me rappelle « Sketches of Spain » de Miles Davis et Gil Evans. Evidemment, nous sommes très loin du « Be Bop » (Dizzy Gillespie) mais c’est un autre genre de beauté et ce style de jeu appartient à Dizzy Gillespie. Nelson la rejoint. La musique prend forme et le charme opère. Belle acoustique, pleine d’air et d’espace.

Une ballade s’ensuit. La trompette sonne comme une sirène de pompiers mais en douceur. Le morceau n’a pas encore de titre. Airelle Besson a demandé au public de lui en trouver un. Je propose « Au feu ». L’eau est assurée par la guitare.

Pendant qu’Airelle Besson se bat avec son chevalet et finit par le plier à sa volonté, Nelson Veras joue. Cet homme est l’aisance personnifiée à la guitare. De la trompette sort un son plus viril, plus affirmé. Airelle se balance joliment, allant chercher le son au plus profond d’elle même. Dizzy Gillespie disait qu’il fallait serrer le trou du Q pour bien jouer de la trompette. Il l’avait même dit en direct à la télévision américaine au grand effroi de son épouse, Lorraine. C’était « Full moon in K », l’hommage d’Airelle Besson au trompettiste britannique Kenny Wheeler qui a manifestement exercé une grande influence sur son jeu plus mat que brillant pour parler en termes photographiques.

« Neige ». Superbe attaque de Nelson, bien relayé par Airelle. Plutôt que l’avalanche, c’est le skieur qui enchaîne les courbes avec grâce. Enfin, la musique sonne pleine et énergique.

Nelson enchaîne tout en douceur sur une ballade. La musique vole comme un châle au vent.

Un morceau plus rapide lancé à deux. Solo de guitare. Quel pincement de cordes et quelle articulations dans le propos ! Ses doigts sont des pattes d’araignée qui tissent leur toile sur les cordes de la guitare. L'expression " guitare sèche " est inappropriée à la façon dont joue Nelson Veras. Le souffle de la trompette vient soulever cette toile sans la rompre.

C’ était « Grand Central » (John Coltrane) suivi d’un morceau en première mondiale, sans titre pour l’instant.

« Pouki Pouki ». Un petit air dansant, presque de carnaval antillais. Ils peuvent aussi swinguer quand ils veulent. Ca, c’est beau. Airelle nous remercie pour notre écoute attentive. Le lieu et la musique l’imposent.

Pour finir, en toute logique, « Time to say goodbye ». Nelson égrène ses notes comme les perles d’un collier. Son nostalgique, style musique de film après la bataille quand il s’agit de compter les morts et les blessés. Très beau son de trompette. Le micro ne me paraît pas indispensable au vu de l’acoustique de la salle et de l’écoute attentive du public mais, du moins, il ne gêne pas.

RAPPEL

Airelle Besson nous remercie de nouveau pour la qualité de notre écoute. C’est notre remerciement pour la qualité de cette musique.

Nelson Veras annonce dans un portugais impeccable (le portugais des Brésiliens est plus intelligible que celui des Portugais car mieux articulé) un morceau de Toninho Horta. Le titre m’échappe tout de même. Peu importe, « music speaks for itself » disait Miles Davis. Au rythme de la guitare, cela sonne tout de suite brésilien. C’est la mignardise finale.

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Eric Le Lann&Enrico Pieranunzi Quartet vif au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Eric Le Lann Quartet

Paris Le Sunside

Dimanche 24 mai 2015. 21h.

Eric Le Lann : trompette

Enrico Pieranunzi : piano

Sylvain Romano : contrebasse

André Cecarelli : batterie

Salle archi comble. Les invités, dont votre serviteur, sont debout au bar. Ca joue. Piano+trompette. Le silence s’est installé. Même les bavards du bar ont baissé la voix. La rythmique enchaîne avec les balais. Impeccable. « The man I love ». C’est souple, chaud. L’âme de Chet Baker est présente mais c’est bien Eric Le Lann qui joue. Dédé a repris les baguettes. La rythmique swingue élégamment, menée par Enrico Pieranunzi. Avec de tels cadors, c’est l’assurance tous risques pour le leader. Série de breaks de batterie économes et efficaces. Le petit swing final est un pur délice. Une citation de « Love for sale » pour finir. La classe.

« Retrato en branco e preto » ou « Portrait in black and white » ou « Zingaro » (Antonio Carlos Jobim). Un morceau cher à Chet Baker qu’Eric Le Lann a enregistré en concert à Jazz à Vannes 1999 en duo avec Martial Solal (version recommandée par l’auteur de ces lignes). Duo piano-trompette pour démarrer tout en douceur. Batteur aux balais. Nous voici à la plage au Brésil, sous les alizés. Ca balance doucement, subtilement, avec la déchirure à l’âme que provoque le son d’Eric Le Lann. Enrico Pieranunzi est toujours un chevalier des touches. Dédé a repris les baguettes pour pulser un peu plus fort mais sans brutalité. Premier solo de contrebasse, bien dansant. Piano et batterie ponctuent à point. Petit solo final de trompette qui nous touche plein cœur.

