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Je me souviens de ¨Michel Legrand (1932-2019)

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices mélodiques, lecteurs harmoniques, Michel Legrand (1932-2019) ne composera plus, n'arrangera plus, ne jouera plus, ne chantera plus. Heureusement, nous avons des heures et des heures de musique de lui pour nous agacer et nous émerveiller. 

 Jean Cocteau l'appelait " Big Mike ". Michel Petrucciani, " The Duke of Rochefort ".

Pour nous agacer, il avait le don de porter des chemises à col pelle à tarte (c'était la mode dans les années 70 mais ce n'est pas une excuse valable), de chanter de la guimauve en minaudant (" La jalousie ", 1976), de jouer du piano en faisant des trilles ad libitum, de poser au plus grand compositeur de l'histoire de la musique occidentale alors qu'il n'écrivait que des chansonnettes.

Pour nous émerveiller, c'était un compositeur et arrangeur béni des Dieux et des Muses.

Il avait tellement bien réussi aux Etats Unis d'Amérique qu'une Américaine de ma connaissance, une demoiselle Erin, était persuadée qu'il était Américain et se nommait Michael Legrand. Je n'ai jamais réussi à la convaincre qu'il se nommait Michel Legrand, citoyen français, natif de Bécon les Bruyères (92). Sa mort à Paris l'a peut-être fait changer d'avis. Avec trois Oscar de musique de film sur trois décennies, " L'affaire Thomas Crown " (1969), " Un été 42 " (1972) et " Yentl " (1983) et cinq Grammy Awards de 1971 à 1975, elle avait de quoi s'enduire dans l'erreur.

Je n'ai vu qu'un seul concert de Michel Legrand. C'était le samedi 19 avril 2008 à Paris, au Duc des Lombards. Il était invité par son trompettiste Fabien Mary à jouer sa musique. Il avait accepté de ne pas être en haut de l'affiche mais il a tout de suite pris le concert en mains. Court et cher (25€ pour 1h de concert) mais inoubliable.

Pour ceux qui aiment le piano sans fioriture, Michel Legrand a enregistré pour Erato les œuvres pour piano seul d'Erik Satie. Mon interprétation préférée des œuvres du Maître d'Arcueil.

Michel Legrand a écrit des chansons splendides pour Claude Nougaro qu'il a contribué à lancer. Dont " Le cinéma " qui allait si bien à ce grand compositeur de musique de films.

" Cléo de 5 à 7 " d'Agnès Varda, film culte de la Nouvelle Vague, le seul film français que Madonna connaisse par cœur, prise par prise. Michel Legrand en a composé la musique et y joue son propre rôle. " La menteuse ", quel bijou de malice!

" Bande à part " de Jean-Luc Godard. La scène du juke box où Sami Frey, Ana Karina et Claude Brasseur dansent dans un bar. En hommage, Quentin Tarantino a appelé sa société de production " A band apart ". La musique est de qui? De Michel Legrand, pardi!

Michel Legrand a dirigé Miles Davis deux fois. " Legrand Jazz " en 1959 avec dans l'orchestre, excusez du peu, John Coltrane, Bill Evans et Elvin Jones. " Dingo", BO de film en 1991. Quel autre Français peut en dire autant? Aucun. 

En 1972, Stan Getz est venu à Paris voir Michel Legrand et lui demander de lui écrire un album entier. Michel Legrand a traité Stan Getz comme Mozart aurait traité un grand violoniste et lui a composé " Communications 72 ". Cf vidéo sous cet article (Georges Arvanitas au piano).

Michel Legrand a aussi dirigé Sarah Vaughan et Frank Sinatra. Quand il descendait de l'avion à Los Angeles, une limousine avec chauffeur l'attendait. Celle de son ami Quincy Jones. Forcément, ça crée des jalousies, surtout en France, dans le monde des musiciens. Un type qui réussit presque tout ce qu'il touche, qui écrit des arrangements pour grand orchestre qui sonnent du feu de Zeus en 1/4 d'heure, sur le coin d'un piano, le temps de fumer une cigarette, ça énerve. 

