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628 résultats pour “Jean Cocteau

Jean-Marie Ecay 4tet de créateurs au Baiser Salé

Publié le par Guillaume Lagrée

Stéphane Kérecki par Juan Carlos HERNANDEZ

Stéphane Kérecki par Juan Carlos HERNANDEZ

Jean-Marie ECAY 4tet

Le Baiser Salé

Paris, Ile de France, France

Jeudi 14 décembre 2023, 19h

Jean-Marie Ecay: guitare électrique, compositions

Jean-Charles Richard: saxophones baryton & soprano

Stéphane Kerecki; contrebasse

Fabrice Moreau: batterie

Non seulement, il y a du sérieux sur scène mais il y en a aussi dans la salle. Daniel Humair parmi les spectateurs. Né en 1938 et toujours gourmand de musique fraîche en 2023. Respect.

Sax soprano. Guitare avec gros effet de pédale planant. En douceur. Les notes se détachent. Ca sonne plutôt folk. Batteur aux balais. La contrebasse pose la pulsation. Tout de suite, l'espace s'élargit. Le chant aigre doux du soprano s'ajoute. Une ballade légère. Guitare et contrebasse vibrent doucement dans mon ventre. Batteur aux baguettes. Ca claque de partout. Jean- Marie Ecay chantonne sa mélodie en même temps qu'il la joue. Au tour du soprano de virevolter poussé par la rythmique. Le 4tet repart avec énergie. Fabrice Moreau distribue les pains. Ca pousse ferme. Un air chantant pour le final. Mon voisin de gauche le chante. Un morceau d'inspiration basque " Soriko " en 5/4 car Basque je suis, Basque je reste, nous explique Jean-Marie Ecay.

" Gemini Mode " (Jean-Marie Ecay). Cf extrait audio au dessus de cet article. Sax baryton. Dialogue en douceur avec la guitare. Suave à souhait. Batteur avec balai main droite et maillet main gauche. Fabrice Moreau reprend les baguettes. Ca pulse tranquille en s'étirant mais ça pulse. Jean-Charles Richard monte dans les aigus de l'instrument car il y en a sur le saxophone baryton malgré son nom. Solo de guitare avec des effets de vibrato grâce au levier. Batteur aux balais. Le baryton ponctue. La musique avance lentement et sûrement. La contrebasse se fait mieux sentir au sein du quartette. Le batteur hache menu aux balais. Guitare et saxophone ponctuent. Solo de contrebasse qui vibre bien. Le quartette reprend sa marche tranquille jusqu'au final.

Un peu de picking à la guitare pour commencer. Le batteur lui répond hachant menu le temps aux baguettes. La contrebasse pulse bien. Bonne vague. Je bats la mesure du pied droit. Le son du baryton se fait léger, fluide, aérien. La rythmique le pousse énergiquement. Le sax se tait. Solo vif, aigu de la guitare mais sans trop monter le son. C'est du Jazz, sapristi! Le volume sonore diminue pour le solo de Stéphane Kerecki ponctué par le batteur aux baguettes et la guitare voire le sax baryton. Le quartet repart énergiquement. Splendide. Ils jouent une formule magique qui tourne en boucle et me captive à chaque passage. " Up above ". Jean-Marie Ecay explique sa composition pour les musiciens présents dans la salle. Je n'entre pas dans cette catégorie socio-professionnelle. Un chaabi qui boite. Presque dansant.

" Exit 11 ". Saxophone soprano. Intro par un solo de Fabrice Moreau aux baguettes. Il emplit l'espace sonore. Le quartette démarre. Avec la légèreté du soprano au dessus de la masse sonore en mouvement de la rythmique. Par ici la sortie. " Exit 11 " comme l'indique le titre. Le soprano attaque franchement bien poussé par la contrebasse & la batterie. La guitare ponctue avec un son Jazz cette fois. Solo de soprano dans la droite ligne de John Coltrane. Solo de guitare plus Jazz que les précédents mais pas moins énergique. Contrebassiste et batteur aux baguettes pulsent dur. Solo de contrebasse. Chabada chabada fait le batteur aux baguettes, vif et léger. Quelques envolées de guitare en sourdine pour ponctuer. Au batteur de se lancer aux baguettes. De prendre toute la place même si contrebasse et guitare relancent derrière. Ca roule, claque, cingle. Fabrice Moreau décortique le temps. Il est seul, se relance lui même. Daniel Humair applaudit à la fin du solo. Pour un batteur, cela vaut toutes les critiques.

" Almadia " (Jean-Marie Ecay). Almadia signifie Radeau en espagnol. Titre dédié à sa maman. Saxophone soprano. Un solo de guitare pour commencer avec des effets de pédale. Une ballade. Il passe à un air funky. La contrebasse pulse. Batteur régulier aux baguettes. La mélodie se déploie, charmante et énergique. Solo de contrebasse qui masse bien le cerveau. Batteur avec un balai main droite et une baguette main gauche. Toujours aussi régulier. Le sax enchaîne. Jolie chanson d'amour de Jean-Marie Ecay pour sa maman. Le quartette repart avec le batteur aux baguettes. Dialogue guitare & batterie. Ils se regardent, s'écoutent, s'interrogent, se piquent et se relâchent. La contrebasse reprend sa place. Le sax soprano ajoute ses éclairs. Petite citation de " Jean-Pierre " de Miles Davis au sax soprano. Thème lui-même dérivé de la berceuse française " Do do l'enfant do ". 

