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Jazz Archive (Mezzo & INA): Jazz sur la Croisette. Cannes. 1958. 2e partie.

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Jazz Archive

Mezzo & INA

Jazz sur la Croisette. Cannes. 1958. 2e partie.

Un film de Jean-Christophe AVERTY pour l'ORTF

Diffusé sur Mezzo le jeudi 29 mai 2014 à 20H30

DVD en vente libre

 

Le film de Jean-Christophe AVERTY sur le seul et unique festival de Jazz de Cannes, à l'été 1958, le premier festival de Jazz en France filmé par la télévision, fut diffusé en 4 soirées par l'ORTF de 1958 à 1959. Mezzo le diffuse en 2 parties. Après la première partie le jeudi 22 mai 2014 à 20h30, rendez-vous le jeudi 29 mai 2014 à 20h30 pour la 2e partie.

3. 

Diffusé le 20 décembre 1958 par l'ORTF. 54'34

Ca commence par une interview de Teddy Buckner, trompettiste disciple de Louis Armstrong. Concert New Orleans avec Teddy Buckner. Ca swingue dur.

Puis un trio piano/contrebasse/batterie qui sonne bluesy en diable mais je ne reconnais pas les musiciens. Il y a aussi du New Orleans joué par des jeunes fanatiques français de l'époque. A côté de l'original présent au même festival (Albert Nicholas, Sidney Bechet), la copie est bien pâle.

Enfin vient Stan Getz, " The Sound " , au saxophone ténor. " En fait nous aimerions tous sonner comme cela. La vérité est que nous ne le pouvons pas. " (John Coltrane à propos de Stan Getz). Il est accompagné de l'inamovible rythmique du Bue Note, club parisien de l'époque: Martial Solal (piano), Pierre Michelot (contrebasse) et Kenny Clarke (batterie). Ce n'est plus du velours, c'est de la soie. Comme le dit Jean Cocteau, pendant ce même festival, c'est de la grande musique de chambre jouée par des solistes incomparables.

Zoots Sims (sax ténor), ancien complice de Stan Getz dans le grand orchestre de Woody Herman (The 4 Brothers au saxophone), joue accompagné de Walter Davis (piano) et Art Taylor (batterie). Là aussi, la définition de Jean Cocteau s'applique parfaitement. Un Swing élégant.

Une interview de Martial Solal, jeune, moustachu et fumeur. Son trio a accompagné à Cannes Stan Getz et Dizzy Gillespie. Respect. Pour lui, le niveau des musiciens en France monte et, même si les Américains continuent d'être au devant musicalement, dans 20 ans, ils ne domineront plus les autres. Pour la musique, c'était bien vu mais pour le show business, les Américains restent loin devant ce qui permet toujours à des musiciens américains de second ordre de passer en tête d'affiche, dans les festivals, devant des musiciens européens de premier ordre.

Dizzy Gillespie sur scène avec le trio de Martial Solal. Ca tient chaud. Martial Solal en accompagnateur, quelle stimulation pour le leader.

Le Modern Jazz Quartet, en 1958, a trouvé sa forme immarcescible, avec John Lewis (piano), Percy Heath (contrebasse), Connie Kay (batterie) et Milt Jackson (vibraphone). Ils jouent " Bag's groove " de Milt Jackson devenu depuis un standard du Jazz. Une fois encore, la définition du Jazz par Jean Cocteau s'applique parfaitement: de la grande musique de chambre jouée par des solistes incomparables. Connie Kay a des percussions en plus de sa batterie. Original en 1958. 

Retour à Ella Fitzgerald et à son Swing irrésistible. Et quelle robe!

4. 

Diffusé le 17 janvier 1959 par l'ORTF. 32'29

Un groupe de Français jouant New Orleans. Charmant mais pas indispensable.

Des admirateurs du Modern Jazz Quartet dans la même configuration. Logiquement, ce doit être le Belge Sadi au vibraphone.

Un pianiste de boggie woogie. Du vrai, pas de la mécanique comme dit Jean Cocteau. Beau solo de contrebasse, à l'archet, dans le grave.