Michel Legrand restera surtout pour le monde du Jazz le compositeur de standards immarcescibles.

Par exemple, " La chanson de Maxence " tirée des " Demoiselles de Rochefort " (Dieux, quel film agaçant!) est devenue " You must Believe in spring ". Cf la version de Bill Evans (piano) en duo avec Tony Bennett (chant) en extrait audio au dessus de cet article.

Enfin, Michel Legrand portait fièrement son nom. Il ne se privait d'aucun plaisir, voyait tout en grand, en musique comme en amour. Il rencontra Macha Méril en 1964. Le coup de foudre fut immédiat. Il était marié, père de deux enfants. Elle allait épouser un autre homme. Ils décidèrent que ce n'était pas le bon moment. Ils se marièrent en 2014, amoureux comme au premier jour, unis corps et âme comme dans la chanson de Michel Legrand, " What are You doing the rest of Your life? ", elle aussi jouée par Bill Evans. Michel est mort dans les bras de Macha.

" L'amour est la seule révolution qui tient ses promesses " (Jean Paul II).

Ecoutez Michel Legrand sur France Musique et TSFJazz. Regardez le sur ARTE. Agacez vous, émerveillez vous, inspirez vous de sa musique, lectrices harmoniques, lecteurs mélodiques.

Adieu Monsieur Legrand et merci pour tout.

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Bex Catherine Romano " La belle vie "

Publié le par Guillaume Lagrée

Emmanuel Bex par Juan Carlos Hernandez

Emmanuel Bex par Juan Carlos Hernandez

" La Belle Vie "

Bex, Catherine, Romano

Sunset Records 

L'Autre Distribution

Sortie vendredi 1er février 2019

Concerts de sortie à Paris, au Sunside, dimanche 21 avril 2019 à 18h et 20h30,

au New Morning, mardi 25 juin 2019 à 21h

Emmanuel Bex: orgue Hammond, voix, compositions (2,3,4)

Philip Catherine: guitare électrique, compositions (6,7,8)

Aldo Romano: batterie, compositions (1, 5, 9)

Lectrices adorées, lecteurs adorables, vous avez noté que le trio Bex, Catherine & Romano a été loué sur ce blog en 2009, 2015 et 2016. A chaque fois, il s'agissait d'un concert donné fin décembre à Paris, au Sunset

Au contraire du trio Bex, Ferris & Goubert, il n'existait pas d'album de ce trio. Cette lacune est enfin réparée avec la sortie de cet album " La belle vie ". Enregistré en concert au Sunset même si cela ne s'entend qu'au morceau final avec les applaudissements pendant la présentation des musiciens. 

" La belle vie " ce n'est pas le standard de Sacha Distel repris par Tony Bennett sous le titre " The Good Life ".

Non, c'est de " La belle vie de Maurice " (2) dont il s'agit. Maurice Cullaz(1912-2000), le Savoyard cofondateur de Jazz Hot en 1935, surnommé " Smoothie " par Louis Armstrong. Maurice, le père du contrebassiste Alby Cullaz (1941-1998). Un morceau tout en douceur, légèrement détraqué par la voix d'Emmanuel Bex passée par le filtre du Vocoder. 

La douceur, la chaleur et l'échange, c'est ce qui caractérise cette musique tout du long. De l'ouverture composée pour una Donna per bene par Aldo Romano, " Elsa M. " (1. Je suppose qu'il s'agit d'Elsa Morante) au final " Tompkins Square " (9) dédié par Aldo Romano à un parc de Manhattan, à New York, près duquel vivait Charlie Parker. Un morceau qui vous donne envie d'aller jouer dans le parc. Que ce soit au ballon, du Jazz ou au jeu de l'amour et du hasard. 