Un morceau plus rapide, plus énergique dont le style évoque celui du dernier groupe acoustique de Miles Davis (1963-1967). Je reconnais l’air, pas le titre. Ca envoie. La porte du bar est fermée pour éviter toute nuisance sonore. Le public est concentré. Les musiciens aussi. Le piano gazouille joyeusement sous les doigts d’Enrico Pieranunzi. Petit roulement de tambpur martial qui relance la rythmique. Bel envoi final groupé.

Un autre standard dont le titre m’échappe. Le bac approche. Je révise mes classiques. Eric expose le thème puis passe la main au pianiste. Avec Enrico Pieranunzi, les rênes sont bien tenues, souples et fermes. Chet Baker jouait aussi ce thème. Je ne perds pas au change. C’était « Night bird » d’Enrico Pieranunzi annonce Eric

Solo de piano. Raffinement assuré. Eric le rejoint. Comme Chet Baker, Eric Le Lann ne joue jamais de la trompette bouchée. Domaine réservé de Miles Davis. « My funny Valentine ». C’est le thème et c’est autre chose. L’émotion est intense. Basse et batterie arrivent à pas de loup. Les balais s’imposent. Ce qu’Enrico Pieranunzi sort d’un banal ¼ de queue est impressionnant. C’est bien l’instrumentiste qui fait l’instrument tout comme le joueur fait la raquette. Quelle jolie ballade dans les deux sens du terme ! Heureusement qu’il existe encore des musiciens de cette qualité pour faire vivre ce jazz là.

« Milestones » (Miles Davis). La rythmique assure au 1/10e de tour. Le piano sonne léger, fluide. Basse et batterie ancrent la musique sans l’empêcher de voguer. Enrico Pieranunzi swingue terrible certes pas comme Red Garland mais il n’est ni noir ni américain et nous ne sommes pas à New York dans les années 50. Ils changent de direction au doigt et à l’oreille. Nous les suivons dans leurs détours pour revenir à la route principale.

« Ending with the theme » (Miles Davis) pour les 30 dernières secondes, en toute logique.

PAUSE

La plupart, quand j’entends des musiciens actuels jouer ce Jazz des années 50-60, ça sonne chiqué. Pas ce soir. Je sais d’où ça vient mais ça ne sent pas la copie.

Piano solo pour repartir. Un standard dont le titre m’échappe. « My one and only love » peut-être. Ca balance bien. Le public est resté. Je reste debout au bar avec d’autres mordus. Eric est dans la place. Tout baigne. Enrico est dans la place. Tout baigne. Sylvain est dans la place. Dédé est dans la place. Tout baigne. Dialogue contrebasse/batterie ponctué par le piano. Eric revient. Le navire vogue tranquillement. Non, c’était « Body and Soul ». Tellement bien joué que je ne l’avais pas reconnu.

André Cecarelli commence aux balais. Piano et contrebasse enchaînet. Ca swingue. C’est une composition d’Eric dont il existe une version chantée en breton sur son album «Origines ». Ici, le traitement est plus Jazz. Je bats la mesure des pieds. Il faut bien bouger quand vous restez debout par amour de la musique. C’est son morceau. Eric joue plus que d’habitude. « Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore.»(Wole Soyinka). C’est ce que je fais avec une chaise qui vient de se libérer.

« Yesterdays ». Batteur aux balais. Morceau rapide, swinguant. Ma voisine de devant dodeline joyeusement du chef.

« I fall in love too easily ». Duo piano/trompette. Le souvenir de Chet Baker est encore plus marqué. Enrico Pieranunzi fut son dernier pianiste. Ecoutez le chanter cette chansons dans les séances Capitol Jazz Records, enregistrées à Los Angeles, entre 1953 et 1956. Le batteur est passé aux baguettes. Ca sonne comme un glas. Celui des amours perdues qui ne se retrouvent plus comme l’écrit Serge Gainsbourg. Quelle envolée du piano ! Eric Le Lann nous touche juste en plein cœur.

« Un jour mon prince viendra » (« Someday my prince will come » in english). Le dernier morceau enregistré par Miles Davis avec John Coltrane, en 1961.Pulsation hypnotique de la contrebasse, comme Paul Chambers avec Miles et Coltrane. Enrico en plein vol.

Un standard. « Softly as in a morning sunrise » peut-être. Ca pulse très énergiquement. André Cecarrelli distribue les cartes de main de maître. Ca répond du tac au tac entre piano et batterie. La contrebasse arbitre. « Ending with the theme », signature des fins de concert de Miles Davis jusqu’à 1969. Eric Le Lann présente de nouveau ses musiciens : Enrico Pieranunzi, piano, Sylvain Romano, contrebasse, André Cecarelli, batterie. « Que des Bretons ! » dit Eric Le Lann, à la grande joie du public, dont votre serviteur, Breton comme son nom l’indique.

RAPPEL

Demandé et mérité car le public est resté nombreux et attentif jusqu’au bout. Intro au piano. Un standard. « What is this thing called love ? ». De nouveau un tempo rapide aux baguettes. Enrico Pieranunzi prouve qu’il est à la fois un esthète et un athlète du piano, deux qualités difficiles à réunir dans le même homme. Pas de solo de batterie mais seulement des breaks. C’est plus musical et moins onaniste.

FIN

Ne disposant pas d'enregistrement audio et video de ce quartet, je vous joins comme illustrations de cet article, deux versions de " Night bird " d'Enrico Pieranunzi par Eric Le Lann, à 25 ans de distance. Contrairement à ce qu'écrit fallacieusement RTL, ce n'est pas " I should care " qui est joué dans la vidéo ci-dessous.