Le concert est terminé. La serveuse avait décidé que mon voisin de droite et moi formions un couple. Je lui ai offert son verre pour fêter cela. En fait, le monsieur est marié depuis 1980, père et grand-père et a profité d'un dîner de sa femme avec ses copines pour aller au concert. Quant à moi, mon récent divorce ne m'a pas fait changer d'avis sur les femmes. Jean-Marie Ecay conclut en disant qu'il avait la pression au vu des musiciens présents dans la salle. J'ai reconnu Daniel Humair mais il n'y avait pas que lui. A les entendre, la pression fut bénéfique à ce carré magique. La preuve, ils n'ont joué que des compositions de Jean-Marie Ecay, ne se reposant pas sur les repères des standards du Jazz.

 

La vidéo sous cet article est extraite d'un précédent concert de Jean-Marie Ecay au Baiser Salé , à Paris en France, le vendredi 12 août 2022.

La photographie de Stéphane Kérecki est l'oeuvre du Vivant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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Marc Copland & Jean-Charles Richard reçoivent au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Marc Copland par Juan Carlos HERNANDEZ

Marc Copland par Juan Carlos HERNANDEZ

Marc Copland

&

Jean-Charles Richard 

Le Sunside

Paris, Ile de France, France

Jeudi 27 octobre 2022, 21h30

Album " L'étoffe des rêves ". Cf vidéo sous cet article.

 

Marc Copland : piano

Jean-Charles Richard : saxophones soprano & baryton

Claudia Solal : chant

 

Quelques notes de sax soprano pour commencer. Quelques notes de piano en réponse. Ils tâtonnent, se cherchent puis se trouvent vite. Marc Copland a beaucoup joué en duo avec Dave Liebman. Jean-Charles Richard est le principal disciple de Dave Liebman. Le duo Marc Copland & Jean-Charles Richard est donc parfaitement logique. Y ajouter Claudia Solal aussi puisque son père, Martial Solal, pianiste, a joué en duo avec Dave Liebman sur la recommandation de Jean-Charles Richard.

 Jean-Charles Richard n’a pas joué du Funk chez Miles Davis et cela s’entend. Ils arrivent à un standard. Tiré d’un film de Walt Disney « Blanche neige et les 7 nains ». « Un jour mon prince viendra ». « Someday my prince will come », titre d’un album de Miles Davis (1961) où figure le dernier morceau enregistré par Miles Davis avec John Coltrane, « Someday my prince will come » justement. La ballade devient acide avec une envolée du sax soprano.

Solo de piano. Une valse comme les aime Marc Copland. Silence religieux dans la salle. Pas d’applaudissement après le solo de piano.

« Calder » une composition de Jean-Charles Richard en hommage au sculpteur et peintre Alexandre Calder. Toujours au soprano. Son doux, plaintif, avec une certaine fragilité dans la musique. C’est mobile comme un mobile de Calder. " Pourquoi l' art devrait-il être statique? (...). L'étape suivante en sculpture c'est le mouvement " (Alexandre Calder). En musique, le défi, c'est au contraire l'immobilité. Vaste débat philosophique que posent aussi les musiciens ce soir. 

Un hommage au pianiste anglais John Taylor, déjà salué sur ce blog. Je n’ai pas capté le titre. Sax soprano. Démarrage en duo, toujours en douceur. Le pianiste marque un doux balancement. Ca valse tranquille. Ca berce. « Go ahead » dit Marc Copland. Jean-Charles Richard commence seul au soprano. Il monte dans l’aigu alors que le piano le rejoint dans le grave. Envolée en torsade entre piano et soprano, liés inextricablement. Ca décolle. Les deux chants se séparent et montent parallèlement. Splendide.

Claudia Solal monte sur scène pour chanter la mort d’Ophélie, thème shakespearien. « Ophelia’s death ». Piano bien grave et lent. Voix hantée de Claudia Solal. La Toussaint est proche. Le sax soprano vient ajouter sa lamentation. Cf extrait audio au-dessus de cet article.

 

PAUSE

La musique est belle et l’ambiance est douce mais je m’endors. J’espère que Jean-Charles Richard a joué du baryton dans la 2e partie.

La photographie de Marc Copland est l'oeuvre du Splendide Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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La Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki au cinéma Balzac

Publié le par Guillaume Lagrée

Nouvelle Vague

Stéphane Kerecki Quartet

Ciné concert

Cinéma Balzac

Paris. Mardi 20 mars 2018. 20h30

Stéphane Kerecki: contrebasse

Guillaume De Chassy: piano

Fabrice Moreau: batterie

Jean-Charles Richard: saxophone soprano

 

Bienvenue à la 40e abonnée de ce blog. Que les Dieux et les Muses la protègent! 

L'album " Nouvelle Vague " de Stéphane Kerecki est sorti en 2014 et n'a pas été joué sur scène depuis 2016. Depuis 2015, John Taylor (piano) a été remplacé par Guillaume De Chassy pour cause de décès lors d'un concert de ce programme, Jean-Charles Richard (saxophone soprano) a remplacé Emile Parisien, toujours en vie, et Jeanne Added (chant), bien vivante, est absente ce soir. 

Avant le concert, sur l'écran de la salle du cinéma Balzac, sont projetés les visages de Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo avec des dialogues d'A bout de souffle dont le fameux final. " Qu'est ce qu'il a dit? Il a dit que vous êtes vraiment une dégueulasse. Qu'est ce que c'est dégueulasse? ".

" Le Mépris " (1963), film de Jean-Luc Godard avec une musique de Georges Delerue. Le seul film de Godard avec BB. A l'écran, un court extrait du film puis l'écran devient rouge. La contrebasse amène le thème. Soprano tranquille et énervant à la fois. Le soprano joue le rôle des violons.