Chaleur, douceur, échange, cela ne signifie pas que la musique ronronne. Elle peut être mystérieuse comme ce " Dans la forêt " (4) d'Emmanuel Bex (cf. la vidéo sous l'article enregistrée en concert à Paris, au Sunset le vendredi 28 décembre 2018) ou vous saisir d'émotion comme avec la " Letter for my mother " (6) de Philip Catherine. " Dans la forêt ", vous marchez en douce sur la mousse. " Letter for my mother " et vous entendez que Philip Catherine, classe 1942, est toujours orphelin de sa mère. 

Chacun des instruments de ce trio peut être bruyant. Orgue Hammond, guitare électrique et batterie poussés à fond peuvent vous exploser les tympans. Ici, jamais. La puissance est toujours maîtrisée, au service de la musique et du message qu'elle porte. 

Sur 9 compositions, chacun des membres du trio en compte 3. 3+3+3=9. Parfaite égalité. C'est dire la qualité d'échange que dégage ce trio.

La formation orgue Hammond, guitare, batterie est un classique dans le Jazz depuis les années 1950. Au final, ce sont les Européens qui la renouvellent.

Le trio Eddy Louiss, René Thomas, Bernard Lubat emballa Stan Getz en 1971.

Le trio Emmanuel Bex, Philip Catherine, Aldo Romano nous émerveille en 2019. Espérons que des saxophonistes ténors du calibre de Francesco Bearzatti ou Rick Margitza les rejoignent un soir sur scène. 

Par exemple, pour les concerts de sortie de l'album à Paris, au Sunside, dimanche 21 avril 2019 à 18h et 20h30;  au New Morning, le mardi 25 juin 2019 à 21h.

Lectrices adorées, lecteurs adorables, avec le trio Bex, Catherine & Romano, faites vous " La belle vie ". 

Les photographies d'Emmanuel Bex et Aldo Romano sont l'œuvre de l'Imperturbable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de ces œuvres sans l'autorisation de leur auteur constituent une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Alod Romano par Juan Carlos HERNANDEZ

Alod Romano par Juan Carlos HERNANDEZ

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Nicolas Gardel & Rémi Panossian " The Mirror "

Publié le par Guillaume Lagrée

" The Mirror "

Nicolas Gardel & Rémi Panossian

Distribué par L'Autre Distribution

Sortie vendredi 1er février 2019

Nicolas Gardel: trompette, compositions

Rémi Panossian: piano, compositions

Concerts en France:

- vendredi 8 février à Saint Jean Cap Ferrat (06) au Saint Jean Jazz Club.

- samedi 9 février à Montpellier (34), Le Jam

- samedi 9 mars à Simorre (32), Le Bouche à oreille

- mercredi 13 mars à Marseille (13), C2 Hôtel

- mercredi 20 mars à Paris (75), Le Duc des Lombards

- jeudi 21 mars à Muret (31), Auditorium

- jeudi 9 mai à Toulouse (31), Le Taquin

- samedi 27 juillet à Gaillac (81), festival Les celliers du Jazz.

Bienvenue au 46e abonné de ce blog.

Que les Dieux et les Muses le protègent! 

Lectrices à la mode, lecteurs à la page, il n'a pu vous échapper que cet hiver, en France, le groupe de jazz se porte au plus serré. Le duo piano-trompette est de rigueur pour briller en société.

Après " Gonam City " de Marc Benham & Quentin Ghomari, et " Thanks a Million " de Paul Lay & Eric Le Lann, voici que paraît " The Mirror " de Rémi Panossian & Nicolas Gardel. 

Comment, avec les mêmes instruments, nos deux compères se distinguent-ils de leurs honorables confrères pianistes et trompettistes?