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Elina Duni en chante le Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Elina Duni

Paris, Le Sunside

Vendredi 22 mai 2015. 21h.

Elina Duni: chant

Colin Vallon: piano

Concert de promotion de l'album "Dallendyshe ". En présence de Son Excellence Monsieur l'ambassadeur d'Albanie en France.

Colin commence à travailler dans les cordes du piano, avec un son de psalterion. Cela colle très bien avec le style de chant d'Elina Duni qui vient du chant traditionnel albanais. Malheureusement, il y a un micro au dessus du piano et un autre pour la chanteuse alors que ni l'un ni l'autre ne sont utiles pour cette musique acoustique dans une petite salle. Pire encore, cela métallise les sons. Malgré ces détails techniques, Elina Duni nous transmet ses émotions même pour un non albanophone comme moi.

Sans la pulsation de la contrebasse et de la batterie, les chansons sont plus austères que sur l'album " Dallendyshe ". Colin Vallon triture son piano. Nous partons en voyage au pays des aigles, l'Albanie. D'ailleurs, Elina Duni vit dans un autre pays de montagne, mais sans accès à la Mer, la Suisse. Dans cette salle étroite, avec un simple 1/4 de queue pour piano, ils élargissent notre espace vital.

Elina Duni explique ses chansons pour les non albanophones. D'abord une chanson du Kosovo puis une chanson d'Albanie.

Dans son jeu de scène, elle ne cherche pas à jouer la star qui vampe le public. Elle l'envoûte par sa voix et sa présence.

Colin reprend ses bruitages dans le corps du piano. Le chant est proche du scat mais en version balkanique. Colin se remet au clavier. Pulsation et émotion. C'est proche de la transe mais sans que cela devienne répétitif. Quelques mots en albanais pour ceux qui le comprennent. C'est une chanson du Sud de l'Albanie qui raconte l'histoire d'une jeune fille qui doit aller loin pour se marier et chante son exil à sa mère (en littérature, cela donne " Qui a ramené Doruntine ? " de l'Albanais Ismaël Kadaré).

Une chanson du Nord de l'Albanie. Une femme revient à la maison après que son mari l'ait quitté pour partir vivre à l'étranger. Les voisins lui disent qu'il reviendra mais il ne reviendra pas. Une chanson triste sur l'exil.

Une chanson sur une ville très ancienne du Nord de l'Albanie, Skoder. Cela parle d'un amoureux qui n'ose pas déclarer sa flamme à sa bien aimée. Colin Vallon joue des percussions sur son piano. C'est joyeux, rythmé. Il y a une influence du chant oriental dans celui d'Elina Duni. 400 ans d'occupation ottomane ont laissé des traces. Fin surprise.

Chanson kosovare des années 60. Une femme demande à la lune de l'aider à trouver son amant, perdu dans la nuit. Situation délicate vous l'avouerez lectrices sensuelles, lecteurs sensibles. Une ambiance nocturne s'est installée. Le pianiste joue main gauche sur le clavier, main droite dans les cordes du piano. C'est lunaire. Pas plus que l'Italie, le Kosovo et l'Albanie ne peuvent se résumer à leurs mafias. Elina Duni en est une preuve vivante. Sa façon de danser et de chanter est tout à fait orientale. A la fois sensuelle et inaccessible comme la bayadère dans l'imaginaire occidental (voyez les tableaux des Orientalistes).

PAUSE

Le pianiste commence en jouant du piano, pour changer. Une sorte de Blues assez classique.

" Les bergères " (titre traduit en français) vient du précédent album d'Elina Duni " Matane Malit "( " Au delà des montagnes " en version française). C'est une chanson féministe qui se moque des hommes et de leur ordre patriarcal.``

" Dallendyshe ", chanson titre du nouvel album. L'hirondelle en français. Chanson des Albanais de Calabre et de Sicile arrivés là pour échapper à l'invasion ottomane au XV° siècle. C'est une chanson de l'exil qui dit à l'hirondelle qu'au printemps prochain, à son retour, ils ne seront plus là pour l'accueillir. Cette communauté existe toujours avec son albanais aussi différent de celui d'Albanie que le français du Québec de celui de France, son culte orthodoxe et sa musique. Mélodie triste et lente ce qui est logique vu le sujet. Ces Albanais venaient d'une région de Grèce appelée Morée au Moyen Age, aujourd'hui le Péloponnèse. Je reconnais d'ailleurs les mots " Morée " et " Italie " dans le chant d'Elina Duni. Je progresse en albanais.

Elle entame seule une chanson joyeuse, légère. Le piano la rejoint dans une belle mélodie sinueuse. En fait, c'est la chanson triste d'un homme qui quitte sa femme pour partir en exil.

" La brise du printemps " qui rend les jeunes hommes fous quand ils attendent les jeunes filles sous les mimosas en fleurs. Une chanson des années 1960 mal vue dans l'Albanie communiste d'alors car trop Jazz et trop sensuelle. La brise se fait tempétueuse. Le feu de la passion embrase les coeurs juvéniles.

Pour finir, deux chansons de Tirana qui traitent de la beauté et des femmes. " J'ai eu trois consolations en ce monde : la prière, les parfums et les femmes " (Je vous laisse trouver l'auteur de cette citation, lectrices subtiles, lecteurs érudits).

