Lenny Popkin trio en vol libre au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Lenny POPKIN trio

Le Sunside

Paris, Ile de France, France

Vendredi 1er septembre 2023, 20h30

concert de sortie de l'album " Sax Section "

Lenny Popkin: saxophone ténor

Gilles Naturel: contrebasse

Carol Tristano: batterie

 

Bienvenue au 71e abonné de ce blog.

Que les dieux et les muses le protègent!

 

Pour commencer un standard « I remember You ». Une des 7 chansons qu’il faut connaître pour être musicien de Jazz, disait Lee Konitz (1927-2020), élève de Lennie Tristano (1919-1978) comme Lenny Popkin qui a épousé Carol Tristano, la fille de Lennie Tristano et la batteuse attitrée de Lenny Popkin.

Le son de Lenny Popkin est du pur Cool Jazz. Il est le dernier à jouer ainsi. A ma connaissance. Pas d’accent, pas de vibrato. Des variations subtiles sur le thème qui glissent dans l’air. Batteuse aux baguettes. Avec la contrebasse ils marquent bien le tempo alors que le saxophone est libre comme l’air. Du miel pour les oreilles. Pas remboursé par la Sécurité sociale mais excellent pour la santé mentale. Sans que je m’en aperçoive, Lenny est sorti du thème, tout en y restant. Tout fluctue. Ca pourrait durer des heures mais cesse à l’improviste.

Un des 7 autres standards essentiels du Jazz. « Body and Soul ». Balais. Tout est douceur. Lentement mais sûrement. Epanchement corps et âme mais avec pudeur. Le sax sonne léger, flottant comme u chant d’oiseau. Quel délicieux massage cérébral ! A vous faire ronronner de plaisir. Je connais les trucs de ce trio mais je me fais attraper à chaque fois.

« There will never be another You ». Lenny Popkin joue avec son épouse Carol Tristano « Il n’y aura jamais un autre que toi ». Elle reste aux balais. Dialogue amoureux, léger, fluide, vif dans lequel Gilles Naturel se glisse sans s’immiscer avec sa contrebasse. Ca monte et descend dans une vibration fluide, sans secousse. Dialogue somptueux contrebasse & batterie. Gilles mène, Carol accompagne, souligne, relance à flux tendu aux balais. C’est exquis. Le sax revient doucement puis reprend la main. Pas d’applaudissement après le solo. Cette musique impose le silence et l’écoute. Petit temps de silence après la fin du morceau. Le public veut être sûr et certain que le morceau est fini avant d’applaudir.

Une ballade que je ne reconnais pas. Elle ne doit pas figurer parmi les 7 Magnifiques du Jazz. Aucun effort apparent. Brèves envolées, brefs appuis du sax. Juste de quoi nous titiller. Solo de batterie aux balais. Décomposé. Elle masse, caresse, griffe, tambours et balais. Sans rien forcer ni monter le son. Brefs applaudissements. Le trio reprend son cours, coule comme un ruisseau tranquille.

Un des 7 standards. « All of me ». Billie Holiday le chantait comme personne. Retour aux baguettes. Plus vif, plus rapide. Une chanson d’amour toujours. Mario Canonge passe écouter le trio avant son concert en trio de 21h30 à l’étage, au Sunside. Juste un instant. Je hoche la tête. Quel délice ! Mario Canonge revient avec son batteur, Arnaud Dolmen.

« Blues in G » (Blues en Sol) pour conclure. Une composition de Lenny Popkin. Un Blues de Blanc urbain, raffiné, sophistiqué. Ce qui n’empêche pas l’émotion et la sensualité. La plainte du Blues sort bien du saxophone ténor. Batteuse aux baguettes. La rythmique marche droit alors que le sax se promène librement. Solo de contrebasse bien grave ponctué finement par la batteuse en flux continu sur les cymbales et en syncope sur les tambours.

PAUSE

Lenny profite de la pause pour régler le son avec le technicien. Pour ma part, le son est bon mais je ne suis pas musicien et ne suis pas sur la scène. Lenny me demande mon avis et je lui confirme que tout va bien.

Batteuse aux balais. Ce n’est pas un des 7 standards. Tempo plutôt agité. Ils arrivent au thème. Ca roule toujours. Ca berce. Un éclair du sax me réveille avant le retour immédiat à la bonace. Solo de contrebasse finement malaxé par la batteuse aux balais.

« You go to my head ». Batteuse aux balais. Ca avance tout doucement. You go to my head and you linger like a haunting refrain. And I find you spinning 'round in my brain… Des paroles qui me parlent depuis trop longtemps d’une femme. Toujours en souplesse.

« Ah si j’avais un franc cinquante ! » chantait Boris Vian sur l’air de « Whispering ». Un air plus joyeux mais joué avec le feeling Popkin. Batteuse aux baguettes. Ca y est. Il est ailleurs. Dans un autre style que Wayne Shorter, Lenny Popkin possède lui aussi la magie de nous emmener subrepticement ailleurs. Solo aux maillets sur des tambours. Ca résonne bien. Le trio reprend en finesse, en souplesse.

Retour à la ballade et aux balais. Je ne connais pas ce thème gracieux. Ca glisse comme des patineurs habiles. Sur glace. La musique s’étire comme un gros chat.

Retour aux baguettes. Un thème énergique, plus Be Bop.  Je ne connais pas. Je bats la mesure du pied droit. C’est plus énergique. Les cymbales scintillent, hachées menu par les baguettes. La contrebasse tient le tempo. Le sax flotte au gré du flux de Lenny Popkin. Solo de contrebasse finement lancé par la batterie. Le flux sur les cymbales, la syncope sur les tambours. Le sax revient.

Même quand les musiciens discutent pour savoir ce qu’ils vont jouer et comment ils vont le jouer, silence religieux dans la salle. Public attentif. Balais. Un air rapide.

Je profite du concert jusqu’à la dernière note. Pas de rappel. Tout est dit.

 

L'album  " Sax section " est un solo de saxophone augmenté par la magie du rerecording selon une technique inventée par Lennie Tristano pour son " Requiem " composé en mémoire de Charlie Parker (1920-1955). Cf extrait audio au dessus et vidéo en dessous de cet article.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article