Par le répertoire d'abord. Les compositions de Nicolas Gardel et Rémi Panossian sont faites par eux et pour eux. Heureusement, nous en profitons. D'entrée, nous plongeons avec " Dive with me " (1. Cf extrait audio au dessus de cet article). Habilement, l'album qui commence par un plongeon, finit par un saut pour le décollage final. " Bump " (8). Cette énergie se trouve aussi dans " Amaterasu " (5). Outre leurs compositions bien écrites et bien jouées, les deux compères savent s'entourer de Maîtres même en duo. Ils interprétent les classiques à leur manière. " I fall in love too easily " (3) et " I've got rhythm " (7). Nous sommes en 2019 et ces musiciens ont aussi une riche Pop Culture. Ils enchaînent avec grâce " Lean on me " de Bill Withers (un morceau qui fait appel à la solidarité entre frères, parfait pour un duo) avec un classique du Jazz " Things ain't what they used to be " de Mercer Ellington, fils du Duke et membre de son orchestre (6). De même pour le final, ils accolent  à leur composition " Bump ", un autre classique de la Soul Music, " If You were Your woman " immortalisé par la chanteuse Gladys Knight (8).

Par le jeu ensuite. Dans " Gonam City ", Marc Benham joue d'un piano Paulello à 102 touches et Quentin Ghomari de trompettes à pistons et à coulisse. Rendant hommage à Louis Armstrong dans " Thanks a million ", Paul Lay et Eric Le Lann mêlent habilement le Swing des années 20-30 au jazz modal des 60's. Rémi Panossian et Nicolas Gardel trafiquent élégamment les sons sans aucune faute de goût. Bel exemple avec leur composition " Amaterasu " (5).

Au final ce qui rassemble ces trois albums, outre le format piano&trompette, c'est leur intensité. La musique ne triche pas. Elle est le langage des passions comme disait le docteur Emmanuel Kant. Cela s'entend dans chacun de ces trois duos.

Outre l'album " The Mirror ", vous pourrez vous refléter dans cette musique sur scène, lectrices à la mode, lecteurs à la page. Avec les concerts suivants en France.

- vendredi 8 février à Saint-Jean-Cap-Ferrat (06) au Saint Jean Jazz Club.

- samedi 9 février à Montpellier (34), Le Jam

- samedi 9 mars à Simorre (32), Le Bouche à oreille

- mercredi 13 mars à Marseille (13), C2 Hôtel

- mercredi 20 mars à Paris (75), Le Duc des Lombards

- jeudi 21 mars à Muret (31), Auditorium

- jeudi 9 mai à Toulouse (31), Le Taquin

- samedi 27 juillet à Gaillac (81), festival Les celliers du Jazz.

Ne réfléchissez pas plus longtemps, lectrices à la mode, lecteurs à la page. Offrez vous " The Mirror " de Nicolas Gardel & Rémi Panossian. Grâce à eux, vous serez confortablement Hip et respectablement Cool. 

En extrait audio au dessus de cet article et en vidéo en dessous, " Dive with me ". Plongez avec Nicolas Gardel et Rémi Panossian, lectrices à la mode, lecteurs à la page.

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Neil Saidi & Noé Codjia invitent le trio d'Alain Jean-Marie au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Le Sunside

Paris. Jeudi 10 janvier 2019. 21h.

Neil Saidi: saxophone ténor

Noé Codjia: trompette

Alain Jean-Marie: piano

Gilles Naturel: contrebasse

Philippe Soirat: batterie

Le batteur attaque. C'est du hard bop des années 50. Je reconnais le thème mais pas le titre. Ces deux jeunes gens, les deux souffleurs, ont bien appris cette langue étrangère car ils ne sont ni Américains, ni des années 50. Il leur reste à créer leur propre idiome. Alain Jean-Marie ressuscite Bud Powell (1924-1966) à sa manière. Décalages de sons, virages, prises d'appui. Soutien irréprochable du bassiste et du batteur aux baguettes. Cette rythmique est rodée depuis des années. Premier solo de batterie percutant, malaxant. C'était " Nicas' tempo " (Gigi Gryce) composé en hommage à la baronne Pannonica de Koenigswarter, mécène du Jazz. 

