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Dialogue Laurent de Wilde/Eric Le Lann au sujet de Bill Evans

Publié le par Guillaume Lagrée

Paris. Le Sunside. Samedi 16 octobre 2010. 21h30.

Hommage à Bill Evans

 

Laurent de Wilde : piano

Eric Le Lann : trompette

 

 

Laurent de Wilde commence seul sur scène par « Prelude to a kiss » (Duke Ellington). C’est bien agréable ce vieux standard de Duke Ellington peu joué de nos jours. Laurent part en ballade. C’est le cas de le dire. Eric revient tranquillement vers la scène. Il enchaîne sur « You don’t know what love is ». Jeu très classique d’Eric, jeu avant-gardiste de Laurent. Je n’arrive pas à voir de ma place comment Laurent sort ces sons étranges. Un PC caché pour trafiquer le son ? Et toujours le feulement rauque du lion breton, Eric Le Lann. Laurent reprend la main et monte en émotion. Eric vient ajouter un souffle de nostalgie supplémentaire sur cette musique. Manifestement, De Wilde utilise un bidouillage électronique invisible du fond de la salle. Cela ajoute un côté ludique à cette ballade.

 

« Funkallero » (Bill Evans), un morceau assez énergique. Du Funk à la Bill Evans, ce n’est pas Horace Silver, n’exagérons rien. Les spectateurs n’osent pas applaudir le solo d’Eric. Laurent s’arrête et dit : « Vous pouvez l’applaudir. Il joue super ». Sous les applaudissements, Laurent enchaîne en trilles joyeuses et virtuoses. Une dernière zébrure de la trompette apaisée par le fluide du piano.

 

« Waltz for Debby » (Bill Evans) très agréable à écouter mais très difficile à jouer. C’est tellement simple, tellement beau que tout ce qui est en trop est effectivement en trop. Joli résumé du thème par Laurent de Wilde. Effectivement, ils jouent simplement, fidèlement avec l’émotion qu’il faut.

 

Je pense que Laurent cache « I fall in love too easily » dans son solo introductif. L’arrivée d’Eric confirme cette hypothèse .Heureusement qu’Eric Le Lann est là pour préserver le style des grands maîtres de la ballade à la trompette : Chet Baker, Miles Davis. Il dégage une certaine âpreté dans la douceur antidote souverain contre la mièvrerie.

 

Un standard dont je reconnais l’air mais pas le titre. Bill Evans a dû le jouer je suppose. Dès qu’Eric joue, le supplément d’âme est là. Il a retenu la leçon de Miles Davis : « Miles Davis nous a appris l’impuissance de la technique face à la puissance du désir » (Keith Jarett). C’était « Yesterdays ».

 

PAUSE

 

Salle archicomble. C’est bien pour une musique si intimiste, ennemie de l’esbroufe et de la réclame. De Wilde commence à tapoter le piano alors qu’Eric n’est pas revenu et que le public n’est pas encore installé. Eric est revenu et entame « Love for sale ». Standard time ce soir au Sunside. C’est sûr que ces gars là ont de l’amour à nous vendre et que nous en avons pour notre argent. Ils passent du calme à l’orage en un éclair.

 

« Round about midnight » (TS Monk). Un gremlin leur a subtilisé la partition du morceau prévu indique Laurent. D’où ce standard qu’ils peuvent jouer sans partition. Attaque curieuse d’Eric. Il oublie des notes, raccourcit un thème déjà bref. Ca semble voulu  pour surprendre . Il n’est que 23h15. C’est dire s’ils sont en avance pour ce thème. Eric est un peu juste pour le suraigu mais se remet en place aussitôt après.

 

« Que reste t-il de nos amours ? (Charles Trénet). « I wish You love » pour les Américains. Seul Le Lann sait jouer aujourd’hui ces vieilles chansons françaises avec autant d’intensité, de nostalgie. Ce n’est pas du musette même si Eric s’amuse à chanter « Que reste t-il de nos amours ? ». Laurent grogne de joie pendant son solo. Final rêveur, nostalgique à souhait.