Le ciel, le soleil, la mer, des coquetèles, des boeufs. Manifestement, l'ambiance était bonne au festival de Jazz de Cannes en 1958. Avec, en fond sonore, Dizzy Gillespie accompagné par la rythmique Solal/Michelot/Clarke. C'est dire si ça assure. 

Un pianiste blanc à lunettes noires. Je penche pour le pianiste britannique aveugle Georges Shearing et son Jazz cocktail raffiné.

Le Modern Jazz Quartet en costumes blancs et noeuds papillons noirs. Le Blues et le Swing avec classe. Je le répète mais c'est toujours vrai: de la grande musique de chambre avec des solistes incomparables (Jean Cocteau).

Coleman Hawkins avec Hubert Rostaing (clarinette), Vic Dickenson (trombone) et Roy Eldrige (trompette). Le Hawk, en solo, plane au dessus de la rythmique. L'image s'efface, reste la musique et le Swing.

 

 

Au festival de Jazz de Cannes 1958, Ella Fitgzerald chante " Midnight Sun " accompagnée par un trio de gentlemen: Lou Levy (piano), Rene Goldstein (contrebasse), JC Heard (batterie). Qulle voix! Quelle robe! Rien à ajouter.

 


 
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Jazz Archive (Mezzo & INA): Jazz sur la Croisette. Cannes. 1958. 1ère partie.

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Jazz Archive

Mezzo & INA

Jazz sur la Croisette. Cannes. 1958.

Un film de Jean-Christophe AVERTY

1ère partie diffusée par Mezzo le jeudi 22 mai 2014 à 20h30

DVD en vente libre

 

      Mezzo diffuse en deux parties, un film de Jean-Christophe Averty qui fut diffusé en 4 soirées par la télévision française en 1958 et 1959, la première captation télévisée d'un festival de Jazz en France, le seul et unique festival de Jazz de Cannes en juillet 1958.

I

Diffusé le 18 octobre 1958 par l'Office de la Radio et Télévision Française. 46'12.

Ca commence par le ciel, le soleil, la mer, les jolies filles bronzant sur la plage à Cannes, bref, la belle vie comme la chantait Sacha Distel, excellent guitariste de Jazz par ailleurs. Cet unique festival de Jazz de Cannes eut lieu dans le Palais des festivals alors qu'il faisait beau dehors. Grave erreur. Le voisin, Antibes-Juan-les-Pins, profitant du climat méditerranéen et s'inspirant de l'exemple du Newport Jazz Festival, créa, en 1960, le festival Jazz à Juan, qui existe encore. Dans la série Jazz Archive de Mezzo et l'INA, nous avons déjà pu apprécier le John Coltrane Quartet à Antibes-Juan-les-Pins les 26 et 27 juillet 1965.

En 2014, l'affiche du festival de Jazz de Cannes 1958 fait encore frissonner de désir l'abonné au Jazz et à l'électricité. 

Ca commence avec Sidney Bechet. Il est olympien quand il joue avec ses jeunes admirateurs français mais quand il joue avec des musiciens Noirs américains, de son niveau (Vic Dickenson: trombone, Teddy Buckner: trompette, Sammy Price: piano), il est carrément stratosphérique.Une voix unique au saxophone soprano malgré tous ses imitateurs sans oublier ses admirateurs comme John Coltrane. En tant que soliste, Duke Ellington plaçait Sidney Bechet au dessus de Louis Armstrong.

Après Sidney Bechet, Ella Fitzgerald qui porte une robe surprenante et dont la voix vous donne des frissons dans l'échine. " How long has this been going on? ". Elle est accompagnée par un trio piano/contrebasse/batterie qui la met en valeur. Même Arturo Toscanini respectait l'art vocal d'Ella Fitzgerald, c'est dire. Ca swingue plus avec " Don't tease me ". Un physique de matrone, un abattage de professionnelle, une voix de jeune fille coquine, tel est le charme d'Ella Fotgerald. Irrésistible.