Très belle chanson qui m'emporte très loin immédiatement. Le piano joue classiquement. Ce n'est pas une capitale qui me vient à l'esprit mais les vers d'Arthur Rimbaud: " Elle est retrouvée. Quoi? L'Eternité. C'est la mer allée avec le soleil ". Le piano tempête alors que la voix décolle. Fin surprise.

Une chanson joyeuse comme une jeune fille en fleur pour finir. Même M. l'ambassadeur sort de sa réserve diplomatique pour hocher la tête en mesure. Bel envoi final.

RAPPEL

Le public l'a demandé et mérité.

" C'est une chanson joyeuse-triste. Très albanais " dit Elina Duni. C'est très russe aussi. Pensez à " La joie souffrance " de Zoé Oldbenbourg ou au son de Stan Getz. C'est la chanson d'un amour qui n'est pas malheureux mais qui sonne triste. Effectivement, ça sonne triste. Colin Vallon joue des percussions dans les cordes du piano. Je pense qu'il y a un bidule électronique caché dans le piano pour produire ce son continu en arrière plan. Le pianiste se remet au piano alors que la voix s'envole. Ca sent bon la Mer Méditerranée sous la brise d'été.

La photographie d'Elina Duni est l'oeuvre du Resplendissant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Elina Duni par Juan Carlos HERNANDEZ

Elina Duni par Juan Carlos HERNANDEZ

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RECLAME: Fête de la Cité internationale universitaire de Paris du 29 au 31 mai 2015

Publié le par Guillaume Lagrée

RECLAME

A l’occasion de son 90ème anniversaire, la Cité
internationale universitaire de Paris défend une nouvelle
fois le dialogue interculturel, l’ouverture d’esprit et
la solidarité avec une nouvelle édition de la Fête de
la Cité. Cet événement culturel célèbre les
valeurs humanistes qui sont à l’origine de la création
de la Cité internationale, campus aux 12 000 résidents et
140 nationalités. La Fête de la Cité donne
également l’occasion aux Franciliens de découvrir un
lieu unique en plein cœur de Paris, construit dans un parc
de 34 hectares.

Faites le Tour du Monde sans quitter le 14ème arrondissement de Paris.

Manifestation unique à Paris, la Fête de la
Cité, organisée par les résidents des 40
maisons de la Cité internationale, propose pendant trois
jours, les 29, 30 et 31 mai 2015, une programmation rythmée
de concerts, de danses, d’expositions, de projections de
films, de dégustations de plats typiques et d’une
multitude d’activités destinées à toute la famille.

Sous des allures de festival, la Fête de la Cité
offre aux Franciliens une occasion exceptionnelle de faire
un Tour du Monde sur son parc où le Maroc, l’Inde, la
Tunisie, le Liban, la Suisse, la Norvège et des dizaines
d’autres pays seront à l’honneur.

Trois jours d’activités multiculturelles

Barbecue aux saveurs marocaines, soirée rumba, cha-cha,
samba, salsa… Concert de musique traditionnelle grecque,
chants libanais, dégustation de spécialités suédoises,
bal rock, sessions de musique classique, danse orientale,
pièces de théâtre, conférences, danse contemporaine,
concert de gospel, ateliers de henné… L'ADCR,
l’Assemblée des Délégués des Comités de Résidents,
organise également une scène ouverte les samedi 30 et
dimanche 31 mai avec des spectacles de danse, concerts, DJ
sets, food trucks thaï, glacier bio, un lâcher de holi, et
bien d’autres surprises.

Une programmation ludique qui s’adresse à tous !

Informations pratiques

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Du vendredi 29 au dimanche 31 mai 2015

Cité internationale universitaire de Paris

17 boulevard Jourdan

75014 Paris

France

RER B, Tramway 3a : Cité universitaire

Métro ligne 4 : Porte d’Orléans

Pour toute information relative à la Cité internationale universitaire de Paris,merci de consulter le

site officiel.


La Cité internationale
universitaire de Paris, fondation privée reconnue
d’utilité publique, est entièrement dédiée à
l’accueil d’étudiants, de chercheurs, de sportifs de
haut niveau et d’artistes en mobilité. Elle accueille
chaque année quelque 12 000 résidents, issus de 140
nationalités, dans les 40 maisons créées à
l’initiative d’un pays, d’une école ou d’un
philanthrope. La Chancellerie des universités de Paris y
assure la représentation des universités parisiennes
propriétaires par donation des maisons. Au sein de chaque
maison, le « brassage » des nationalités et des
disciplines favorise l’échange et la rencontre. La Cité
internationale s’inscrit dans la politique de rayonnement
international des universités de Paris et contribue à ce
titre au développement de la mobilité universitaire et
scientifique.

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Sélection de concerts de Jazz à Genève et Paris pour juin 2015

Publié le par Guillaume Lagrée

Superbes lectrices, magnifiques lecteurs, c'est avec l'ignominieuse partialité qui me caractérise que je vous livra la sélection suivante de concerts de Jazz pour le mois de juin 2015 à Genève et Paris.

A Genève, en Suisse, rendez-vous au Parc des Cropettes pour le festival Jazz aux Cropettes du mercredi 24 au dimanche 28 juin 2015. Tous les concerts sont gratuits. SI vous voyez un petit brun à lunettes prendre des photos partout, a priori il s'agit de Juan Carlos HERNANDEZ, le photographe exclusif de ce blog.