Un air connu mais je ne sais plus de quel film. Léger, frémissant. Le batteur tricote aux baguettes. Ouï ce que j'entends, ça parle forcément d'amour. A l'écran, Brigitte Bardot, la blonde et Anna Karina, la brune, se succèdent. Puis les sœurs, Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, " Les demoiselles de Rochefort " (1967) de Jacques Demy. C'est " La chanson de Maxence " (Michel Legrand). Juste avant, c'était " Pierrot le fou " (1965) de Jean-Luc Godard. Musique d'Antoine Duhamel. 

" Ascenseur pour l'échafaud " (1957) de Louis Malle. Musique de Miles Davis jouée sans trompette ni saxophone ténor (Barney Wilen). Solo de contrebasse pour commencer. Fabrice Moreau aux baguettes très rapide et très léger, ce qui est difficile. Le thème n'est pas encore reconnaissable. Je reconnais " Florence sur les Champs Elysées " en version accélérée. Au lieu de copier, ils créent une autre beauté, ce qui est plus sage. A l'écran, Florence (Jeanne Moreau) erre sur l'avenue des Champs Elysées, à Paris, la nuit, à la recherche de Julien (Maurice Ronet). Puis Jean Seberg embrasse passionnément Jean-Paul Belmondo dans " A bout de souffle ". Des dialogues s'entrechoquent. Le piano ponctue le silence puis revient au thème. Fabrice Moreau, aux balais, malaxe en digne héritier de Kenny Clarke

Un petit air léger que je ne connais pas. Ca balance bien. Joué sans piano. Logique car il devait s'abriter pour " Tirez sur le pianiste " (1960) de François Truffaut. 

" Ta voix, tes yeux ", chanson de Paul Mizraki pour " Alphaville " (1965) de Jean-Luc Godard. Retour du pianiste pour un duo avec le contrebassiste. Une ballade. Le batteur arrive aux balais. Ca roule tranquille. 

Ensuite " Lola " (1961) de Jacques Demy avec la 7e symphonie de Beethoven interprétée superbement par un quartet de Jazz puis " Roland rêve " (Michel Legrand). 

" Les 400 coups " (1959) de François Truffaut. Musique de Jean Constantin. A l'écran, ce n'est pas Jean-Pierre Léaud mais Anna Karina. Volontairement, le film monté pour le concert entrechoque les sons et les images pour ne pas résumer une œuvre mais en créer une autre, au service de la musique. Le petit air en pizzicato de la contrebasse reprend celui du violon dans le film.

RAPPEL

" La chanson d'Hélène " dans " Les choses de la vie " (1970) de Claude Sautet. Ce n'est plus la Nouvelle Vague mais c'est dans la suite logique. Chanson sublime pour Romy Schneider, sublimement jouée ici. 

 

Lectrices mélomanes, lecteurs cinéphiles, " Nouvelle Vague " de Stéphane Kerecki illustre parfaitement un propos de Jean-Luc Godard, " on peut entendre les images et voir la musique ". Si vous connaissez les films, ce quartet ravivera votre mémoire. Si vous ne les connaissez pas, il vous donnera envie de les découvrir. Dans l'un ou l'autre cas, jamais une vision ne vous sera imposée. Les musiciens proposent, les auditeurs disposent.

 

Notes finales pour 2018 du festival Jazz et Images à Paris, au cinéma Balzac, vendredi 6 avril à 21h avec Henri Texier sur scène et à l'écran. A ne pas manquer. 

 

La photographie de Stéphane Kerecki est l'œuvre du Prestigieux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

Stéphane Kerecki par Juan Carlos HERNANDEZ

Stéphane Kerecki par Juan Carlos HERNANDEZ

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Le trio de Jean-Philippe Viret joue à domicile au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Jean-Philippe Viret Trio

Le Sunside. Paris.

Vendredi 22 décembre 2017. 21h.

Jean-Philippe Viret: contrebasse, composition, direction

Edouard Ferlet: piano, composition

Fabrice Moreau: batterie, composition

Le trio nous emmène dans sa vague dès le départ. C'est fin et puissant. Le chef du triumvirat est à l'archet. Retour au pizzicato. Quelle bonne vibration! Son majestueux de la contrebasse. Le batteur ajoute de la puissance. Le piano, c'est le flux de l'eau. Il y a tant d'ambiances différentes dans ce morceau qu'il devient une suite orchestrale. 

Ca démarre tranquille Frottent, frottent les balais. Solo de contrebasse en pizzicato. Jean-Philippe Viret ne fait pas slapper la basse tout comme Lee Konitz ne joue pas bluesy. Ce n'est pas sa culture. Il crée un autre genre de beauté. Les baguettes amènent plus de rythme à l'ensemble. Une boucle rythmique tourne et nous emporte.

" Tous contraints " (cf extrait audio sous cet article). Duo piano & contrebasse tout en douceur pour commencer. Fabrice Moreau ajoute quelques tapotis de ses mains sur les tambours. Une musique de film romantique mais pas en toc.

Une première mondiale : " A la Saint A Oua Oua " (sic). Musique ultra rythmique et ultra précise. De l'électro en acoustique. Bluffant et inattendu de la part de ce trio.

PAUSE

Lectrices insatiables, lecteurs infatigables, j'espère que vous voudrez bien m'excuser mais ma chronique cesse ici. Mon stylo rendit l'âme foudroyé par tant de beauté. Madame M-H qui poursuit son initiation au Jazz actuel par les batteurs n'en avait pas à me prêter. La maîtrise de ces gaillards l'a impressionné, spécialement le relâchement du batteur, Fabrice Moreau.