Puis vient le père du saxophone ténor, Coleman Hawkins. Adolphe Sax, un Blanc belge, a inventé l'instrument. Coleman Hawkins, un Noir américain, a inventé la façon de s'en servir. Ah ce son grave au ténor! Toute une école dont les disciples furent Dexter Gordon, John Coltrane, Sonny Rollins. Un jour, j'ai offert l'album qui réunit Sonny Rollins et Coleman Hawkins, " Sonny meets Hawk " à une amie qui ne connaît rien au Jazz. Elle m'a dit ensuite que cette musique l'avait aidé à développer la sexualité de son couple. C'était il y a 15 ans, ils sont toujours ensemble et ont deux fils. C'est dire si ça marche! Pour en revenir à ce concert cannois, le trompettiste swingue classiquement et efficacement. La rythmique laisse toute la place aux solistes et ça swingue, nom de Zeus!

Comme vous l'avez compris, lectrices éveilées, lecteurs attentifs, Jean-Chirsophe Averty nous offre des instantanés du festival de Jazz de Cannes 1958. Il ne coupe jamais la musique, nous donne un ou deux morceaux par concert pour nous mettre en bouche, parsème le tout d'images de fêtes, de coquetèles, d'entrevues.

Celle, par exemple, croisée entre Coleman Hawkins et Roy Eldridge, trompettiste surnommé Little Jazz. Hawkins est très impressionné par la ferveur du public des festivals tant à Konkke le Zoute (Belgique) qu'à Cannes (France). Roy Eldridge se souvient avec joie d'une bouillabaisse dégustée, au large de Cannes, sur l'île Sainte Marguerite où fut enterré Paganini. Roy y joua de la trompette et de la batterie pour ses admirateurs. Les images le prouvent. Superbe ambiance manifestement.

Little Jazz sur scène, le lien entre Louis Armstrong et Dizzy Gillespie. Superbe interprétation de " The man I love ". Ca mord.

Puis vient Dizzy Gillespie accompagné d'une rythmique parisienne qui fit date: Martial Solal (piano), Pierre Michelot (contrebasse) et Kenny Clarke (batterie).Dizzy, costume blanc, lunettes noires, joue une ballade avec sa trompette coudée et bouchée. Ca tient chaud à l'âme. Que d'ondes positives émanent de cette musique! D'un coup, ils attaquent à toute allure, jouant le même air mais en accélérant le tempo. Que c'est bon! Martial Solal a déjà son style, ses notes cristallines, toujours claires, lisibles, même sur tempo rapide.

Interview de Bill Coleman, trompettiste noir américain, qui découvrit la France en 1933, s'y installa après guerre et raconte ses expériences françaises. Charmant. Bill Coleman finit sa vie dans le Gers et joua au festival de Jazz de Marciac dès sa création.

Nous retrouvons Bill Coleman sur scène rivalisant avec Teddy Buckner, Roy Eldridge et Dizzy Gillespie. La mode était alors aux batailles amicales d'instrumentistes sur scène. Ici, des trompettistes. La rythmique passe les plats afin que chaque soliste puisse y ajouter sa sauce. Dizzy se distingue par son style tant vestimentaire que musical.

 

2.

Diffusé le le 22 novembre 1958 par l'ORTF. 52'31.

Perdido, pour commencer, joué par un saxophoniste ténor trop oublié aujourd'hui, Don Byas.

Le scat d'Ella Fitgerald accompagne les images de musiciens qui boivent des coups et discutent, de spectateurs qui dansent. 

Pas de querelle des Anciens et des Modernes dans la programmation du festival de Jazz de Cannes 1958. Cela va du New Orleand au Hard Bop en passant par le Swing et le Be Bop, de Sidney Bechet à Donald Byrd en passant par Coleman Hawkins et Dizzy Gillespie sans oublier le Cool de Stan Getz.

Pour le New Orleans, Albert Nicholas est certes moins impressionnant que Sidney Bechet mais quel son de clarinette, quelle maîtrise de l'aigu, jamais strident et quelle élégance dans le jeu.