 

Un standard dont le titre m’échappe. Retour en Amérique. C’est toujours très beau mais le coup de barre du samedi soir me frappe subitement. J’écoute en m’endormant et réciproquement. Eric monte en puissance, en densité émotionnelle vers le final. La trompette brûle, sèche. Le piano devient liquide, adoucit.

 

De Wilde reprend piano et clavier caché en même temps pour « Today I fell in love » d’Eric Le Lann. Un morceau funky, sans basse, ni batterie. Ca tient sur le fil du rasoir mais ça tient. C’est chaud. Des spectatrices claquent des doigts. D’autres sifflent. Après un raté, Eric se reprend et repart superbe et généreux. Le morceau ne cesse de se lancer, de repartir. Un dernier éclair de trompette, un dernier accord de piano et c’est fini.

 

PAUSE

 

J'ai obéi au coup de barre du samedi soir et je n'ai pas assisté au 3e set.J'avais fait le plein de beauté et d'émotion pour la nuit. Merci à Laurent de Wilde et Eric Le Lann pour avoir partagé ces instants avec nous.

 

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Premières notes du concours international de piano Jazz Martial Solal 2010

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Concours de piano Jazz Martial Solal.

Un concours international de la ville de Paris.

Paris du samedi 16 au dimanche 24 octobre 2010.

 

Martial Solal

La photographie de Martial Solal est l'oeuvre du Distingué Juan Carlos HERNANDEZ.

 

Quatre ans après le concours 2006, me voici à l'édition 2010 du concours international de piano Jazz fondé et présidé par Martial Solal.

 

Sur 53 candidats ne figure qu'une seule femme. La discrimination est manifeste. Que fait la Halde? Mary Lou Williams, Sophia Domancich n'auraient elles pas de descendantes?

 

Ce concours a commencé le samedi 16 octobre 2010 par deux épreuves de sélection. Chaque pianiste devait jouer dans l'ordre de son choix, un standard en solo, une composition personnelle en trio avec Jean Philippe Morel (contrebasse) et Thomas Grimmonprez (batterie) en 12mn maximum. Les candidats ont de 18 à 32 ans. Voici mes premières impressions sur les quelques candidats que j'ai pu écouter.

 

Tuomas Antero Tunune (Finlande). En solo, il est un peu froid sur un standard. En trio, sur son morceau " Kompaktus " il dégage un swing aérien, léger, irrésistible. Un vrai bonheur. A la pause, Martial m'apprend que c'est le meilleur qu'il ait entendu jusqu'ici. Ca tombe bien. Je suis arrivé juste pour lui vers 17h.

 

Ivo Neame (Royaume Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord). en trio, ça swingue bien mais plus lourd, plus marqué que le Finlandais. En solo, il est cristallin, aérien, m'emmène dans son monde, un univers parallèle et familier. " I remember You ".

 

Grégory Privat (France).  Jo Privat jouait le piano du pauvre, l'accordéon. Grégory Privat joue l'accordéon du riche, le piano. En trio il joue sa " Ritournelle ". En solo, " Humpty Dumpty " de Chick Corea. En trio, il a de l'élan et de l'allure. C'est léger et puissant à la fois, frais, clair. Une bien belle ritournelle. Ca tourne mais pas en rond. Contrairement aux autres, il a l'intelligence de laisser la place à ses accompagnateurs. Solo véloce de contrebasse. Ca tombe comme une cascade en montagne au printemps. Un air revient en ritournelle. C'est un délice. L'air me reste en tête mais pas comme une chansonnette de supermarquette. Solo sur du Chick Corea. Vu ses passements de mains, sa technique, ce garçon doit avoir un sérieux bagage de piano classique. C'est bien mais moins convaincant qu'en trio.