Au deuxième set, d'autres morceaux en première mondiale. D'autres compositions aux titres subtils dignes de Martial Solal " En un mot commençant " par exemple. D'autres climats, d'autres voyages. Le trio de Jean-Philippe Viret fêtera bientôt ses vingt ans d'âge. Il a changé de batteur en route, Fabrice Moreau succédant sur le trône à Antoine Banville mais il n'a pas perdu son âme. Un nouvel album et de nouveaux concerts fêteront dignement l'événement. Affaire à suivre. 

La photographie de Jean-Philippe Viret & Edouard Ferlet est l'œuvre du Fidèle Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Jean-Philippe Viret & Edouard Ferlet par Juan Carlos HERNANDEZ

Jean-Philippe Viret & Edouard Ferlet par Juan Carlos HERNANDEZ

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Jean-Philippe Viret " Supplément d'âme "

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Jean-Philippe Viret

" Supplément d'âme "

Mélisse. Abeille Musique. 2012.

Sortie physique le jeudi 22 novembre 2012.

Concert de lancement à Paris au Café de la danse,

le vendredi 21 décembre 2012 à 20h.

 

Jean-Philippe Viret: contrebasse, compositions (sauf n°2)

Eric-Maria Couturier: violoncelle

David Gaillard: violon alto

Sébastien Surel: violon

 

Jean Philippe Viret

 

La photographie de Jean-Philippe Viret est l'oeuvre de l'Esthète Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Lectrices baroques, lecteurs romantiques, voici une musique faite pour vous plaire. J'avoue que lorsque j'ai assisté au premier concert de ce quartet à cordes le 31 juillet 2011 au Parc floral de Paris dans le cadre du Paris Jazz Festival, je ne fus pas vraiment convaincu par cette musique. Maintenant qu'elle est enregistrée en studio et à ma disposition, est ce moi, elle ou les deux qui avons gagné un supplément d'âme? En tout cas, j'aime.

Le quatuor à cordes est fixé dans sa composition depuis Joseph Haydn au XVIII° siècle: un violoncelle, un alto, deux violons. Les plus grands compositeurs de la musique savant européenne dite classique s'y sont illustrés: Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms, Lizst mais surtout des compositeurs de langue allemande. Pour connaitre le sujet de fond en comble, je recommande L'histoire du quatuor à cordes de Bernard Fournier en 3 volumes chez Fayard.

Jean-Philippe Viret, contrebassiste français de Jazz, a remplacé un violon par sa contrebasse, réuni autour de lui trois solistes classiques de classe internationale, composé pour ce groupe une musique qui relève bien du Jazz puisqu'il ne s'agit pas d'un concerto tel qu'il en a été écrit des centaines pour quatuor à cordes mais d'une série de morceaux aux ambiances diverses, avec une musique extrêmement écrite même si elle respire comme si elle était improvisée. C'est pourquoi il est loisible de parler de quartet comme l'on dit en Jazz pour ce groupe.

Par rapport au concert que j'avais entendu, je maintiens mon avis sur un point: la plus belle composition est celle de François Couperin " Les barricades mystérieuses ", pièce de clavecin superbement arrangée pour le quartet par Jean-Philippe Viret. La musique jouée ici me semble plus dense, plus concentrée, moins dispersée que ce que j'avais perçu au concert. Chaque morceau est une saynète parfois grave (Coalescence, n°2), ludique ( Esthétique ou pathétique? n°1), aérienne (Le rêve usurpé, n°6).

Vivement le prochain concert de ce quartet que je puisse renouveler les vives et riches impressions que procure cette musique.

A l'album s'ajoute un DVD qui fait le portrait de Jean-Philippe Viret, de l'homme, du créateur et de ses différents projets. Voici le film pour découvrir un homme de bien et de beauté.

 

 

 

 


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Jean de AGUIAR trio nous embarque sur la péniche Marcounet

Publié le par Guillaume Lagrée

Jean de Aguiar trio

& invités

Péniche Marcounet

Paris, Ile de France, France

Dimanche 5 novembre 2023, 18h

 

Jean de Aguiar : guitare acoustique

Joana Martinez : contrebasse

Léo Laurent : vibraphone

Invités :

Louis de Aguiar : guitare électrique, chant

Remilson Nery : bongos, chant, poésie

 

Première partie en trio.

Intro à la guitare qui sonne déjà bossa nova. Fluide, liquide. La contrebasse ajoute sa pulsation grave. Le vibraphone éclaire l’ensemble. La péniche Marcounet se balance doucement sur la Seine, comme la musique. «C’était « Rio de oro » une composition de Jean de Aguiar que j’aurais dû reconnaître.

Une composition de Federico Monpou. Une danse catalane. Intro à la contrebasse. Ca avance à pas de chat. Le trio vogue élégamment comme une dame de qualité sur La Rambla. La musique s’anime, virevolte, danse. Beau dialogue de cordes hispanisant à souhait entre guitare et contrebasse.

Solo de guitare en intro. Bien frotté. La ligne mélodique commence à sortir. Le trio enchaîne. Ca balance énergiquement. Couleur brésilienne dans ce morceau. Solo vif du vibraphone bien soutenu par la rythmique.

Enchaînement sur une chanson brésilienne, du guitariste Baden Powell, « Berimbau ». Paroles en portugais par Vinicius de Moraes. « Bidonville » pour la version française par Claude Nougaro. Le trio a enchaîné sur un autre air brésilien, il me semble. En janvier 2024, à Paris, le trio de Jean de Aguiar donnera un concert consacré à Baden Powell.

Intro en solo de contrebasse. Joana Martinez installe le tempo et le trio joue une sorte de Blues. Avec le bagage de musiciens français venus du classique. Yeux clos, Joana Martinez ne lâche pas le tempo alors que le vibraphone décolle et que la guitare ponctue. C’était « Creole Blues », un Blues vaudou de Sidney Bechet.