Sidney Bechet revient sur scène avec des musiciens de sa couleur et à sa hauteur. Ils jouent " Sweet Georgia Brown ". Ave ces gars là, c'est une vie, une ville qui se joue devant nous, La Nouvelle Orléans. Dans ce style, c'est la perfection. Pourquoi en auraient-ils changé? Ce n'est pas du New Orleans Revival, c'est La Nouvelle Orléans vivante. Ce vibrato de Bechet au soprano, tant imité mais inimitable. Un solo de contrebasse à l'ancienne où la vibration habite le corps du contrebassiste. Un solo de batterie Nouvelle Orléans où mes fidèles lecteurs Ouest Africains reconnaîtront la descendance des tambours de la Côte des esclaves. Le public est en extase et cela se comprend. 

Interview de Jean Cocteau, spectateur passionné de ce festival. Je retranscris ce que j'ai saisi de ces propos fulgurants, souvent d'une justesse frappante et dits dans ce style flamboyant qui lui était propre: " Je fus le premier, en France, à considérer le Jazz comme de la musique de chambre. Le public croit encore que c'est de la musique de danse alors que c'est de la grande musique de chambre. Le crime de notre époque, le péché mortel de notre époque, c'est le manque d'enthousiasme. Le Jazz provoque partout l'enthousiasme. Le Jazz était sentimental, il est devenu un art. Il y a tout un jazz savant, voire scientifique, comme Webern et Schoenberg mais le Jazz revient à une sentimentalité qui lui enlève ce côté mécanique. C'est le concert de chambre parfait avec des solistes incomparables."

La preuve de la véracité des propos de Jean Cocteau suit immédiatement avec le quintette de Donald Byrd (trompette) et Bobby Jaspar (flûte, sax ténor). C'est exactement ce que vient de dire Cocteau, de la grande musique de chambre avec des solites incomparables. 

Interview en français de Kenny Clarke installé en France depuis 1956. Il estt heureux de retrouver Dizzy Gillespie, 10 ans après le concert de l'Atomic Big Band à Paris, salle Pleyel. " C'est la joie de ma vie, ici, à Paris, de jouer avec Martial Solal ". 

S'ensuit justement Dizzy Gillespie sur scène accompagné par la rythmique du  Blue Note Solal/Michelot/Clarke.Dizzy, en grande forme, à la trompette bouchée. Problèmes de son avec le micro. Un technicien lui en installe un autre et ça sonne tout de suite mieux. Ah les divines notes cristallines de Martial Solal au piano! Quand Dizzy dialogue avc Kenny Clarke, deux génies et amis séparés depuis 10 ans se retrouvent et cela s'entend. 

Pour finir cette première soirée consacrée au festival de Jazz de Cannes 1958, voici, par ordre d'apparition au saxophone ténor, Stan Getz,Guy Lafitte,  Barney Wilen,  Don Byas, Coleman Hawkins accompagnés par Martial Solal (piano), Arvell Shaw (contrebasse) et JC Heard (batterie). Ils improvisent sur " Indiana " et non pas sur " Now's the time " de Charlie Parker comme indiqué sur ce film. Lectrices saxophonistes, lecteurs ténors, régalez vous. Rien à ajouter.

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Miles Davis The Bootleg Series Vol 3: Live at Fillmore. 1970.

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Miles Davis

The Bootleg Series Vol 3

Live at Fillmore. 1970

4 CD

Columbia/ Sony Music. Legacy Recordings. 2014.

Concerts enregistrés au Fillmore East, New York City, USA, du 17 au 20 juin 1970

Miles Davis: trompette

Steve Grossman: saxophones ténor et soprano

Chick Corea: piano électrique (haut parleur de gauche)

Keith Jarrett: orgue, tambourin (haut parleur de droite)

Dave Holland: guitare basse électrique

Jack de Johnette: batterie

Airto Moreira: percussions, flûte, chant

Concert enregistré au Fillmore West, San Francisco, Californie, USA, le 11 avril 1970

Miles Davis: trompette

Steve Grossman: saxophones ténor et soprano

Chick Corea: piano électrique

Dave Holland: guitare basse électrique

Jack de Johnette: batterie

Airto Moreira: percussions

 

MILES DAVIS

Le portrait de Miles Davis est l'oeuvre de la Dame Hélène POISSON. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

Cette chronique est dédiée à mon frère cadet Benoît Lagrée (1978-2013) avec qui je vis Miles Davis en concert en 1990, 20 ans après ces enregistrements aux Fillmore.Au revoir, frère préféré.

