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628 résultats pour “Jean Cocteau

Sébastien Llado and Co live in Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

Sébastien Llado and Co live in Paris

Paris. Le Sunside. Vendredi 20 novembre 2009. 21h.

Sébastien Llado : trombone, conques
Leila Olivesi : piano, Fender Rhodes, Mac portable, clavier
Bruno Schorp : contrebasse
Julie Saury : batterie

Ce soir le concert est enregistré pour un album. Le public est nombreux, jeune, prêt à s’enthousiasmer. Leila Olivesi est enceinte et elle rayonne, belle comme une Reine.

Pour commencer un hommage à Michael Jackson avec « Billie Jean ». En quartette acoustique avec trombone. Ca swingue. Ils jouent vraiment le thème. Bel hommage au King of Pop par un jeune caïd du Jazz. L’impro à partir du thème est purement Jazz. La contrebasse garde bien le groove. La batteuse distribue les pains comme le Christ aux Noces de Cana. Le bébé de Leila est bien bercé par un joli solo de piano. Retour au thème.

Leila pose la main gauche sur le piano, la main droite sur le Fender. Une ballade « Le miroir aux alouettes ». Ca sonne comme du Henri Texier, romanesque et swinguant. Sébastien empoigne une petite conque et parle en langue à travers. Leila s’est remise au piano. La romance file allègrement. Après le solo de contrebasse bien impulsé par Bruno, retour au trombone chaud et grave.

Retour au Swing. Tac, tac, ils attaquent. Retour au bebop en fait. Le contrebasse se dédouble reflétée par le miroir formé par le couvercle du piano. Solo de Leila dont la grossesse semble avoir accru l’énergie et la créativité au coefficients déjà forts élevés au départ. C’était « Ladies first » en hommage aux dames du groupe.

« Trans Trans » de Wolfgang Dauner, pianiste et compositeur allemand. Leila entame au Fender. Elle bat la mesure du pied, elle chantonne aussi. Bref, elle est dedans. Ca swingue avec classe. La contrebasse ajoute sa pulsation. La batteuse arrive et ça groove de plus en plus. Le trombone entre dans la danse. Duo contrebasse/batterie avec les mains sur les tambours. La rythmique repart légère et puissante, aux baguettes. Sébastien vient glisser son trombone par dessus, glissant sur des vagues de douceur.

« Valse Musée ». Duo piano/trombone. Ballade veloutée, brumeuse, laiteuse. Sébastien a mis la sourdine au trombone. Le piano est clair alors que le trombone semble sortir d’une grotte sous marine.

« Attentat suicide rue des Lombards ». Sébastien Llado a cauchemardé en octobre 2001 sur des avions s’écrasant dans la rue des Lombards. Vu l’étroitesse de la rue, je puis assurer que c’est impossible. Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, la rue des Lombards est la rue du Jazz à Paris puisqu’elle contient 4 clubs sur le même côté de la rue : le Sunset/Sunside au n°60, le Baiser Salé au n° 58, le Duc des Lombards au n°42. Leila Olivesi lance une alarme d’avion. « Alertez les bébés ! » (Jacques Higelin). Leila joue du piano et d’un clavier jouet en même temps. Le trombone déploie ses ailes de géant. Ca s’énerve. Basse et batterie pulsent, le trombone gronde. Le piano apaise le tout. Leila fait rouler ses doigts de Reine sur le clavier.

PAUSE

« L’aube des girafes ». Sébastien présente sa mère dans la salle. « Bravo Madame! », « Bien joué !» dit le public. Leila sort des petits sons métalliques de son jouet. La rythmique groove. Le public semble composé d’amis et de parents de Sébastien Llado. Le trombone s’étire paresseusement, voluptueusement. Leila reprend au piano, y ajoute son bruitage de film kung fu. Sébastien plane par dessus. Solo de batterie aux baguettes. Julie Saury mitraille sec et précis. Jolie transition au piano avant le retour du thème, au jouet et au trombone.