A Paris, en France, voici ma sélection.

New Morning

Dimanche 7 juin à 19h: Jazz pour le Népal. Bonne musique pour une bonne action.

Duc des Lombards

Lundi 8 et mardi 9 juin à 19h30 et 21h30: CAB, le nouveau trio de Mario Canonge. CAB comme Cab Calloway, comme Caraïbes Afrique Brésil et comme Canonge (piano) , Adriano (percussions) et Bassy (chant, guitare).

Lundi 22 juin à 19h30 et 21h30: Adrien Chicot Trio. Un pianiste connu des fidèles lecteurs de ce blog.

Lundi 29 et mardi 30 juin à 19h30 et 21h30: David Krakauer's Ancestral's Groove. Le Klezmer du XXI° siècle, c'est David Krakauer.

Le Triton (Les Lilas, métro Mairie des Lilas)

Samedi 6 juin 20h30: Médéric Collignon Jus de Bocse et ses organismes jazzistiquement modifiés. Sérieux s'abstenir.

Sunset-Sunside

Sunside, jeudi 4 juin, 21h: Hugo Lippi Quartet avec Alain Jean-Marie (piano). Le bac approche. Révisons nos classiques.

Sunset, jeudi 11 juin, 21h: Alain Jean-Marie Biguine Reflections. Alain Jean-Marie est une des gloires de la France. Cela ne sera jamais assez répété. Il n'a pas inventé la biguine. Il l'a juste réinventée. C'est tout et c'est déjà beaucoup. Comme dit le patron du Sunset-Sunside, " quand vous confiez un piano à Alain Jean-Marie, il vous le rend mieux accordé qu'il ne l'a trouvé ". Rien à ajouter.

Sunset, samedi 13 juin, 21h30: Trio Soleil avec Franck Nicolas (trompette, bugle, coquillage, melodica, Rhodes, compositions), Nelson Veras (guitare acoustique) et Sonny Troupé (batterie, Gwo Ka, casseroles). Le Jazz Ka mélange le Jazz et les rythmes guadeloupéens du Ka. C'est la spécialité de Franck Nicolas.

Café de la Danse

Vendredi 12 juin à 20h, Véronique Hermann-Sambin" Basalte ". Auteur, compositeur, interprète, aussi belle à voir qu'à écouter, cette femme doit être suivie de près.

Vendredi 19 juin à 20h, Antoine Bataille, auteur compositeur interprète qui casse les codes de la chanson française.

N'oubliez pas, si vous en avez le droit, de participer à la Journée mondiale du don du sang le dimanche 14 juin 2015.

Enfin, vous pouvez participer le dimanche 21 juin 2015 à la Fête de la Musique.

La photographie de Médéric Collignon est l'oeuvre de l'Inextinguible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Médéric Collignon par Juan Carlos HERNANDEZ

Médéric Collignon par Juan Carlos HERNANDEZ

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RIP BB King (1926-2015)

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices funky, lecteurs bluesy, comme moi, vous êtes en deuil suite au décès de BB King le jeudi 14 mai 2015 à Las Vegas, Nevada, USA.

BB King était né en 1926 comme Chuck Berry, toujours en vie. Le roi du Blues et celui du Rock'n Roll. AC/DC et ZZ Top ont choisi leurs noms en hommage à BB King. Lui même avait choisi son nom de scène parce qu'il avait fait une chanson publicitaire pour les King biscuits.

Pour un avis d'expert, je vous renvoie à l'écrivain français Gérard Herzaft, auteur de " La Grande encyclopédie du Blues " qui, traduite en anglais, est l'ouvrage le plus vendu aux USA sur le sujet. Il ne manquera pas d'écrire bientôt un article complet sur BB King.

BB King appelait sa guitare Lucile parce qu'un jour qu'il jouait dans un juke joint, éclairé par des lampes à pétrole, deux types ont y mis le feu en se battant pour une Lucile. BB King risqua sa vie dans les flammes pour sauver sa guitare comme Django Reinhardt le fit dans l'incendie de sa roulotte (Django y perdit l'usage de 3 doigts sur 5 à la main gauche).

Un beau jour de l'an de grâce 1968, BB King allait jouer à San Francisco, au Fillmore West, du Blues avec un groupe composé exclusivement de Noirs. Le groupe voyageait en bus. A l'arrivée, le chauffeur du bus, noir lui aussi, vit un groupe de Blancs qui attendait devant la salle. Que des Blancs, pas un Noir. Le chauffeur fit demi tour, croyant s'être trompé d'adresse. Après l'avoir relue, il revint au même endroit. Toujours ces jeunes Blancs qui attendaient pour un concert de Blues donné par BB King. Pas d'erreur possible. C'était la salle, c'était le public. BB King dit alors à ses musiciens: " Ca y est, les gars. Nous y sommes arrivés ". Ils avaient franchi la barrière raciale, avec une musique noire, le Blues.