 

Les dirigeants de Sony Music continuent de sortir des archives de Columbia Records des enregistrements en concert de Miles Davis. Quand il existe trop d'éditions pirates sur le marché, autant faire une édition officielle afin de toucher des droits dessus.

Après le volume 1 consacré à l'an 1967, le volume 2 à l'an 1969, voici qu'arrive l'année 1970, 3e volume des Bootleg Series de Miles Davis. En 1970, Miles Davis était en pleine forme. Il avait décroché de la came, s'était remis sérieusement à la boxe, avait une nouvelle compagne, un nouveau groupe. Par rapport à 1969, le grand changement c'est le départ de Wayne Shorter, saxophoniste inamovible depuis son arrivée en 1964 dans le Miles Davis Quintet. Pour le remplacer, Miles a choisi un Blanc, un Juif new yorkais de 17 ans, Steve Grossman, qui était pétrifié à l'idée de remplacer Wayne Shorter. Miles ne s'est pas trompé. Steve a un son tranchant comme une lame de rasoir. Le Brésilen Airto Moreira ajoute ses percussions, ses rythmes, sa folie, ses couleurs à l'ensemble. 

Le groupe, comme la musique, évolue très vite.Dave Holland a quitté la contrebasse pour la guitare basse électrique. Entre avril ( au Fillmore West de San Francisco) et juin 1970 (au Fillmore East de New York), Keith Jarrett s'est ajouté au groupe même si Chick Corea reste le pilote de l'astronef. En août 1970, à l'île de Wight, devant 600 000 spectateurs ébahis, Gary Bartz aura remplacé Steve Grossman au saxophone  et à la fin de l'année 1970, Miles Davis aura piqué son bassiste, Michael Henderson, à Stevie Wonder. Il le garda jusqu'à sa retraite en 1975.

Que jouent-ils donc? Une nouvelle musique tirée d'albums enregistrés en 1969 " In a silent way " et " Bitches Brew " qui ne sont pas encore sortis dans les bacs, un standard auxquels Miles fait un dernier adieu " I fall in love too easily ", un morceau tiré de son dernier quintet acoustique " Footprints " de Wayne Shorter.

La musique est d'une énergie folle, chantant le corps électrique. Pour le peu que j'en ai compris, la physique moderne (les frères De Broglie) a démontré que l'Univers est composé d'ondes électriques en mouvement. Miles Davis en tire les conséquences dans sa musique. A un critique de Jazz qui lui disait ne pouvoir le suivre dans cete nouvelle aventure musicale, Miles répondit: " What do You want from me motherfucker? Waiting for You till you get there? ".

La guitare électrique de John Mac Laughlin est présente sur les albums du Miles de l'époque mais pas encore sur scène. Cela viendra un peu plus tard en 1970, dans les Cellar Door Sessions elles aussi recommandables.

Dave Holland pose les bases. Jack de Johnette et Airto Moreira batissent le mur du son. A eux deux, ils vous rendent déjà fous. Chick Corea et Keih Jarrett sont en pleine effervescence. L'homme américain marche sur la lune en 1969 mais avec ces deux gaillards là se faisant face, nous perdons tout repère spatio temporel. Steve Grossman joue peu mais toujours juste, incisif, tranchant. " On n'est pas sérieux quand on a 17 ans " écrivait Arhur Rimbaud. Steve Grossman prouve le contraire. Quant à Miles, c'est le Boss. Il mène la danse, le groupe, punche comme un boxeur, vous met le cul par terre et la tête à l'envers. 