« Fables of Faubus » (Charles Mingus). Solo de contrebasse pour commencer. Forcément puisqu’il s’agit d’une composition d’un contrebassiste. Morceau composé en 1959 contre Orvell Faubus, gouverneur de l’Arkansas, qui envoya la Garde nationale pour empêcher les enfants noirs d’aller dans des écoles blanches. Louis Armstrong convainquit le président Eisenhower d’envoyer l’armée fédérale et les enfants noirs purent aller à l’école avec les blancs. Un adolescent blanc de l'Arkansas, né en 1946, fut marqué à vie par cette scène. William Jefferson dit Bill Clinton, président des Etats Unis d’Amérique de 1993 à 2001, le premier président noir des Etats Unis pour Toni Morrison, prix Nobel de littérature. Charles Mingus dut enregistrer une version sans paroles pour CBS et créa son label indépendant pour enregistrer la version avec paroles. Bonne vibration. Le vibraphone remplace le saxophone. Etrange mais cela fonctionne. Passage à l’archet. La maîtrise technique de la musicienne classique s’entend. Elle finit en pizzicato.

PAUSE

Deuxième partie en quartette puis quintette.

L’archet produit un son de basse qui se maintient. « Terra Umbra », ma composition fétiche de Jean de Aguiar. Je la reconnais dès les premières notes de guitare. La contrebassiste range l’archet et installe la pulsation. Joli petit pont franchi en trio. Final joyeux avec une fin claire, nette et précise.

Un standard du Jazz dont Ahmad Jamal fit sa chose, « Poinciana ». Intro à la contrebasse pour poser la pulsation. Remilson Nery s’installe aux bongos ajoutant une couleur sud-américaine à la musique. Solo de vibraphone. Le percussionniste se cale sur le guitariste. Le vibraphone joue le solo de piano.

Louis de Aguiar, fils de Jean, vient ajouter sa guitare électrique. Jean & Remilson dialoguent en finesse. La 2e guitare est branchée. La contrebasse ajoute sa pulsation.  Chant et percussions à la brésilienne. Le vibraphone ajoute un son de cristal. Beau mélange Europe-Amérique avec une ascendance d’Afrique. La guitare acoustique sonne bossa nova. La guitare électrique sonne jazz nord-américain. Bon dialogue interculturel entre père et fils. La cohésion du groupe, passé du trio au quintette, reste solide. Les attaques vocales de Remilson Nery sont prolongées par le jeu de Jean de Aguiar. Joli dialogue amical entre guitare acoustique et bongos.

Une chanson écrite par Remilson pour son fils quand il avait 2 ans. Il range les percussions pour chanter seulement. Introduction de Jean pour installer l’ambiance. Justement son fils lui répond à la guitare. Une ballade tendre. Le groupe démarre souple et énergique. Retour aux bongos sans chant. Solo de vibraphone bien poussé par l’ensemble. Solo du père avec le fils à la guitare rythmique. Django Reinhardt jouait avec ses cousins et ne voulait pas que son fils Babik joue de la guitare.

Une chanson de Remilson née de l’observation d’un jeu sensuel entre filles et garçons amérindiens dans le fleuve en Amazonie. « Tu me rattrapes, je te rattrape ». Morceau sensuel en effet. Douce pulsation rythmique. La péniche Marcounet balance aussi suite au passage d’un gros bateau sur la Seine. La musique ondule, la péniche aussi ainsi que les photographies accrochées aux murs. Dialogue sensuel entre contrebasse et percussions. Le quintette finit tout en douceur.

A Louis de Aguiar de chanter maintenant. « Pars » du troubadour auvergnat Jean-Louis Murat qui est la version française d’une chanson brésilienne « E preciso perdoar » immortalisée par Joao Gilberto & Stan Getz. La voix de Louis de Aguiar est proche de celle de Jean-Louis Murat. La musique est bien brésilienne avec des paroles en français. Bongos en arrière-plan.

Une chanson sur les exilés politiques pendant la dictature militaire au Brésil (1964-1985). Exilés voulant dire morts le plus souvent. Dialogue de guitares tout en douceur pour commencer. Le quintette part sur une musique douce, nostalgique mais rythmée. Brasil.

Retour au trio pour le final avec une chanson d’Edith Piaf, « L’hymne à l’amour ». Jean le joue seul superbement puis le trio démarre tranquille.

RAPPEL avec Remilson Nery de retour aux bongos.

J’eus la bonne surprise de retrouver à ce concert, un couple d’amis G&G ainsi que Pablo, un Dominicain de Paris (de nationalité. Pas un moine) que j’avais rencontré lors d’un précédent concert de ce trio en septembre 2023. Lui et moi sommes d’accord pour dire que la cohésion du trio de Julien d Aguiar progresse audiblement. Jusqu’où s’arrêtera t-il ?

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Miles Davis. Les sessions photographiques de Jean-Pierre Leloir

Publié le par Guillaume Lagrée

Kenny Clarke & Miles Davis par Jean-Pierre LELOIR

Kenny Clarke & Miles Davis par Jean-Pierre LELOIR

Miles Davis

Les sessions photographiques de Jean-Pierre Leloir.

Préface de Marion Leloir

Textes de Philippe Margotin

Glénat. 2018. 191 pages.

Lectrices princières, lecteurs ténébreux, retrouvez vous autour du Prince des ténèbres, du Sorcier, Miles Davis (Cf album " Sorcerer ", 1967) photographié par le Français Jean-Pierre Leloir (1931-2010).