J'ai vu BB King en concert à Rennes il y a 20 ans environ. Je me souviens d'un show calibré au millimètre et à la seconde près. Je me souviens de BB King nous disant que nous étions le meilleur public de sa tournée. Sur le coup, j'y ai cru. Après réflexion, je me suis dit qu'il disait cela chaque soir mais que c'était dit avec tellement d'empathie et de professionnalisme que j'y avais cru. Je me souviens surtout de passages où BB King jouait seul, assis, de sa guitare. Là, il était le Blues incarné. Imparable. Comme Chuck Berry, il avait trouvé un style, le sien, et n'en avait jamais varié. Aux autres d'évoluer. Changerait-on la forme des pyramides d'Egypte? On ne changeait pas BB King.

En souvenir de BB King, lectrices funky, lectrices bluesy, je vous offre la chanson que lui composa Stevie Wonder " To know You is to love You " (1974) et un extrait du concert qu'il donna en Afrique, à Kinshasa, en 1974 pour le match du siècle entre Mohamed Ali et Georges Foreman: " Everybody want to know why I sing the Blues ". Rien à ajouter.

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La nouvelle génération du jazz azerbaïdjanais en concert à l'UNESCO

Publié le par Guillaume Lagrée

Nouvelle génération du Jazz azerbaïdjanais.

UNESCO

Paris. Mercredi 13 mai 2015. 19h.

Shahin Novrasli: piano, compositions, arrangements

Arslan Novrasli: tar (instrument à cordes d'Azerbaïdjan)

Nourlan Novrasli: kamantcha (instrument à cordes d'Azerbaïdjan)

Nathan Peck: contrebasse

Ari Hoenig: batterie

Les spectateurs de ce concert disposaient d'un programme comme dans les concerts classiques.

Le voici:

- Nocturne pour Natavan (Shahin Novrasli)

- Kor Arabin Mahnisi (La chanson d'un Arabe aveugle). Musique de Fikrat Amirov arrangée par Chain Novrasli.

- Les Mille et Une Nuits (Shahin Novrasli)

- Prélude en mi mineur. Musique de Frédéric Chopin arrangée par Shahin Novrasli

- Mémoires. Musique de Vagif Moustafazadeh arrangée par Shahin Novrasli

- Baghda Girdim Uzuma (Je suis entré dans le jardin pour chercher des raisins). Chanson floklorique azerbaïdjanaise arrangée par Shahin Novrasli.

- Alinda Sazin Gourbani (La chanson sur un ashig). Chanson floklorique azerbaïdjanaise arrangée par Shahin Novrasli.

- Fir & Giz (Shahin Novrasli).

Le trio de Shahin Novrasli pour commencer. Un schéma classique piano/contrebasse/batterie, 1/3 Azerbaïdjanais et 2/3 Américain. Une petite mélodie indépendante revient régulièrement. La flamme du Jazz circule bien. Ca swingue même énergiquement. Le pianiste danse avec son piano comme Keith Jarrett mais il est bien plus intéressant. Sa formation classique s'entend tant dans son jeu que dans la façon de construire sa musique. Solo de contrebasse, breaks de batterie. Tout cela ressemble à du Jazz habituel, de qualité certes.

Arrivent alors les deux instrumentistes à cordes azerbaïdjanais. Sont-ils frères ou cousins du pianiste? Tout de suite, ça sonne oriental. Ari Hoenig adapte son jeu pour faire sonner ses tambours. La musique nous emmène en voyage, loin vers l'Est. Le son du piano a changé lui aussi. Seule la contrebasse maintient sa pulsation habituelle. C'est le point de contact au sol de la toupie qu'est devenue la musique. Ari Hoenig joue " Les tambours de la pluie " (Ismaël Kadaré).

Intro au piano. Tempo rapide repris la basse et la batterie. C'est la cavalcade des chevaux dans la steppe. Retour au Jazz en trio. Dialogue entre contrebasse et batterie ponctué par le piano. De la dentelle. Nous avons quitté Bakou pour New York sans avoir bougé de Paris. Break de batterie d'Ari Hoenig et la cavalcade dans la steppe reprend.

Je reconnais Chopin. Un prélude romantique devient une ballade de Jazz. Contrebasse et batterie rejoignent le piano. Tout en respectant la mélodie, Shani Novrasli y insère des petites cellules rythmiques, propres au Jazz, avec un goût très sûr. La grâce, l'émotion, la légèreté de Chopin sont là avec un supplément de swing.

Retour du tar et du kamantcha. Ils entament un air plaintif. Le pianiste ponctue délicatement avec des notes perlées. Musique élégiaque, un peu trop à mon goût. Le tar et le kamantcha ajoutent de l'épique à la musique. Le quintette repart chevaucher dans la steppe.

Introduction par le tar et le kamantcha. Ca grince fermement. La rythmique pulse comme un orage derrière. Retour à une ballade très calme avec un son proche de la balalaïka. Lorsque le trio joue, c'est une pure ballade de Jazz avec le solo de contrebasse, le batteur qui malaxe ses tambours aux balais. Retour vers l'Orient avec les instruments traditionnels azerbaïdjanais. Cette musique est un balancement Est-Ouest permanent, sachant que depuis l'Azerbaïdjan, pour aller en Amérique, il faut aller vers l'Est et l'Océan Pacifique. C'est une vraie suite. Dialogue piano/batterie, entre légèreté et gravité. Puis le pianiste joue ostinato main gauche avec des modes orientaux de la main droite. La pulsation de la basse et de la batterie s'y ajoutant, c'est envoûtant. Accélération progressive à 5 puis cela redescend sans arrêt préalable à une apogée. Fin en ballade Jazz.