 

Xavier Thollard (France). " Run " en trio. " Jive at Five " de  Count Basie en solo. La course est souple, tranquille. Plutôt un marathon qu'un sprint. C'est froid comme le nickel. En solo, ce garçon est prodigieux. A lui tout seul, il rend Count Basie froid et indansable. Il transforme par couches successives Count Basie en  Keith Jarrett. C'est beau, c'est impressionnant mais ça perd de vue l'esprit de l'original.

 

Kristjan Randalu (Estonie). Joue d'abord en trio puis " Milestones " de Miles Davis en solo. Sa composition est une ballade. Voilà un garçon romantique. C'est le printemps sur le rivage de la Baltique. Un peu froid comme printemps tout de même. En solo, ce n'est pas Milestones et il a un débit de mitraillette.

 

Alberto Gaspar Sanz Garcia (Espagne).En trio il joue " La Senorita ". En solo " Sophisticated Lady " de Duke Ellington. En trio, le swing est léger, souple, fin, sensuel comme une belle demoiselle. Ca chante, vibre, ondule. C'est chaud, c'est bon. Le batteur passe des balais aux baguettes. En solo, il amène délicatement le thème du Duke. Il est fidèle, sensuel, personnel. Pour moi, c'est le meilleur candidat jusqu'ici. Constant au plus haut niveau. En hommage à TS Monk , il a joué avec un bonnet sur la tête qu'il enlève pour saluer le public.

 

La sélection des candidats continue ce samedi 16 au soir et demain dimanche 17 au Conservatoire à rayonnement régional de Paris, 14 rue de Madrid, Paris 8e. Entrée libre. Pour la suite et la fin du concours, voyez les détails ici.

 

Quant à moi, je serai ce samedi soir à 21h au Sunside pour le duo Laurent de Wilde (piano)/Eric Le Lann (trompette) en hommage au pianiste Bill Evans mort en 1980.

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Sébastien Llado fête au Sunside son album Live au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Sébastien Llado Quartet.

Mardi 5 octobre 2010. 21h30.

Paris. Le Sunside.

Concert pour fêter la sortie de l'album " avec deux ailes " enregistré Live au Sunside le vendredi 20 novembre 2009.

 

Sébastien Llado : trombone, conques

Leila Olivesi : piano, clavier électrique, ordinateur portable

Bruno Schorp : contrebasse

Julie Saury : batterie

 

Sauf indication contraire, les compositions sont de Sébastien Llado.

 

Démarrage Jazz assez classique, énergique. Ce swingue. Sébastien est chaud dès le premier morceau. Leila Olivesi est toujours aussi belle à regarder et à écouter. Seb a pris une conque marine pour faire une petite plainte en symbiose avec la rythmique. C’était « Ladies First » en hommage aux honorables mères de famille de ce quartet paritaire.

 

« Le miroir aux alouettes » morceau qui ne figure pas dans l’album. Un bonus track en quelque sorte dit Sébastien. Ils n’ont pas joué ensemble depuis l’enregistrement de cet album live au Sunside. J’y étais. Superbe ballade onctueuse, souple, tranquille dans la lignée d’Henri Texier : une composition simple, émouvante, efficace. Solo de contrebasse dense, chaud, bien relayé par le tapotis de la batterie et quelques notes de piano.

 

« Un morceau que nous n’allons pas annoncer » annonce Sébastien. Inutile d’annoncer « Billie Jean » de Michael Jackson et Quincy Jones. Ca se reconnaît dès les premières notes de la contrebasse. Comme dit mon voisin et ami Monsieur S. qui assiste à son premier concert de Jazz (à 37 ans, il était temps ) : «  Ca rend bien en Jazz. » . La musique fait rire les jeunes filles dans la salle. « Billie Jean » par le quartet de Sébastien Llado c’est le nouveau truc pour faire rire et séduire les jeunes filles. Voilà une information importante qui méritait d’être soulignée. Après un début funky, l’impro du trombone est purement Jazz alors que la rythmique garde une bonne pulsation. Retour au thème avec une ligne de basse implacable. « Ah Michael Jackson, il va nous manquer » conclut Sébastien. « Y a Britney Spears quand même » lui réplique une spectatrice taquine.