Cette musique trouva son public chez les jeunes Blancs amateurs de Rock et les jeunes Noirs amateurs de Funk. " Nous jouons pour les jeunes car ce sont eux qui achètent les disques " disait Miles mais il n'y a pas dans cette déclaration que le cynisme du businessman. Il y a aussi une volonté de refuser de vieillir, de se laisser dépasser par les jeunes musiciens. " Miles ahead " toujours. 

En 1970 naquit Médéric Collignon. C'est dire si cette année fut créative.

 

 

En 1970, avec Steve Grossman (sax soprano), John Mac Laughlin (guitare électrique), Herbie Hancock (clavier), Michael Henderson (guitare basse électrique) et Billy Cobham (batterie), Miles Davis crée la musique du film " A tribute to Jack Johnson " en hommage au premier Noir champion du monde de boxe poids lourds, Jack Johnson, le seul album pour lequel Miles Davis écrivit le texte de la pochette. Rien à ajouter.

 


 
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Jazz Archive (Mezzo&INA): Freddie Hubbard Jazz Session. Paris. 1973.

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Jazz Archive

Mezzo & INA

Freddie Hubbard Jazz Session

Paris. Maison de la Radio. 25 mars 1973

Reelin in the years production. Collection Jazz Icons.

Diffusé sur Mezzo avec l'INA le jeudi 12 juin 2014 à 20h30

DVD en vente libre

 

Freddie Hubbard: trompette, compositions

Junior Cook: saxophone ténor, flûte

Georges Cables: piano électrique

Kent Brinkley: contrebasse

Michael Carvin: batterie

 

En 1973, Freddie Hubbard (1938-2008) jouait bien moins agressivement que Miles Davis mais pas moins funky tout en restant plus fidèle au Jazz. La preuve, s'il est passé au piano électrique avec Georges Cables, qui en sort mille merveilles, il a toujours un contrebassiste et un saxophoniste purement hard bop, Junior Cook. Quant à la maîtrise technique de Freddie Hubbard, elle est sans faille. Une vraie leçon pour les trompettistes. C'est chaleureux dès l'entame du premier morceau " Straight Life " et le reste tout du long (3 compositions en 50mn).

Le deuxième morceau " The intrepid fox " est plus mouvementé. Morceau tiré de l'album " Red Clay " (1970) de Freddie Hubbard dont le titre éponyme, devrait, dans un monde idéal servir de générique chaque année aux Internationaux de France de tennis de Roland Garros. " The intrepid fox " porte bien son titre. S'agit-il d'un clin d'oeil à un ami, d'un autoportrait ou d'un animal croisé au détour d'une promenade? Junior Cook est le contrepoint apaisant aux recherches technique de Freddie Hubbard. La rythmique, menée par Georges Cables de main de maître, groove sans effort apparent. A l'oreille, il me semble parfois entendre deux trompettistes tant Freddie Hubbard a d'atouts dans son jeu. Pas besoin de guitare avec un tel clavier. Michael Carvin, en solo, sait faire chanter sa batterie. Quant à Kent Brinkley, il fait son boulot puisqu'il garde le tempo.

" First light ". Une composition qui évoque bien l'émerveillement de l'homme devant l'aurore. Cela peut s'écouter sagement comme le fait le public de la Maison de la Radio ce soir là mais ça se danse très bien aussi. La musique est lumineuse et entraînante. Elle glisse plus doucement encore avec le solo de flûte traversière par Junior Cook. Decrescendo de 10mn jusqu'au final. Ca, c'est de la Great Black Music. Somptueux dialogue trompette/clavier pour finir, tout en douceur et en rythme.

 

Voici, extrait de cette émission, " The intrepid fox " par le Freddie Hubbard Quintet. Courons joyeusement à la poursuite du renard intrépide. Rien à ajouter

 


 

 

 

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Pee Bee " All of us 13 "

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Pee Bee

" All of us 13 "

Jazz en face. 2014.

Avec le soutien de la ville d'Antony, du conseil général des Hauts-de-Seine, de la SACEM.