Morceau rapide qui sonne vraiment oriental. Cela sonne comme une musique de mariage tant c'est festif, joyeux. Envol final.

Ovation de la salle debout.

RAPPEL pour lequel je ne suis pas resté, je l'avoue.

Le Jazz azerbaïdjanais est né dans les années 1920 autour des installations pétrolières de Bakou. Il se distingue depuis lors par son usage de ses instruments traditionnels, son mélange réussi entre sa musique populaire traditionnelle et les sons et les rythmes américains qui eux mêmes viennent d'Afrique et d'Europe. Bref, c'est une musique métisse, toujours d'actualité, comme le prouve Shahin Novrasli. Il n'est pas seul. Le père du jazz-mougham azerbaïdjanais est Vagif Mustafa Zadeh (1940-1979) dont la fille Aziza (1969) est pianiste de Jazz.

Puisque l'UNESCO promeut chaque 30 avril une Journée internationale du Jazz pour promouvoir la paix, la démocratie et la liberté d'expression, lisons le rapport du 21 avril 2015 de la Fédération internationale des droits de l'homme sur l'Azerbaïdjan. Rien à ajouter.

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Journée mondiale du don du sang le dimanche 14 juin 2015

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices munificentes, lecteurs généreux, sachez que l'Organisation Mondiale de la Santé organise chaque 14 juin une journée mondiale du don du sang.

Pour la France, les chiffres sont les suivants:

- 10 000 dons par jour

- 114 malades soignés par heure

- Environ 1 000 000 de malades soignés par an.

Pour en savoir plus, voyez le site de l'Etablissement français du sang.

La prochaine journée mondiale du don du sang aura lieu le dimanche 14 juin 2015.

Il est essentiel pour la santé publique que le sang ne fasse pas l'objet d'un commerce mais soit donné pour que des hommes sauvent d'autres hommes gratuitement.

Pour ma part, j'ai donné mon sang jusqu'à bénéficier moi même d'une transfusion lors d'une opération. Depuis lors, je n'ai plus le droit de donner mon sang. Merci de donner le votre,lectrices munificentes, lecteurs généreux.

Quel rapport entre le don du sang et le Jazz?

" Blood Count " de Billy Strayhorn, l'alter ego de Duke Ellington. Se mourant d'un cancer de l'oesophage à l'Upper Manhattan Medical Group (d'où sa composition " UMMG"), il écrivit sa dernière composition " Blood Count " au rythme du goutte à goutte de sa perfusion sanguine. Il mourut sans l'entendre. Duke Ellington enregistra aussitôt avec son orchestre l'album " And his mother called him Bill " où figure " Blood Count ". C'était en 1967 et Duke Ellington n'enregistra plus jamais cette composition devenue un standard du Jazz.

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Count Basie au Savoy par Alain Bosquet

Publié le par Guillaume Lagrée

Anatole Bisk dit Alain Bosquet (1919-1998).

Son roman autobiographique " Les fêtes cruelles " (1984) raconte sa vie de 1940 à 1951.

Né à Odessa, avec des ascendances juives, cet étudiant belge en philologie romane à la Sorbonne se retrouve enrôlé dans l'armée belge en France. La Belgique se rend sans qu'il ait combattu. Il s'engage alors dans l'armée française qui se rend de même. Il entre alors en relation avec les premiers réseaux gaullistes de résistance à Montpellier et envoie des Belges à Londres combattre pour la France libre. En 1942, avec ses parents, il part pour Oran puis pour New York.

A New York, il découvre le Jazz pour de vrai, comme disent les enfants.

Je cède la parole à Alain Bosquet:

" Ma logeuse a beau m'avertir des dangers que je courrai seul au milieu des Noirs, je ne saurais l'écouter. La ligne IRT du métro me dépose à la 125e Rue; je vais à pied au Savoy que je sais être le temple du jazz le plus trépidant du monde. Des grands corps souples et agiles s'étonnent de ma présence insolite, mais me laissent poursuivre ma promenade; sans doute suis je trop jeune pour quelque mauvais coup qui ne rapporterait que quelques dollars, une montre, des chaussures. Les filles sur le seuil de leur maison ont des attitudes plus aguichantes: au premier étage, je pourrais goûter à leur peau, moyennant ce que contiennent mes poches, à moins qu'un frère aîné ne subtilise mes vêtements, caleçon compris, juste avant l'acte sexuel. Suis-je raciste, à cause de l'hostilité des regards, qui traduisent à l'endroit du garçon blanc un mépris sans vergogne?