 

« ASRL » (Attentat Suicide Rue des Lombards). Sébastien a rêvé d’une attaque d’avion rue des Lombards après le 11 septembre 2001. Vu la largeur de la rue ce n’est pas un rêve prémonitoire. Bruits d’avion. Clavier électrique puis piano. Bruits d’alarme.

 

« Haut, bas: fragile » en hommage à la petite sœur de Sébastien Llado. La petite sœur est présente dans la salle pour assister à son hommage de son vivant. Privilège rare. Bruno introduit à l’archet puis la rythmique démarre avec la batteuse aux balais. C’est une ballade. Le trombone sonne tout doux, tout chaud.

 

« Tranz Tanz » (Wolfgang Dauner). Solo de piano en intro. Bien grave, rythmé. Courte citation de Monk au piano. Le piano monte en puissance. La rythmique démarre sec. Le trombone barrit joyeusement éléphantesque, gigantesque. Seb passe au son plus doux de la conque. La rythmique pulse sévèrement, le piano creuse la vague. Le chant de la conque flotte au dessus ludique, enfantin. Après divers jeux de conque, retour au thème au trombone. Ca grogne joyeusement.

 

PAUSE

 

Je profite de la pause pour vous faire part des impressions de Monsieur S. sur le premier set de son premier concert de Jazz : « Rythme d’emblée alerte et vif. On est malgré soi transporté par un quatuor complémentaire, dynamique et talentueux. Reprise « jazzy » de Billie Jean fort intéressante : c’est dansant sympathique et in. « ASRL » : on est dans le Jazz mélancolique voire sombre et tortueux. Avec de l’imagination, on se croirait transporté dans de fraîches nuits d’automne à NYC ou la Nouvelle Orléans ».

 

Ca redémarre bien funky. Tchic poum fait la batterie. Tonk, tonk fait la contrebasse. Le piano plane. Le trombone groove. C’est frais et chaud à la fois. Nous sommes en croisière dans les Caraïbes sur un paquebot de luxe. C’était « Wayne 's dream » de Wayne Shorter (Wayne le Plus Petit selon la traduction littérale de Bruno Schorp).

 

« L’aube des girafes » est un morceau jungle comme son titre l’indique mais au sens actuel pas celui de la jungle de Harlem des années 1920 chez Duke Ellington. Petits bruitages métalliques sortis du PC portable ou du clavier électrique (je ne vois pas bien de ma place. Désolé). Leila reprend les mêmes notes au piano dans une alternance d’acoustique et de métallique. Solo de batterie bien funky, relax. Ca vibre souplement. La pianiste reprend la main, impressionniste. Retour au thème avec le trombone groovy et mystérieux à la fois.

 

« Soulmates » un morceau qui n’a pas marché lors de l’enregistrement de l’album. C’est pourquoi il n’y figure pas. C’est une ballade simple, tranquille, assez anodine par rapport au précédent morceau. Beau solo de contrebasse rapide, bondissant. Sébastien fait chanter le public et se plaint que seule sa mère chante. Monsieur S ne chante pas. Il est intimidé. C’est son premier concert de Jazz pour ceux qui ne l’auraient pas encore remarqué. Ca pousse dans le final.

 

Un morceau écrit la semaine dernière. Il n’a pas encore de titre. C’est la première fois qu’il est joué sur scène. Pour son premier concert de Jazz, Monsieur S. assiste à une première mondiale. L’émotion le saisit. Morceau vif, joyeux. Seb a décidé de rester au trombone ce soir. Il sort très peu les conques.