 

Claudio Pallaro: saxophones ténor et soprano

Gary Brunton: contrebasse, guitare basse électrique Rickenbacker, chant

Didier Haboyan: saxophone alto

Eric Desbois: saxophone baryton

Gilles Relisieux & Jérémie Bernard: trompette, bugle

Vincent Renaudineau & Daniel Israel: trombone

David Patrois: vibraphone, marimba

Frédéric Loiseau: guitare électrique

Siegfried Mandon: batterie

Sandrine Deschamps: chant

Damien Noury: slam

 

 

Pee Bee " ce n'est pas du pipi du chat, même pas d'abeille. C'est presque un big band de Jazz ( il manque un piano et quelques cuivres mais c'est voulu) qui swingue et groove avec classe et grâce. Il nous invite dans un univers moelleux, malicieux, délicieux. Pee Bee ce sont tout simplement, en anglais, les initiales des deux chefs de l'orchestre, Claudio Pallaro et Gary Brunton.

A eux tous, ils sont 13. D'où le premier titre, éponyme d'ailleurs, de l'album " All of us 13 ". Tout est dit. Pas de Judas dans ce groupe là.

2. Le Blues de l'homme blanc. Un groove impérieux et un slam dont je comprends chaque parole en français. C'est rare. Avec de l'esprit de plus, ce qui est encore plus rare. Bref, un délice.

3. El Duende. Une espagnolade. La chanteuse m'envoûte et me fait sourire tour à tour, en français comme en espagnol. Elle en fait beaucoup, trop mais c'est exprès. Les musiciens aussi. Tout le monde s'amuse. Lectrices audacieuses, si vous voulez sortir le grand jeu à votre homme,sweet homme laissez vous posséder par le Duende. 

4. Let it flow. Retour du Saint Groove avec un duo Superfunkycalifragisexy entre la chanteuse et le slammer. Des Français qui groovent avec autant de grâce, c'est rare. Laissez couler, dansez, souriez.

5-6. Shower power. Part 1-2. Une sorte de ballade avec Sandrine Deschamps, en vedette, en anglais. Pas désagréable.

7-8. Clair obscur. Part 1-2. Retour du slammer pour un groove en français fort agréable. La rythmique est redoutable et les cuivres, les vents ponctuent diaboliquement. 2e partie pour la chanteuse.

9. La forme et le fond. Retour du slam souple et humoristique. " La forme, c'est le fond qui remonte à la surface " ( Victor Hugo). Ici, malgré le texte de la chanson, les deux sont réunis par Pee Bee.

10. Sur le fil. Ca swingue toujours autant. La chanteuse est devenue une boix de l'orchestre. Le vibraphone de David Patrois éclaire cette musique dense.

11. Est ce que ma vie? Le slammer et la chanteuse. Une chanson métaphysique qui swingue. Un autre bijou.

12. Foudbouche. Un morceau aux sonorités africaines avec un swing purement Jazz. David Patrois est passé au marimba.

13. Move over. Reprise Jazz de Janis Joplin qui aimait tant le Blues et Billie Holiday. Fin claire et nette.

 

Voici Pee Bee en concert jouant " Sur le fil " (n°10) avec deux danseuses, s'il vous plaît.

Les prochains concerts de Pee Bee auront lieu en Ile de France:

- à Chatou (78) le jeudi 13 novembre 2014 à 20h45 à l'Auditorium Maurice Ravel. Désolé mais c'est déjà complet.

- à Evry (91) le samedi 15 novembre 2014 à 18h au Théâtre national de l'Agora.

- à Antony (92) le samedi 29 novembre 2014 à 20h30 lors du Festival Place au Jazz.

 


 
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Lorenzo Capello Quintet " Dagli Appendini alle Ante "

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Lorenzo Capello Quintet

" Dagli Appendini alle Ante "

Orange Home Records. 2014.

 

Lorenzo Capello: batterie, poêle à frire, compositions, chansons, arrangements sauf " Perfect Day " (Lou Reed).