Il me tolérait, disait Jean-Pierre Leloir de Miles Davis (1926-1991). Miles Davis avait une histoire d'amour avec la France due à son premier séjour en 1949 et à sa rencontre passionnée avec une Française, Juliette Gréco. Ils restèrent amis toute la vie de Miles. Jean-Pierre Leloir lui a photographié Miles Davis en France de 1956 à 1991, le plus souvent en noir et blanc, parfois en couleur.

C'est ce que nous raconte cet album de photos choisies avec soin dans les archives bien organisées de Jean-Pierre Leloir. Cela commence par une touchante préface de Marion Leloir, sa fille, qui raconte ses souvenirs d'enfance lorsqu'elle voyait son père et sa mère sortir le soir, élégants et munis d'un appareil photographique. L'artiste et son assistante, inséparables dans la vie comme au travail.

Le décor posé, Philippe Margotin nous raconte l'histoire avec les périodes de Miles Davis, comme celles de Pablo Picasso, qu'il appréciait. Le hard bop des années 50, le jazz modal à partir de 1959, le second quintet des années 60, la tentation du jazz rock, pour finir du funk au hip hop. Il y ajoute une discographie commentée de Miles Davis. 

Miles Davis est visible sur scène ou en studio (la séance mythique d'Ascenseur pour l'échafaud, musique du film de Louis Malle, en 1957. Cf extrait audio sous cet article). Miles apparaît aussi moins distant lorsqu'il s'amuse à jouer au bilboquet sur la plage de l'hôtel Belles Rives à Antibes-Juan-les-Pins, celui rendu célèbre dès les années 1920 par Francis Scott Fitzgerald et sa bande. Il joue aussi au festival d'Antibes-Juan-les-Pins le 25 juillet 1969. Moins d'un mois avant de l'enregistrer en studio à New York, Miles Davis et son quintette testaient sur scène le répertoire d'un album culte " Bitches Brew ". Miles runs the voodoo down. Cf vidéo sous cet article.

Apparaissent aussi des musiciens amis de Miles Davis: Kenny Clarke, Français d'adoption (cf photographie de cet article), Sonny Rollins, John Coltrane, le Modern Jazz Quartet, Barney Wilen et même Sacha Distel à l'époque où il était encore un excellent guitariste de Jazz et déjà beau gosse. Ils sont tous beaux, élégants et rayonnants d'énergie vitale.

Au jeu des 7 erreurs, j'en ai trouvé une de taille: situer en 1960 une photographie de concert de Miles Davis avec Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams, section rythmique constituée en 1963. Il y en a quelques autres mais il n'y en a pas 7 et elles ne gâchent pas le plaisir de la lecture. 

Bref, vous l'aurez compris, lectrices princières, lecteurs ténébreux, cet album de photographies constitue une superbe introduction visuelle à l'univers du Prince des ténèbres. A parcourir en écoutant les albums référencés pour chacune des périodes illustrées. Si, comme moi, vous avez le culte du Sorcier, Miles Davis. Les sessions photographiques de Jean-Pierre Leloir doit figurer dans votre bibliothèque. Si vous ne l'avez pas encore, vous y plongerez avec ce livre et cette musique. 

La photographie de Miles Davis & Kenny Clarke à Paris, au Club Saint Germain, en décembre 1957, est l'œuvre de Jean-Pierre Leloir. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de ses ayants droit constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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Dialogue au Sommet: Peter Bernstein Trio invite Alain Jean-Marie au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Peter Bernstein Trio

invite 

Alain Jean-Marie

Le Sunside

Paris, Ile de France, France

Vendredi 5 novembre 2021, 21h

 

Peter Bernstein: guitare électrique

Doug Weiss: contrebasse

Roberto Gatto: batterie

Alain Jean-Marie: piano

Stéphane Portet, patron du Sunset-Sunside, présente les musiciens avec sa fille âgée de 5 ans. La demoiselle n'est pas intimidée. Adorable. Le Sunset-Sunside est né en 1982. Il fêtera donc ses 40 ans en 2022. Les festivités d'anniversaire seront annoncées en leur temps sur ce blog. Stéphane en a hérité de ses parents, les fondateurs du club. La jeune garde se prépare à prendre la relève. 

Une soirée consacrée aux standards joués par des Maîtres. Ca commence tout en douceur. Batteur aux balais. Je chantonne déjà l'air sans retrouver le titre. Ca balance tranquille. Du miel pour les oreilles. Petites attaques de guitare. Peter Bernstein sort du classicisme mais sans brutalité. Juste un peu plus d'énergie. Alain Jean-Marie prend la main et pilote la rythmique. Le batteur est aux baguettes. Le style et le son de la musique me projettent 60 ans en arrière mais avec la même fraîcheur qu'à l'époque. Solo de contrebasse. La guitare ponctue légèrement. Le batteur soutient mezzo voce sur les cymbales. Léger break de batterie. Le quartet repart en souplesse. Pour les spectateurs placés au fond de la salle, comme moi, un écran TV au dessus du bar diffuse le concert en direct. Cela permet de voir les musiciens en plus de les entendre. Sage précaution.

Solo de guitare en intro d'une ballade soyeuse. Un nouveau standard dont le titre m'échappe. Le quartet démarre avec le batteur aux baguettes. Ce n'est pas une ballade finalement. Alain Jean-Marie dirige la rythmique de main de Maître. Ca pulse, nom de Zeus! Ca swingue terrible. La guitare ajoute une grâce en plus. Gros beau son de la contrebasse qui résonne dans le ventre. Doug Weiss accélère tout en restant précis. Fin cliquetis de baguettes. sur les cymbales pour accompagner. Série de breaks de batterie ponctuée par les 3 autres.

Le quartet a joué " Whisper not " (Benny Golson) suivi de " I love You " (Cole Porter). Cf vidéo sous cet article.

