Antichambre agrandit le studio de l'Ermitage

Publié le par Guillaume Lagrée

Antichambre

Studio de l’Ermitage

Paris. Mardi 14 juin 2016. 21h.

3 concerts pour le prix d’un !

I Oboman plays Cole Porter

Jean-Luc Fillon : hautbois, cor anglais

Frédéric Eymard : violon alto

Joao Paulo : piano

L’idée est de jouer Cole Porter, créateur de quelques uns des plus grands standards du Jazz, dans une formation de trio classique mais avec une liberté de jazzmen.

« I get a kick out of You ». Intro du piano à la mode romantique. Le trio démarre et joue du Jazz, " la parfaite musique de chambre de notre temps » (Jean Cocteau). Frédéric Eymard gratte son alto comme une guitare. Ca s’envole avec grâce. Solo de piano qui prépare l’entrée de l’alto. C’est bien dans l’esprit de Cole Porter, festif.

« What is this thing called love ? ». Cole Porter ne parlait que d’amour. Il était homosexuel et dut longtemps le cacher. Joué en trio dans un même élan. Solo d’alto puis de cor anglais, d’un son grave lui aussi. Bon stomp du piano et le trio revient. L’ instrumentation originale du trio permet de rafraîchir un standard archi joué tout en lui restant fidèle.

L’alto démarre entre cordes frottées et pincées. Dialogue vif et joyeux avec le piano. Ni contrebasse ni batterie mais le tempo est impeccable. Le hautbois les rejoint. Rappelons que, contrairement à la famille des saxophones, dans la famille des violons, l’alto est un grand modèle.

Solo de piano. « Just one of those things ». Un standard archi connu mais pas si facile à reconnaître avec cette instrumentation. L’amour, toujours l’amour. Beau solo de piano qui fait le pont pour relancer hautbois et alto. Deux jolies femmes s’assoient à ma table. Elles n’ont pas le choix car la salle est comble.

« Love for sale ». Un autre standard immortel de Cole Porter. Le violon alto ajoute sa gravité mais toujours dans l’élan et la grâce. Ce pianiste doit venir du classique avec un toucher pareil. Ils font grincer et chanter le thème vers le final.

II. Supplément d’âme

Jean-Philippe Viret : contrebasse, compositions, arrangements, direction

Eric Maria Couturier : violoncelle

Johan Renard : violon quinton (5 cordes)

Sébastien Surel : violon

Les cordes sont pincées du bout des doigts. Ca sonne baroque et musique de cour. Pour le Palazzo Schifanoia à Ferrare (en français, le palais qui fait honte à l'ennui, littéralement) par exemple. Tous ont repris l’archet et lisent la partition. Il ne semble pas y avoir d’improvisation. En fait si il y en avait mais je ne l'ai pas perçue. C’est encore de la musique de chambre mais ce n’est plus du Jazz. Morceau inspiré des « Idées heureuses » de François Couperin, intitulé « L’idée qu’on s’en fait ». Ce sera le titre du prochain album du quatuor « Supplément d’âme » de Jean-François Viret.

« Jour après jour » (Jean-Philippe Viret). Solo de contrebasse, lent, mat, métallique. Jean-Philippe commence à installer une pulsation donc du Jazz. Jour après jour, c’est encore l’amour. Ca swingue tout en finesse. La musique s’efface doucement, comme un songe.

Le quartet repart avec les archets. Une sorte de sarabande où la contrebasse marque le tempo en pizzicato. C’était « La muse plantine », hommage de François Couperin à Madame de Plante, fameuse musicienne de son temps.

« En un mot comme en cent » (Jean-Philippe Viret). La contrebasse est attaquée à mains nues. Bonne pulsation. Il frôle le groove. Les trois autres attaquent à l’archet. C’est sinueux, grave. Cela devient passionné voire tourmenté. Très belle pulsation finale.

III. Double Celli

Olivier Calmel : piano, compositions, direction

Xavier Philipps : violoncelle

Clément Petit : violoncelle

Frédéric Eymard : violon alto

Johan Renard : violon

Antoine Banville : batterie, percussions

Le groupe commence sans la batterie. Ca sonne très fluide. Antoine Banville se glisse très subtilement aux maillets. Ca s’anime petit à petit. Antoine est passé aux balais, toujours subtil et coloriste. C’est un vrai musicien, pas un bûcheron qui cogne. La pulsation du violoncelle en pizzicato est digne d’une contrebasse. Le piano file droit sous les doigts d’Olivier Calmel. Et hop, aux baguettes ! Les violons prennent le dessus. Passage aux percussions. Ce batteur est un homme orchestre. C’était le « Prélude des cinq rameaux d’Olivier » écrit par Roger Calmel pour la naissance de son fils, Olivier, leader ce soir.

En hommage à l’Euro de football (victoire de la Hongrie face à l’Autriche 2-0 ce soir), « Le Hongrois déraille ». Ca démarre bien dans les rails, tout le monde groupé. Le pianiste accélère. Antoine au tambourin (« Tamborine », chanson peu connue de Prince). Une sorte de danse hongroise se lance ensuite, d’abord contenue, mais prête à exploser. Antoine est passé aux percussions. Pianiste et altiste battent la mesure des mains. Puis le violoniste s’escrime joyeusement, poussé par le piano et les percussions.

Intro langoureuse entre piano et alto. Les violoncelles ajoutent du mystère. Le batteur est passé aux maillets sur les tambours. Puis il martèle à mains nues et le groupe décolle comme un seul aéronef.

Solo en pizzicato de Clément Petit. Le violoncelle sonne comme un oud. Excellente vibration. Sur un signe du violoncelliste, le pianiste ouvre le dialogue. Un autre signe de Clément et toutes les cordes vibrent sous les archets. C’est le moment des adieux émus des amants sur le pont sous la pluie. Retour de Mr Tamborine Man, alias Antoine Banville. Le pianiste lance la danse. Finalement, le soleil est revenu au dessus du pont et les amants dansent ensemble, fous de joie. Le groupe est bien lancé vers l’envoi final.

Un final orientalisant. Beau solo de violon alto alors que la rythmique pulse de façon Jazz, étonnamment. Le violoniste n’est pas en reste. Le pianiste ajoute de la tension. Tout le groupe contre le batteur qui ne se laisse pas faire. Solo intense de batteur. Et tchac ! C’est fini.

RAPPEL

Tout le monde monte sur scène y compris Joao Pinto le pianiste d'Oboman car Olivier Calmel partage la scène et son piano.

Une ballade de Jean-Philippe Viret pour commencer.

Antoine Banville distille des philtres sonores derrière les cordes. Chaque musicien entre à son tour dans la danse. Tous ensemble. C’est romantique à souhait. Parfait pour reprendre la valse des amants sur le pont.

Olivier Calmel enchaîne sur une sienne composition. C’st plus joyeux et énergique. Les biches gambadent gaiement dans les bois. Simple et efficace. Antoine Banville aux baguettes tient le tempo. Ca tourne en boucles joyeuses. Bel envoi final.

Pour vous faire votre propre idée, éblouissantes lectrices, resplendissants lecteurs, vous trouverez sous cet article une vidéo de la séance Double Celli de ce concert menée par le pianiste et compositeur Olivier Calmel.

La photographie de Jean-Philippe Viret est l'oeuvre de l'Indémodable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Jean-Philippe Viret par Juan Carlos HERNANDEZ

Jean-Philippe Viret par Juan Carlos HERNANDEZ

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L
Très intéressantes vos descriptions et vos récits :) Et merci pour le partage de la vidéo
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