 

« Dernières danses ». Sébastien se lance dans un petit sketch pédagogique. Deux parties avec le même thème traité différemment dans les deux parties. C’est une ballade. Seb chantonne «  da da da da da da » ou quelque chose d'approchant. La rythmique tourne avec les balais. Solo inspiré de la pianiste, romantique sans pathétique. Seb reprend le thème en solo de trombone. Le groupe repart sur un tempo plus rapide en gardant le thème. Leila ajoute des effets sonores avec le clavier.

 

« Blues cheloo ». Un nouveau morceau. Une nouvelle première mondiale ce soir. Monsieur S est bien conscient de sa chance. Seb explique pédagogiquement le morceau. Il y a deux voix : trombone et batterie d’un côté, piano et contrebasse de l’autre. Trombone et batterie installent leur thème saccadé, nerveux. Au tour du piano et de la contrebasse de poser leur thème plus calme, plus relax. Puis les deux voix se mélangent et, nom d’un petit bonhomme de neige, ça marche.

 

« Too High » (Stevie Wonder). La pulsation, le clavier sont bien en place. Le trombone remplace la voix de Stevie. C’est tellement plus chaud et vivant que le travail de bons élèves des frères Belmondo. Leila est revenue au piano. Ca groove. Contrebasse et batterie s’y emploient fermement. That’s all, folks !

 

PAUSE

 

Monsieur S. et moi avons école le lendemain. Nous partons donc à la deuxième pause. Ce quartet n’avait pas joué ensemble depuis novembre 2009 et il met toujours le feu. Que font les programmateurs des festivals, salles de concerts, clubs de Jazz , radios, télévisions? Pourquoi ne pas programmer ce groupe jeune, paritaire, frais, vivant, ludique, frais, pas cher ? Je souhaite que le plaisir d’entendre le quartet de Sébastien Llado en concert soit bientôt partagé par d’autres publics dans d’autres salles que le Sunside. Il le mérite.

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Sébastien Llado Quartet " Avec deux ailes " Live au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Sébastien Llado Quartet.

" Avec deux ailes "

enregistré en concert au Sunside à Paris le vendredi 20 novembre 2009.

Une production Les disques de Lily.

Sortie le mardi 5 octobre 2010.

 

Sébastien Llado: trombone, conques

Leila Olivesi: piano, Fender Rhodes, clavier maître MIDI portatif

Bruno Schorp: contrebasse

Julie Saury: batterie

 

Si, comme des milliards d'habitants de cette planète, vous n'avez pas eu la chance d'assister à un concert festif, ludique, jouissif de Sébastien Llado et de son quartet paritaire, ce grave manque à votre équilibre psychomoteur est désormais réparable. Il vous suffit d'acheter cet album.

 

Parmi les very happy few qui assistaient à ce concert du vendredi 20 novembre 2009 au Sunside à Paris, il y avait Madame G et moi. Je ne retire ni n'ajoute rien à ma chronique de l'époque. Le réentendre un an après ravive des sensations chaudes et bienfaisantes.C'est dire si l'achat, la possession, l'écoute de cet album sont indispensables. Plaisent à Mercure, Dieu du commerce et Apollon, Dieu des arts, que les ventes de cet album magnifique soient mirifiques, que les programmateurs des clubs, salles de concerts, festivals, radios, télévisions, pétrifiés par tant de beauté et de joie dispensés se ruent sur ce quartet paritaire dont la prescription devrait être remboursée sans ordonnance par la Sécurité Sociale comme anti dépresseur sans effet secondaire indésirable.

 

Si vous ne comprenez pas le titre de l'album, sincèrement, vous m'inquiétez.

 

 

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Claudia Solal et ses hommes assurent le Room Service au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Claudia Solal Spoonbox Quartet

" Room Service "

Paris. Le Sunside. Vendredi 1er octobre 2010. 21h30.

 

Concert diffusé sur Internet grâce à l'émission Jazz Club de  France Musique.