Une ballade. Batteur aux balais. Un petit feeling latino dans le rythme. Un petit air de tango là dedans. Ca chaloupe en douceur et en souplesse. Je ne connais pas cet air mais il est enchanteur. Alain Jean-Marie pilote la yole de la rythmique. Je suis bercé au creux de la vague. Le solo de Doug Weiss ajoute une autre vibration. Le quartet joue tranquille et envoûtant. Dieux que c'est bon!

Le quartet repart sur un air plus jazz et plus vif. Batteur aux baguettes. Hugo Lippi, guitariste français, est venu profiter de la leçon de guitare de Peter Bernstein. Le quartet est fermement impulsé par la contrebasse et la batterie.

Enfin je reconnais un standard. " Love for Sale" (Cole Porter). Je progresse. C'est le titre du dernier album en duo de Tony Bennett & Lady Gaga que je n'ai pas écouté. Batteur aux baguettes. Le quartet balance toujours aussi bien.  Ca tricote entre contrebasse et batterie pour accompagner le piano. Quelle fine toile tissent ces 3 là:

Première intro en piano solo. La patte d'Alain Jean-Marie se reconnaît tout de suite. Une ballade dont le titre m'échappe. Batteur aux balais. Le quartet joue si suavement que je m'endors bercé par la musique. C'était " If You could see me now " (Tadd Dameron).

Peter Bernstein fait une déclaration d'amour à Alain Jean-Marie: " Cela fait 30 ans que je voulais jouer avec cet homme. Quand j'ai commencé, il jouait à tous les concerts et il jouait toujours bien. Je voulais jouer comme lui mais, comme je ne pouvais pas, je voulais jouer avec lui ".  Bel hommage qu'Alain Jean-Marie a accueilli avec sa modestie et sa discrétion habituelle.

Hommage à Pat Martino (1944-2021), guitariste de Jazz américain décédé le 1er novembre 2021, une influence majeure pour Peter Bernstein. Un air vif, de hard bop. Je ne connais pas. En tout cas, ça swingue terrible. Batteur aux baguettes. Breaks de batterie pour relancer la machine.

PAUSE

La musique est somptueuse. La salle est comble et le public comblé. Moi aussi mais je suis trop fatigué pour suivre. La chronique est donc finie.

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Alain Jean Marie Biguine Reflections Trio Pianissimo au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Festival Pianissimo

Sunside. Paris, Ile de France, France.

Mardi 23 août 2016.21h.

Alain Jean-Marie « Biguine reflections trio »

Alain Jean-Marie : piano

Eric Vinceno : guitare basse électrique

Jean-Claude Montredon : batterie

Lectrices métisses, lecteurs créoles, je vous prie de bien vouloir excuser mes fautes en créole des Antilles françaises. Je ne parle pas cette langue.

Alain Jean-Marie explique la musique qui va nous être jouée : « Reflets de biguine sur la musique de Jazz et reflets de Jazz sur la biguine. Des réflexions du Jazz sur la biguine, de la biguine sur le Jazz, De toute façon, ce sera de la musique ». Comme disait Jean Cocteau, premier président de l’Académie du Jazz : « Les miroirs feraient bien de réfléchir avant de nous renvoyer notre image ».

Petit solo de piano Jazz pour introduire le débat. La musique est ancrée par la basse, propulsée par la batterie et aérée par le piano. Même sur un air dansant plane cette douce nostalgie propre à Alain Jean-Marie. C’était « Sérénade » (Alain Jean-Marie). Sérénade créole ce soir.

« Jean-Claude » composition d’Alain Jean-Marie en hommage à son batteur Jean-Claude Montredon. Ca tourne, nom de Zeus ! La batterie jouée aux baguettes sonne comme un tambour joué à mains nues. Il joue des boucles rythmiques propres aux musiques noires et en même temps, avec la liberté, la variété du Jazz, musique métisse.

« Notre musique est tirée du patrimoine populaire antillais mais à notre façon de jazzmen » (Alain Jean-Marie).

« Déception »(André Valbert). C’est l’histoire d’un jeune Antillais qui ne trouve pas l’âme sœur au pays, va la chercher dans l’Hexagone mais ne la trouve pas non plus. De retour au pays, il chante sa déception. Cette déception se danse de façon lente mais bien rythmée. Avec cette belle biguine, j’espère que ce jeune homme a pu trouver sa bien aimée.

« Koi fé » (Robert Mavounzy). Cela signifie « Que t’a-t-elle fait pour te mettre dans cet état ? ». Ca balance sérieusement, de quoi évacuer le chagrin d’amour. Ces trois vieux messieurs aux blancs cheveux envoient terrible. Le dialogue se fait entre piano et batterie, la basse assurant le lien. C’est son travail et elle le fait bien. Pas de solo. Le pianiste est le leader mais chacun a sa part du gâteau.

En Martinique, la mazurka, originaire de Pologne, est très populaire . C’est une musique à 3 temps comme la valse et le Jazz alors que la biguine est à 2 temps comme les marches militaires et le rock’n roll. Une mazurka d’Eric Vinceno « Drive » (à prononcer à la française) qui exprime la dérive des gens qui ne font rien. Intro en piano solo. Toujours le toucher. Gros son de basse. Ca nous emmène.

Arrangement de Jean-Claude Montredon sur « Retour au pays » (Eugène Delouche), une biguine des années 40. Là, c’est du deux temps. Solo de batterie tranquille mais percussif. Au fond de la salle, des mains battent la mesure. Ce son là vient d’Afrique via les Antilles. Jean-Claude Montredon sait jouer vite et doucement ce qui est le plus difficile pour un batteur.