" Let's call this " (TS Monk). Alain Jean-Marie rend son jeu plus abrupt, plus rêche. Ca sautille, gambille comme il faut. Après un solo de piano impeccable, forcément, un solo de contrebasse joliment ponctué par le pianiste et le batteur aux baguettes. Les souffleurs assimilent mieux cette langue étrangère qu'est le Be Bop. 

Une sorte de ballade. La musique s'étire, s'allonge. Quintette bien soudé. Après le passage du pont, le rythme de circulation s'accélère. Noé Codjia et Neil Saidi sont tellement dans l'esprit 50's qu'ils jouent en costume cravate. Fi du débraillé! La peste soit du négligé! Solo de piano gorgé de rythme, de vie. Bref, Alain Jean-Marie. 

Un morceau tiré de " The Connection " composé par Freddie Redd (1928) pour le théâtre puis le cinéma. L'histoire de musiciens drogués qui attendent leur dealer, leur " connection ". 

" Don't blame me ". Une ballade. Batteur aux balais. Sax ténor suave à souhait. Alain Jean-Marie reprend la main. Ce feeling, nom de Zeus! Ca joue. Son plus voilé de la trompette même s'il n'a pas mis de sourdine. 

Un morceau ultra rapide typique de Charlie Parker qui commençait toujours un concert par le morceau le plus rapide pour tester ses musiciens. Noé Codjia n'essaie pas de jouer aussi vite que Dizzy Gillespie (1917-1993). Injouable. Il joue plutôt à l'économie et au feeling comme Miles Davis et Chet Baker, trompettistes partenaires de Charlie Parker. Ca swingue dur. Le piano s'efface. Soutien puissant de la contrebasse et de la batterie. Le piano revient, jouant avec la pulsation de la basse et de la batterie. Il l'orne, la contourne, l'enveloppe. Il ajoute une pincée de Biguine pour pimenter son Be Bop. Beau solo de batterie qui mitraille. Ca pète sec. 

Première composition. Une ballade. Batteur aux balais. Trompette bouchée qui, ici, sonne comme Dizzy Gillespie. C'est doux, tendre, chaud. Jolis ornements du piano. Le sax ténor se fait violon pour mieux caresser le poil dans le bon sens. 

PAUSE

Un dénommé Noé Codjia, d'ascendance béninoise, trompettiste de Jazz. Cela ne m'étonnerait pas qu'il y ait un lien de parenté avec Manu Codjia (guitare électrique) bien connu sur ce blog.

La musique est fort agréable mais j'ai école le lendemain et le marchand de sable est déjà passé. Ma chronique cesse donc ici.

Ci-dessous une courte vidéo d'un précédent concert de ce quintette au Sunset à Paris le 29 mai 2018, journée internationale des casques bleus de l'ONU.

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Bartok Impressions

Publié le par Guillaume Lagrée

Bartok Impressions

BMC Records 2018

Le trio Bartok Impressions est composé de

Mathias Lévy: violon

Matyas Szandai: contrebasse

Miklos Lukacs: cymbalum

Lectrices françaises, lecteurs hongrois, je vous ai déjà chanté les louanges du trio Bartok Impressions en concert. L'album vaut aussi le détour.

Dans son récit autobiographique " Les fêtes cruelles ", Alain Bosquet (1919-1998), outre sa découverte du Jazz, raconte qu'en 1942, à New York, il s'est trouvé dans une soirée avec Igor Stravinsky (1882-1971) et Bela Bartok (1881-1945). Stravinsky, d'un air méprisant, dit à Bartok: " Ah, Monsieur Bartok, toujours dans la musique folklorique? ". Il y avait vraiment injure tant pour l'œuvre de conservation que de création de Bela Bartok qui recueillit les musiques de Hongrie, Roumanie, Bulgarie dans les villages et s'en inspira dans ses compositions. 

