CODONA ou le brassage universel

Publié le par Guillaume Lagrée

 

ECM. The CODONA Trilogy.

 

CODONA  ce n’est pas une bière mexicaine, c’est une musique universelle.

COllin Walcott

+ DOn Cherry

+ NAna Vasconcelos

= CODONA

 

Que jouent ils ?

Des instruments étranges voire inconnus et une musique de fusion universelle voire interstellaire.

COllin Walcott (1945-1984), citoyen caucasien des Etats Unis d’Amérique, joue du sitar, des tablas, du dulcimer, de la sanza, des tympani et chante.

Don Cherry (1936-1995), citoyen métis des Etats Unis d’Amérique, joue de la trompette de poche, du douss n’gouni, des flûtes, de l’orgue, du mélodica et chante.

Nana Vasconcelos (1944), citoyen noir du Brésil, joue du berimbau, du tambour, des percussions et chante.

Ce coffret , dû à la maison bavaroise ECM, réunit les trois albums de ce groupe nommés tout simplement CODONA (sorti en septembre 1978), CODONA 2 (mai 1980), CODONA 3 (septembre 1982).

Cette musique échappe à la classification. Trop variée pour être de la musique planante, trop ancrée dans les musiques du monde pour être du Jazz, trop Jazz pour être classé dans la World Music, ce terme fourre-tout qui n’a d’autre sens que de placer là des musiques qu’on ne sait pas mettre ailleurs. Pour autant, chez votre disquaire réel ou virtuel, vous la trouverez au rayon JAZZ.

Pour résumer cette musique, je dirait qu’elle est simple d’apparence, acoustique, en harmonie avec le silence. «  Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais toi » (proverbe marocain).

Elle est jouée par trois hommes dont les âmes se répondent et se confondent pour notre plus grande joie d’auditeur.

Collin Walcott, Blanc américain, a appris la musique traditionnelle indienne avec les Maîtres, Ravi Shankar notamment mais est toujours resté ouvert à sa culture d’origine, le Jazz.

Don Cherry, fruit du mélange entre les deux minorités les plus opprimées d’Amérique du Nord, Noir et Indien (Chocktaw), cofondateur du Free Jazz avec son ami d’enfance Ornette Coleman, fut le seul musicien capable de jouer aussi bien avec des moines tibétains qu’avec John Lee Hooker.

Nana Vasconcelos, percussionniste brésilien, alliance de mots qui est presque un pléonasme. « La musique est partout dans l’air au Brésil, même quand vous allez prendre un café » dit Nana.

« Nous pouvons jouer cette musique dans une salle de concerts, dans la rue, dans un temple ou au sommet d’une montagne » disait Don Cherry de CODONA.

Ecouter cette musique, c’est entrer en fusion avec l’Univers, aussi beau que de voir le soleil se lever et monter avec vous sur un sentier des Pyrénées ou se fondre dans l'Océan Atlantique, plein Ouest, au Cap de la Chèvre.

Nul besoin de religion, de gourou, de mystique, de prière, de substance illicite pou se connecter. Il suffit d’orner le silence par CODONA et de se laisser aller. Ces hommes étaient connectés entre eux et avec l’Univers. Leur musique est si simple, évidente, originale qu’elle est inimitable.

Grâce à ce coffret ECM, il est possible de pousser l’expérience jusqu’au bout en écoutant les trois albums à suivre, dans l’ordre de leur enregistrement, afin de sentir la progression de cette musique cosmique.

Il est difficile de distinguer un morceau, un musicien tant ce trio est cohérent, fusionnel. Ces trois hommes voyagent à travers l’Amérique, l’Afrique, l’Asie, l’Europe et d’autres univers encore, connus d’eux seuls, qu’ils nous font découvrir.

La percussion est au cœur de cette musique. Le cœur n’est il pas notre premier instrument de percussion celui qui nous donne notre rythme vital ?

Si à l’écoute de CODONA, votre cœur ne fait pas « Hey da da boom » sincèrement, je vous plaindrai.

 

Voici CODONA en concert à New York en 1984. Rien à ajouter.

 

 

 

 

 

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