Nous sortons des Antilles françaises pour aller aux Antilles anglaises voisines, plus précisément à Sainte Lucie pour une calypso « I need a man but I don’t want no good looking man ». En effet, le rythme est différent, c’est celui de la calypso. Le balancement est plus pesant mais ça marche aussi.

« Papa moin cou » (Ne me bats pas). Une biguine en hommage aux femmes battues. La biguine est un journal musical de la vie économique et sociale. Comme le rap. De l’art de chanter joyeusement des choses tristes, comme le Jazz. Ca sonne funky avec la basse qui slappe.

PAUSE

Le bassiste, seul sur scène, commence à jouer doucement pour faire revenir ses collègues.

Ca reprend tranquillement, avec une conclusion toujours aussi bien amenée « Mi bel jouné » (Alain Jean-Marie)

« Vallée heureuse » (Alain Jean-Marie), un joli coin nommé « Vallée heureuse » près de Fort-de-France (Martinique) devenu aujourd’hui un fast food. Il fallait y être au bon moment. Ce morceau dégage une sensation de bien être avec une touche de nostalgie propre à Alain Jean-Marie.

« Haïti » dédié par Alain Jean-Marie à « un peuple vaillant, qui a subi beaucoup de malchance de la part de malveillants ». Je reconnais immédiatement ce morceau qui m’envoûte dès les premières notes. C’est saisissant de beauté. Une boucle rythmique superbe et du grand piano pour emballer le tout.

« 22 mai zouk », morceau écrit par Alain Jean-Marie pour fêter le 22 mai 1848, date de l’abolition de l’esclavage aux Antilles (en Martinique plus précisément. Le décret de Victor Schoelcher date du 27 avril). L’air est vif comme celui de la liberté.

Batterie et piano s’effacent pour laisser place à la basse. Solo subtil aux cordes frottées. Silence dans la salle. Par la porte ouverte nous parvient la rumeur de la terrasse. Exercice de concentration pour un public attentif. Nous sommes un mardi soir fin août à Paris et la salle est quasiment pleine. C’est rassurant.

Le trio repart groupé sur la précédente boucle. La musique couvre la rumeur. Ma voisine de gauche danse sur sa chaise. Ma voisine de droite est plus sage mais enthousiasmée par le batteur. Le trio progresse vers la transe avec les tambours qui roulent sous les baguettes comme sous des mains nues. Le public bat la mesure pour les encourager. Le jeu se calme. Alain Jean-Marie sort des tours de magie sonores. Ca bat bien la mesure au fond de la salle.

Ca balance plus fort qu’au 1er set. Le trio est chaud et le public aussi. C’est l’ « AJM Blues » composé par qui vous savez lectrices métisses, lecteurs créoles.

Le trio a maintenu cette tension et cette chaleur jusqu’à la 2e pause mais j’étais trop fatigué pour suivre le 3e set. De plus, il y avait école le lendemain.

Splendide concert qui s’est renouvelé non moins splendidement le lendemain, mercredi 24 août, au Sunside, à Paris.

A ce propos, deux témoignages fiables, précis et concordants me permettent d'affirmer que les spectateurs du concert du mercredi 24 août 2016 bénéficièrent d'un supplément de chantilly offert par la maison avec la présence de Luther François, natif de Sainte Lucie, domicilié en Martinique, au saxophone ténor. Un seul regret exprimé par un de ces témoins, pianiste amateur: le batteur ne joue pas de balais. Parfois, avec ses baguettes, il a tendance à couvrir le pianiste. C'est écrit.

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michel graillier alain jean marie " Oiseaux de Nuit "

Publié le par Guillaume Lagrée

michel graillier alain jean marie

Oiseaux de Nuit

Un album Le Chant du Monde distribué par Harmonia Mundi. 2004.

 

 

 

Michel Graillier: piano

Alain Jean Marie: piano

Enregistrés en concert au Passage du Nord Ouest, Paris, les 27 et 28 décembre 1991.

 

 

Un regret d'abord. Pourquoi avoir supprimé des applaudissements dans un enregistrement fait en concert? Le prétexte avancé est qu'il y avait un silence avant les applaudissements tant la musique en imposait aux spectateurs. Ce silence, l'auditeur de cet album le fait aussi aujourd'hui. Comment ont-ils pu allier tant d'intensité à tant de sensibilité? C'est le mystère que Michel Graillier a emporté avec lui. Avec Alain Jean Marie, il avait trouvé un autre oiseau de nuit avec qui chanter. Je m'avoue incapable de différencier les deux pianistes tant ils se mêlent, se répondent, se confondent.

 

Ils jouent des standards sauf " Nightbird " d' Enrico Pieranunzi qui donne son titre à l'album. Voici une musique de fusion des âmes. Une musique à écouter au chaud chez soi par les longues nuits d'automne froides et pluvieuses. Elle est un idéal de pureté transmis par des hommes qui ont beaucoup vécu. Elle est intense, prenante, gracieuse, légère, bouleversante.

 

Je résumerai chaque morceau en un mot.

 

Magie pour " funk in a deep freeze ". Sensibilité pour " broken wing ". Energie pour " there will never be another you " et " well you needn't ". Chant pour " night bird ". Virtuosité pour " how deep is the ocean " avec un final qui laisse bouche bée. Révolte pour " naïma ". Joie pour " ray's idea ".

 

En hommage à ce duo, Eric Le Lann qui enregistra avec Michel Graillier un album en duo " 3 heures du matin " intitula son enregistrement Live au festival de Jazz de Vannes 1999 en duo avec Martial Solal " Portrait in Black and White ". Ce duo de pianos Michel Graillier/ Alain Jean Marie a marqué, marque et marquera encore.

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