C'est à partir des compositions recueillies et créées par Bela Bartok que le Français Mathias Lévy, le Franco-Hongrois Matyas Szandai et le Hongrois Miklos Lukacs, tous trois musiciens de Jazz formés à la musique classique ont décidé d'improviser.

Le résultat est d'enthousiasmant d'envolée et de légèreté. Rien ne pèse dans cette musique. Même la contrebasse ne l'ancre pas. Mon âme s'envole sur la " Reflection on Romanian Christmas Carols n°4 " (cf extrait audio au dessus de l'article) et sur les " Improvisations on Romanian Folk Dance " (cf vidéo sous cet article), les 4e et 8e morceaux de cet album.

Mon esprit rétif aux mathématiques reste sidéré par la logique impérieuse des Improvisations sur Mikrokosmos (la méthode pour piano de Bartok) n°149 (4) et 152 (11).

Les morceaux sont brefs. 13 en 41'58" allant des 0'45" des " Hungarian Survivals  " (6) aux 5'40" des " Reflections on Six Bulgarian Rythms " (10). Légèreté, brièveté, densité, telle est la Sainte Trinité qui définit cette musique.

Mathias Lévy y offre sa touche de violoniste issu de l'école française, Miklos Lukacs, l'ancrage dans la tradition magyare et la contrebasse de Matias Szandai fait le pont entre deux mondes au bénéfice d'un troisième, le Jazz.

Alors que les musiciens classiques n'ont plus le droit d'improviser en public, à part les organistes, depuis qu'ils ont été enfermés dans des conservatoires, que beaucoup de Jazzmen tournent en rond sur des standards éculés ou des compositions peu inspirées, le trio Bartok Impressions crée du neuf par un hommage à la musique de Bartok, avec des méthodes différentes. 

Ce trio peut jouer dans des festivals de Jazz, de musique classique et même, pour défier encore Igor Stravinsky, de musique folklorique.

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Doisneau et la Musique

Publié le par Guillaume Lagrée

Doisneau et la Musique

Exposition à la Philharmonie de Paris

jusqu'au dimanche 28 avril 2019

Lectrices en noir, lecteurs en blanc, retrouvez vous avec conjoints, parents, amis, enfants à l'exposition " Doisneau et la Musique " à la Philarmonie de Paris jusqu'au dimanche 28 avril 2019.

Le photographe Robert Doisneau (1912-1994) était un amoureux fou de l'homme sous toutes ses formes: homme, femme, enfant. Il aime nous le montrer heureux et vivant, dans la rue de préférence. L'art de la rue par excellent, n'est-ce pas la musique? C'est ce que cette exposition nous donne à voir avec ses photographies et à entendre avec une bande son arrangée avec goût par le groupe franco-américain Moriarty

200 photos classées par thèmes: la banlieue parisienne et les musiciens des rues, la musique sérieuse (superbes portraits des deux Pierre, Schaeffer et Boulez), la chanson française avec des portraits de débutants nommés Juliette Gréco, Barbara, Georges Brassens, les Frères Jacques, Charles Aznavour et de patrons comme Maurice Chevalier et Charles Trénet qui amenèrent le Jazz dans la chanson , le Jazz bien sûr avec le Saint Germain des Prés des années 50 dont Don Byas (1912-1972), sax ténor injustement oublié aujourd'hui (cf extrait audio au dessus de cet article) fut un des piliers et enfin la chanson française des années 80-90 avec une affection particulière pour les Rita Mitsouko. Un musicien bénéficie d'un chapitre à lui seul, le violoncelliste, comédien, skieur et alpiniste Maurice Baquet (1911-2005) que Robert Doisneau surnommait " Mon professeur de bonheur ". 

Lectrices en noir, lecteurs en blanc, voyez la vie en polychromie grâce aux photographies de l'exposition " Doisneau et la Musique " à la Philharmonie de Paris.

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