 

 Claudia Solal: chant

Benjamin Moussay: piano, claviers, ordinateur

Joe Quitzke: batterie

Jean Charles Richard: saxophones baryton, soprano.

Joe Quitzke

La photographie de Joe Quitzke est l'oeuvre du Stupéfiant  Juan Carlos HERNANDEZ.

 

Démarrage au clavier. Roulement de tambour grave, étrange. La voix de Claudia s’élève. Benjamin lance une boucle rythmique au son humide. Sax baryton tout en douceur. Changement d’ambiance avec le sax soprano et des claviers dans l’aigu. " Suffer me to kiss thy mouth "  chante t-elle. Retour au baryton. Le groupe appuie. Phrases brèves saccadées du baryton alors que le groupe s’élance. Puis la plainte du soprano vient danser autour de la voix de Claudia. C’était la « Salomé » d’Oscar Wilde.

 

Benjamin commence en grattant les cordes du piano main droite, en tapotant le clavier main gauche. Ca sonne comme la pluie l’automne, le temps qu’il fait dehors, triste et doux. DJ Benji ajoute des effets électroniques. La voix de Claudia s’élève sur cette nappe de sons, majestueuse, mystérieuse. Benjamin se rasseoit au piano, ajoute une ligne de basse avec un clavier. J’ai beau connaître les trucs, la magie fonctionne toujours. D’ailleurs ça marche. Le public est captivé, capturé. C’était une composition sur un poème d’Emily Dickinson, poétesse américaine bien connue des fans de Claudia Solal.

 

« Blocks » (JC Richard). Un morceau inspiré par la ville, son mouvement, ses bruits. New York City a priori. En bruit de fond les voitures, les klaxons. Le groupe tisse sa trame par-dessus. Jean Charles est au soprano. Ca groove, grogne, crache, bouge comme la ville qui ne dort jamais, New York. Benjamin est assis en équerre : main gauche sur un clavier, main droite sur l’autre. Ca envoie, nom de Zeus ! Jean Charles fait fumer le soprano.

 

Retour au calme avec une intro au piano. Joe prend les balais et glisse. Claudia étire sa voix en volutes bleues. JC met le baryton à l’unisson avec le piano. Ca monte, monte, devient extra-terrestre, stratosphérique. La voix de Claudia ondule, vole, zigzague. C’est à la fois sensuel, profond, pur, ailé. Bref, tout simplement merveilleux.

 

Improvisation sur des poèmes d’Emily Dickinson. Cela fait des années que j‘entends Claudia improviser sur cette poétesse américaine du XIXe siècle et c’est chaque fois différent. Claviers et batterie s’amusent comme des petits fous dans des bruitages étranges et ludiques. Claudia ne se laisse pas perturber et chante les poèmes. Ca se calme avec l’entrée en scène du grand-père baryton. Puis ça s’énerve. Retour aux claviers électriques. Le sax baryton devient cinglant. Le son devient technoïde. Finie la ballade.

 

Bruitages bizarres. L’hôtel du «  Double Rabbit » offre un accueil très spécial. Benjamin lance une boucle sombre, menaçante. Joe fouette ses cymbales. Ca se transforme en polka folle. Puis retour au tic tac du réveil, à la boucle, aux bruitages du clavier. Le sax baryon ajoute ses couinements graves. Il se déploie par-dessus le martèlement de la batterie, les nappes de claviers. La voix de Claudia vient s’y mélanger. Retour à la polka folle. Ca repart sur un autre genre de danse, plus funky, avec le soprano. Discrètement Joe impulse, mélange les ingrédients de la sauce.