Michele Anelli: contrebasse, boite à musique

Lorenzo Paesani: piano, piano jouet

Antonio Gallucci: saxophones, sonnette de bicyclette

Tony Cattano: trombone, xylophone, voix sicilienne

Echo Sunyata Sibley: chant sur " Already left " (n°4) qui contient un extrait de " Il partigiano " chant traditionnel italien

 

Toujours aussi lyrique et fantaisiste, après " Il Partenzista ", le batteur et compositeur italien Lorenzo Capello nous présente son deuxième album " Dagli Appendini alle Ante ". Les italianistes lettrés qui lisent ce blog auront reconnu, évidemment, une allusion subtile à " Dagli Appenini alle Ande " roman d'Edoardo de Amicis, Ligure, comme le Gênois Lorenzo Capello.

1. Rammendi ancor? Je n'aime pas.

2. Panico da bagaglio a mano. Ce morceau décrit fort bien l'angoisse du bagage à main, perdu en soute, à la recherche de son (sa) propriétaire puis son apaisement, sa joie lors des retrouvailles. A moins qu'il ne décrive les affres matérialistes de l'hominidé qui ne se résout pas à voyager loin avec peu alors qu'un passeport et une carte de crédit lui suffisent, du moment que le premier est valide et la seconde approvisionnée. Tout dépend du point de vue.

3. Dagli Appendini alle Ante. Appendino: cintre pour vêtements (mot pratique dans les hôtels italiens).  A ne pas confondre avec l'Apennino, massif montagneux italien. L'Anta a plusieurs sens. Je ne sais lequel a retenu l'auteur. Allusion subtile aux Andes, chaîne de montagne sud-américaine après les Apennins, chaîne de montagne italienne. En tout cas, c'est un morceau molto agitato.

4. Already left. Chanson dédiée à ceux qui nous ont déjà quitté, trop tôt. Pour l'auteur, son père et sa soeur. Pour moi, mon frère Benoît disparu en 2013 à l'âge de 35 ans et mon cousin Vincent, mort en 2014, à 40 ans. Echo Sunyata Sibley est une chanteuse étonnante, capable dans la même chanson de passer de la Pop anglaise au bel canto. Malgré la tristesse, il n'y a pas de nostalgie dans ce morceau. L'envie de vivre l'emporte. C'est une musique de batteur. Le rythme c'est la vie, celui du coeur. Avec le souffle évidemment d'où la présence chaleureuse du tromboniste et du saxophoniste sur ce morceau.

5. La farfalla maschile e la vagina gigante. S'agirait-il d'un fantasme de l'auteur manifestement hétérosexuel et terrifié par la puissance de la sexualité féminine? Pas du tout. Il s'agit d'un piège à papillons mâles qui contient l'hormone du papillon femmelle et dans lequel ils meurent sans avoir fécondé. Leur course folle, leur fin brutale, tout est joué.

6. Perfect Day/Imperfect Tray. Pas de chanteur mis la voix de Lou Reed s'inscrit en flligrane derrière le piano. Les cuivres ajoutent un accent country sans guitare ni harmonica. La classe.

7. Telegrammi. Ballade agréable mais sans plus.

8. Giocatolli/MP2. Comme l'explique Lorenzo Capello " Pendant que nous jouons, une loge maçonnique fait tout ce qu'elle peut pour détériorer la qualité d'écoute de la musique. " Tout à fait d'accord. C'est pourquoi, par principe, je n'écoute jamais d'album que sur disque, avec une chaîne haute fidélité, au calme. Morceau extrêmement ludique. De l'électro jouée en acoustique. Un bijou. J'adore. Restez à l'écoute, lectrices esthètes, lecteurs raffinés, car, après une longue pause, vient le temps du dernier morceau. Surprise. Cf extrait audio au dessus de cet article.

Outre la beauté de la musique, notez, lectrices esthètes, lecteurs raffinés, la beauté des photographies de Laura Tolomelli qui ornent la pochette de l'album. Ce serait encore plus beau sur un vinyl mais sur un CD, ça se défend bien.     

La parole est à la défense. Lorenzo Capello présente son nouvel album " Dalle Appendini alle Ante " sorti chez Orange Home Records le 29 mars 2014. Rien à ajouter. 

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