Count Basie règne en maître dans la salle.On daigne me vendre un billet d'entrée, et je me tiens coi derrière une colonne, par respect pour un spectacle en tout point religieux; je me sens rassuré en découvrant ci et là, à l'orchestre, cinq ou six hommes au visage blême comme moi. Un Noir très élégant, d'une cinquantaine d'années, s'approche: " Te sens gêné? Personne pour t'accompagner? Pour un dollar, je te protège, frère. Six pieds de haut, personne n'osera te toucher, et mes muscles sont en acier. "

J'accepte le marché. Deux clarinettes font les échassiers qui se hissent sur un baobab puis, comme emportées par leurs propres stridences, soudain retombent à la manière d'un météore dans un étang. A peine se désintègrent-elles qu'un xylophone se met à sursauter, comme un beffroi aux clochettes aiguës et virevoltantes, tandis que le piano recueille, sur chaque touche, des doigts élastiques, des pouces recroquevillés, une paume prompte à la caresse, des gouttes de sueur tombées d'un front en plein affolement. Balayé d'un auriculaire, le clavier frissonne et se fait miaulant, ce que ne saurait admettre le violon, dont le métier est précisément d'imiter les chats les plus irascibles. Les trombones geignards parlent de droits et de devoirs; il ne faut pas se dévêtir de son squelette à chaque syncope, mais proclamer l'orgueil du peuple noir à pleurer son destin, non point pour l'améliorer: pour soulager une âme trop lourde, trop belle, trop invisible. Les tambours annoncent, c'est fatal, l'heure de la naissance qui coïncide avec celle de la mort et de la résurrection; la musique de jazz est affaire d'exécution fatale ou d'accouchement. Le saxophone se love en lui même, exhibe une gueule de python ou de boa constrictor, se glisse sous l'épiderme d'un autre instrument, en ressort, perd une écaille, siffle et regrette, en une longue lamentation, de ne pouvoir injecter son poison à ses ennemis, le basson et le hautbois.

(...)

Après cette cérémonie, j'aspire à un jazz plus intime et, en quelque sorte, moins physique: je préfère, dans mon ignorance, les variations d'un Duke Ellington aux déchirements impudiques d'un Louis Armstrong ou d'un Cab Calloway. Ce soir, Pee Wee Russell, accompagné de quelques musiciens obscurs, organise un jam session, chez Jimmy Ryan's, à la 52e rue. Bien avant l'improvisation collective, tous les tabourets du bar, face aux bouteilles de scotch, de rhum et de gin, sont occupés. Je me faufile entre deux spectateurs qui debout, ont posé devant eux leur menue monnaie, afin de prouver au barman qu'ils ont de quoi régler leur boisson. Une flûte se promène dans la semi-obscurité comme pour se donner une fraîcheur champêtre, en évoquant des sous-bois, des sylphes, des nains gambadeurs. L'élégie se prolonge par l'intervention du saxhorn alto: gare aux chasseurs qui approchent et aux policiers qui traquent dans les blés les fuyards d'un bagne impitoyable! Le principe de l'improvisation comporte celui de la cacophonie délibérée; aussi, après les sons idylliques, convient-il d'en émettre qui soient plus taquins, plus âpres, plus irritants. Une mailloche effleure une caisse claire et lui soutire une sorte de plainte canine, tandis qu'une timbale répond à un banjo, le flageolet, mutin et pervers, se moquant de leurs accords imprévus. La guitare électrique, en son luxe vert et mauve, balaie ce peuple d'instruments qu'elle juge vétustes et, pareille à un orgue, soumet les notes à un naufrage bruyant. Mon voisin avale le reste de son verre, inspecte le mien et, ses yeux d'Irlandais ou de Suédois sur une bouteille de whisky vieille de 16 ans, proclame:

- Ces nègres! C'est de notre faute: nous les avons importés d'Afrique. Nous voilà tous réunis pour le meilleur et pour le pire. Tu reprends le même?

-Merci, monsieur.

- Le nom, c'est Jack.

- Merci, Jack.

- On ne dit pas merci, on boit! Tu viens d'où?

- La Belgique?

- Quelle partie de la France ce coin là? L'Europe, ici, on confond.

- Au sud des Pays-Bas, monsieur.

- Jamais entendu parler. Tu t'appelles?

- Anatole.

- Anatole, content de te connaître. Tu veux autre chose?

- Merci, ça va.

- J'en suis au quatrième, alors!

Des applaudissements éclatent: Fats Waller, ventre en avant, doigts boudinés, cou immense, mâchoires herculéennes, s'empare du piano comme d'un sac de pommes de terre, le soulève, le cale contre une jambe et se met à marteler une pédale de l'autre. Comme au Savoy, l'assistance, à peine plus retenue, se met à tanguer, qui sur une chaise, qui entre deux lampes tamisées; hommes et femmes se dévisagent, l'alcool de la musique leur permettant, comme le porto et le gin, d'échanger des soupirs rauques ou des serments torrides, sans que personne ne songe à la discutable sincérité des propos. Des mains disparaissent sous les nappes et d'autres, crispées, se tendent vers des corsages gonflés à se rompre. Jack murmure:

- Le jazz, c'est un préservatif: fait pour l'amour et empêchant le vrai. Marié?

- Non, non. "

Pour écrire dans un journal gaulliste à New York, Anatole Bisk devint Alain Bosquet. Il fut ensuite officier de renseignement de l'armée américaine, détermina les objectifs des bombardements en Normandie pour le D Day, suivit l'avancée de l'US Army jusqu'en Allemagne, fut un des premiers témoins du camp de Buchenwald, devint interprète officiel en français, anglais, allemand, russe de l'armée américaine,trafiqua joyeusement dans l'Allemagne occupée, forniqua tout aussi joyeusement avec les Allemandes et laissa tout tomber en 1951 pour revenir à Paris comme écrivain et critique littéraire. Bref, de 21 à 32 ans, il vécut plusieurs vies, échappant à la mort par insouciance.

That's all, folks!

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