Fred Hersch Trio émeut le Duc des Lombards

Publié le par Guillaume Lagrée

Fred Hersch Trio

Paris. Le Duc des Lombards.

Mardi 31 mai 2016. 19h30.

Fred Hersch : piano

John Hebert: contrebasse

Eric Mac Pherson: batterie

François Lacharme, président de l’Académie du Jazz, remet à Fred Hersch le Grand prix pour son album “ Solo “(2015). Selon le quotidien londonien The Guardian, Fred Hersch est un pianiste « criminellement sous-estimé ».

L’enchantement commence dès les premières notes de piano. Dieux, que c’est souple ! Bassiste et batteur le rejoignent dans le même mouvement. Salle comble remplie de professionnels de la profession (musiciens, critiques, producteurs). Ca swingue souplement et élégamment et ça touche en plein cœur. Le pianiste mène la danse mais dans un mouvement parfaitement synchronisé avec ses partenaires. Ca monte en puissance imperceptiblement jusqu’au final.

« Forerunner » (Ornette Coleman), morceau joué sans pianiste sur l’album « The change of the century ». Je retrouve l’acidité et l’étrangeté d’Ornette Coleman mais adoucies sous les mains de Fred Hersch. La contrebasse prend la main, rapide, précise. La batterie cliquète sous les baguettes. Ca danse, sautille comme il convient pour la musique d’Ornette.

Première ballade. Le toucher de Fred Hersch me cloue sur place. L’essence de l’émotion se dévoile sous ses doigts. « I fall in love too easily » et ça sent le vécu (« I fall in love too easily, I fall in love too fast, I fall in love too terribly hard for love to ever last “). Non seulement, Fred Hersch est un des rares Jazzmen à assumer publiquement son homosexualité mais en plus, il est séropositif depuis 30 ans. Batteur aux balais. Solo de contrebasse au milieu du trio. La vague avance doucement dans un subtil balancement.

« Self include ». Nouvelle composition. Solo du batteur aux baguettes pour commencer, léger, vif, précis. La contrebasse et le piano s’ajoutent. Solo de contrebasse avec le batteur qui malaxe aux balais. Que de bonnes vibrations pour les spectateurs !

Une nouvelle composition « Begin again ». Un souffle de vie soulève la musique. La grâce en mouvement fait toujours du bien à l’âme.

Solo de piano vite rejoint par les deux autres. Un standard joué avec légèreté et vie mais toujours avec une pointe de nostalgie. Je ne retrouve pas le titre car mon écoute est perturbée par les mangeailles, beuveries et bavardages de Pierre de Chocqueuse, secrétaire général de l'Académie du Jazz et de sa bande d’ Anciens. Si l’Académie du Jazz ne respecte plus les Jazzmen à l’œuvre, où allons nous ?

Le pianiste part seul en ballade. Il a installé une telle ambiance que personne ne l’applaudit quand le trio enchaîne. C’est « Moon and Sand », chanté par Chet Baker notamment. Nous sommes sur une balancelle, pas sur une balançoire.

« Mood Indigo » (Duke Ellington) lancé seul au piano. Batteur aux balais. Le temps s’étire doucement.

Enchaînement direct sur un standard de Thelonious Monk. D’Ellington à Monk, il y a une filiation. Cf l’album « Thelonious Monk plays Duke Ellington », en trio justement. Toujours le Blues mais plus agité, plus heurté.

RAPPEL

Contrebassiste et batteur sont partis dîner. Fred Hersch revient seul sur scène pour nous jouer une ballade de sa composition. Cela ressemble à une aurore sur les collines de Bourgogne au printemps. Tout est doux, d’un ton pastel. Nous hésitons avant d’oser applaudir.

Voici le podcast de ce concert grâce à la radio TSF Jazz. Merci à elle.

La photographie de Fred Hersch est l'oeuvre de l'Irrépressible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Fred Hersch par Juan Carlos HERNANDEZ

Fred Hersch par Juan Carlos HERNANDEZ

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