 

PAUSE

 

«  Y a Michel Strogoff qui arrive » disent mes blondes voisines en voyant revenir le brun barbu et chevelu Benjamin Moussay. Benjamin tapote ses claviers alors que les deux autres musiciens discutent avec des spectateurs et que la chanteuse n’est pas revenue. DJ Benji lances des notes aigues en triangle. Ca monte, descend, revient au point de départ bref en triangle. Claudia étire sa voix, son souffle. Ca plane pour nous. La musique devient plus sombre, plus dense, toujours avec ces petites notes aigues en triangle. Duo chant/claviers comme sur le précédent album de Claudia Solal « Porridge days ».

 

« Now is the winter of our discontent » ( monologue d’ouverture du Richard III de William Shakespeare). Des cloches, des corbeaux, le sax baryon; un friselis de cymbales, des notes de piano choisies et la voix de Claudia impérieuse, majestueuse, royale. Dialogue piano/baryton d’un bout à l’autre de la scène. Raffiné, élégant, puissant. Le groupe repart,  la colère royale éclate. Joe fait gronder les tambours sous les maillets. Benjamin traverse le piano de part en part. Solo de batterie aux maillets sur des tambours. Ca gronde, vibre dans le ventre. Le groupe repart plutôt rock’n roll mais en acoustique. Le sax baryton grogne. Benjamin fait fumer les claviers. Joe impulse mais sans forcer. La lamentation du chant s’élève au dessus de ce maelström sonore. Claudia se lance dans une séance de vocalise dont elle a le secret remplaçant avantageusement la guitare électrique. Retour brutal au calme avec un duo piano/voix. Le baryton reprend la mélodie de départ. Les cymbales vibrent sous les balais. Le piano chante en medium.

 

Petits bruitages de claviers, batterie, percussion. Claudia pousse des petits cris d’oiseaux, de griffons, de chimères. Benjamin est en équerre main gauche sur le piano, main droite sur le Rhodes. Bruit de boîte à musique. Claudia joue à la petite fille. Ca repart en danse avec le soprano, les claviers. Joe est toujours là pour faire le lien. Claudia nous emmène dans son monde. Il est plein de surprises délicieuses. Voilà qu’elle s’amuse à nouveau avec des cris de petite souris mais toujours en mesure. Fin surprise. C’était «  Jelly bird pie ».

 

«  Tara’s room » chanson sur une chambre de fillette remplie d’air et de rêves.

 

Poèmes d’Emily Dickinson. Jean Charles passe à la flûte turque en bois. Claudia chante le vent. Benjamin lance une vibration avec son clavier électrique. Travail sur la mélodie, la voix, le chant. Joe ne joue pas dans cette partie. Puis Benjamin relance le jeu avec piano et Rhodes. Joe fait péter les maillets. Petits cris du soprano. Jean Charles Richard est le digne successeur de David Liebman. Benjamin saute de joie en jouant. Ca déménage. Benjamin fait vibrer son Rhodes comme une guitare électrique. Joe balaie tout sur son passage, avec des baguettes. Claudia monte encore un cran au dessus. Ca retombe en solo de voix. Le piano enchaîne tout en douceur. Le baryton se fait tout chaud, tout doux. Les cymbales grincent doucement sous le frottement des baguettes. La voix de Claudia devient douce, grave, profonde. Elle finit dans un souffle. Silence puis applaudissements mérités.

 

«  Room Service ». Ca part vite et sec avec le soprano. Je bats la mesure du pied droit. Pas sûr que je sois en rythme mais cela ne gêne pas le groupe. Petit dialogue piano/soprano. Le batteur vient s’y ajouter sans fracas, sans perte. Claudia laisse jouer ses hommes puis chante. Elle jette tout dehors depuis ce matin. «  Since this morning I throw everything out ». Les musiciens aussi. Pour finir, Claudia jette ses partitions.

 

PAUSE

 

Mlle F et moi avons adoré ce concert. La preuve nous sommes restés les deux premiers sets après une dure semaine de labeur. Quant au troisième, je ne doute pas qu’ils ont su rester au même niveau. Comme disaient les antifascistes italiens: " Non mollare mai ".

 

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