Marc Buronfosse Sounds Quartet en concert au 38 Riv

Publié le par Guillaume Lagrée

Marc Buronfosse Quartet. Paris. Le 38 Riv’

Mercredi 16 juin 2010. 20h30.

 

 

 

Marc Buronfosse : contrebasse, compositions, arrangements

Jean Charles Richard : saxophones soprano, baryton, flûtes bansouri, simsin

Benjamin Moussay : piano, claviers électroniques

Antoine Banville : batterie, percussions

 

Je découvre le 38 riv’ sis au 38 rue de Rivoli, 75004 Paris, métro Hôtel de Ville. C’est une cave voûtée en pierre au deuxième sous sol de l’immeuble. Aucun risque de réveiller les voisins. Par contre, la tradition parisienne du club de Jazz à la climatisation glaciale, aux chaises inconfortables et aux issues de secours contraires à toutes les normes en vigueur est bien maintenue. Dans le bon sens, l’entrée n’est pas chère (12€ maxi), les boissons et les sandwiches frais non plus. Début du concert à 21h07 pour un horaire affiché de 20h30. Les Jazzmen maintiennent en Occident une conception africaine du temps.

 

Solo de contrebasse en introduction. Grave et mat. Le son rebondit sur les pierres de la cave. Piano et batterie viennent s’ajouter pour créer l’ambiance. Le soprano vient ajouter ses volutes acidulées. Passage assez free puis retour au calme avec la rythmique. La contrebasse s’ancre dans le ventre. Une jolie mélodie chaloupée s’élève. D’ailleurs Jean Charles Richard nous fait le chant des goélands au dessus du navire. C’était « Mirrors ».

 

« The cherry tree » en hommage à Don Cherry. Démarrage flûte/contrebasse. DJ Benji vient ajouter des sonorités électroniques étranges qui répondent au chant de la flûte. Antoine Banville joue des percussions sur sa batterie. Musique suspendue entre Ciel et Terre comme celle de Don Cherry. Du Jazz sous influence africaine, orientale, universelle et galactique. Ca pulse bien. Jean Charles passe au baryton. Antoine est passé aux baguettes sur la batterie. La musique devient plus terrestre, ancrée mais toujours vive, passionnée. Benjamin est au piano. Ca c’est du Jazz et du meilleur. Retour à la petite mélodie de départ. Les sons électro se mêlent à la flûte. Fin.

 

« AOC » : « A Ornette Coleman ». Rien à voir avec le vin. D’ailleurs, pour le vin, on dit aujourd’hui AOP (Appellation d’Origine Protégée). Démarrage énergique batterie/soprano. C’est plutôt Free en effet. Toujours ce gros son de contrebasse qui vibre dans le ventre. Pas facile d’entendre le piano. Jean Charles fait barrir son sax soprano. Le piano a un son de bastringue. C’est curieux sur ce jazz moderne, lyrique, énergique. Belle montée en puissance orchestrée par le piano. Benjamin emmène la rythmique dans une autre direction, creusant, avançant, tirant, impulsant. Nom de Zeus, c’est bon ! La contrebasse est toujours ancrée et la batterie hache, pulse. Antoine tient ses baguettes la main avancée sur le manche. Est-cela qui lui donne ce son si spécial ? Jean Charles revient mettre son grano salis dans la sauce. Ca monte en puissance jusqu’au final.

 

DJ Benji commence à bidouiller, à faire des ondes brouillées. C’est bon comme les œufs du même nom. Pendant ce temps, Marc creuse sa contrebasse, faisant bondir les notes. Benjamin repasse au piano, très grave lui aussi. Antoine fait vibrer les cymbales aux maillets. Ambiance sombre et mystérieuse. Jean Charles vient alléger l’ensemble avec le son aigu du soprano. Antoine ajoute des bruitages avec des percussions bizarres. Puis DJ Benji revient avec ses sons électroniques à la Kubrik ’s Kub. Une mélodie s’élève, le tempo s’accélère. Cela tourne à la chevauchée fantasmagorique. Nous voilà embarqués dans le vaisseau spatial. Même le soprano part en voyage intersidéral. Ca se calme avec le retour du piano. Son très chaud, très mat de la contrebasse. Benjamin place quelques notes évanescentes et installe le silence autour de lui. Marc le rejoint pour habiller le silence des pas de velours de Madame la contrebasse. Un petit coup de baguettes sur les cymbales et le soprano entre dans la danse. Ca y monte comme disent les Savoyards. L’archet lance le mouvement, piano et batterie l’accompagnent. Le cri du soprano s’élève bien au dessus du plafond bas de la cave du 38 Riv’. L’impulsion repart avec la contrebasse en pizzicato. Le batteur nous fracasse. Ca pousse très fort. La rythmique repart. Benjamin brode énergiquement au piano. La contrebasse tisse sa toile, la batterie attaque sévère et, malgré cela, Benjamin s’échappe, s’envole. Nom de Zeus, ça joue ! JC souffle dans une petite flûte au son oriental. Ca doit être le simsin turc. Ca bourdonne. Moins que la vuvuzela sud africaine heureusement. Tel le Bolchevik  et son couteau, Antoine Banville tient une baguette entre ses dents. Retour à la belle mélodie flottante, évanescente au piano.

 

PAUSE

 

« 1, 2, 3, 4, 5. 1, 2, 3, 4, 5 » lance Marc. Démarrage groupé. Sax baryton. Antoine joue des mains sur ses tambours. C’est souple, grave, chaud. Ca balance bien. C’est dense, direct, puissant. La rythmique part. Le batteur hache menu, le contrebassiste pulse fort et Benjamin Moussay sautille, décolle, s’envole. Le baryton revient dans le jeu en arrière plan. La rythmique tourne maintenant autour de la contrebasse tonique. Benjamin s’amuse à bidouiller des sons dont il a le secret. C’était un Blues sériel, « Serial Blues », rien à voir avec un Serial Killer donc.

 

« Jennifer’s Mood » une ballade dédiée à une certaine Jennifer présente dans la salle. Ils ont intérêt à bien jouer ce morceau ! Le batteur est aux balais. La rythmique ronronne. C’est rêveur, romantique. Le soprano vient ajouter sa douce plainte à l’ensemble. Cela devient plus abrupt, plus énergique. Cette femme ne s’en laisse pas conter. Le piano sonne toujours bastringue en contraste avec la poésie, l’énergie du morceau.

 

D’après l’explication de Marc Buronfosse, la ligne de basse de ce morceau lui est venue lors d’un concert à Radio France puis le thème est venu se greffer dessus. Belle ligne de basse solide, virile. Autour le groupe tourne bien.

 

« Treize » soit 13 parties de 13mn pour conclure le 2e des 13 sets ! Ca commence comme une ballade mystérieuse par la rythmique. Son aérien du soprano. Antoine fait de jolis bruits avec ses percussions. Les cordes de la contrebasse font vibrer nos cordes sensibles. La rythmique ronronne de plaisir. Jean Charles vient ajouter la chaleur et la rondeur du saxophone baryton. C’est très beau. Cet air est un pur enchantement. Ca vous prend, vous enveloppe, vous emmène. Merci Messieurs.

 

Rappel

 

« Petite valse ». Une valse chaloupée, décalée. Le sax baryton est souple et chaud comme tout le groupe d’ailleurs. Morceau bref comme Pépin.

 

Au total, à partir d’un album plaisant, le quartet de Marc Buronfosse nous a offert un concert splendide. Je n’en attendais pas moins de musiciens de cette envergure. Mon attente ne fut pas déçue. Enfin, certaines spectatrices étaient aussi magnifiques que la musique.

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