Sébastien prend une petite conque en solo. Il la fait cracher, grogner, slammer. Il la passe en boucle grâce à l’électronique, joue d’une deuxième conque qu’il fait chanter par dessus. Il percute la conque de la main, souffle dedans. C’est étrange et ludique. « Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés… » La voix de BB me revient en tête car c’est « La Madrague » qu’il joue. Accompagnement purement Jazz (piano/contrebasse/batterie) derrière les fantaisies de Sébastien à la conque. En pleine nuit de novembre à Paris surgit le soleil de la fin d’été sur la Mer Méditerranée. Merci Sébastien.

« Elan vers la lune ». Pour les mélomanes raffinés, sachez que la première partie comprend un thème exposé au trombone, la deuxième comprend un deuxième thème exposé au piano, la troisème partie réunit les deux thèmes joués ensemble. Explications données par le compositeur lui même, Sébastien Llado. Ballade rêveuse, amoureuse, langoureuse. Transition avec des roulements de maillets sur les tambours. Ces tambours là ne sont pas inquiétants comme « Les tambours de la pluie » d’Ismail Kadaré. Julie passe aux baguettes sur les cymbales. La rythmique enchaîne. Leila passe de son jouet sur le piano au piano. Ca déroule. Effectivement les deux thèmes se retrouvent dans la troisième partie.

Solo de contrebasse grave, calme, propulsif. Sébastien joue le blues au trombone wah wah. C’est ellingtonien en diable. Il se prend pour  Joe " Tricky Sam " Nanton. Bonne école. Ca grogne, ça ronronne. Très belle musique de polar. Sam Spade recherche la fille du colonel Parker dans l’obscure clarté de la nuit de LA… C’était « In a mean time » un Blues à deux accords.

« Dernière danse ». Le compositeur avertit les mélomanes avertis. Le thème est en 3 temps puis en 5 temps avec un contre-sujet. Evocation du type qui danse seul sur la piste à 3h du matin. Frank Zappa a écrit « Dancing Fool » sur cette même idée. La rythmique virevolte légèrement, gracieusement. Après un très beau solo de piano, le silence reste lorsque le trombone entre dans la danse. Avec le retour de la rythmique, les spectateurs se lâchent et applaudissent. Ca envoie. Le trombone pète de joie bien poussé par la rythmique.

Leila s’installe au Fender Rhodes pour une ballade funky. Tchic poum fait la batterie. La contrebasse marque le tempo. La berceuse marche. Je m’endors. Montée en puissance du groupe. Ils élèvent nos cœurs et nos âmes. Solo total de trombone qui amène le bouquet final du groupe.

Sur cette berceuse, j’ai senti que le marchand de sable était passé. Bien que je n’eusse pas école le lendemain, je suis rentré me coucher enchanté. Il ne me reste plus qu’à attendre la sortie de l’album pour revivre les belles sensations et émotions procurées par le quartet de Sébastien Llado.

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Jazz Archive: Mezzo & l'INA diffusent les grandes heures du Jazz à l'ORTF chaque jeudi à 20h30 de janvier à juin 2014

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Mezzo

&

l'Institut National de l'Audiovisuel

présentent

Les Géants du Jazz à la télévision française.

Chaque jeudi à 20h30 du jeudi 2 janvier au jeudi 26 juin 2014

 

Sonny Rollins

 

 

La photographie de Sonny Rollins est l'oeuvre du Colossal Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

Lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs, réservez tous vos jeudis soirs du 2 janvier au 26 juin 2014. Ces soirs là, si un importun vous demande ce que vous faites, vous direz que vous avez " Jazz sur Mezzo ". Bref, sauf cas de force majeure, vous ne serez pas disponibles. Si vraiment l'anniversaire de l'oncle Archibald, le mariage du cousin Germain, la réussite au permis de conduire de la nièce Aglaé, au baccalauréat du fils prodige, vous obligent à sortir, n'oubliez pas d'enregistrer l'émission ou de vous (faire) offrir les DVD.

En effet, grâce aux archives de l'INA, des heures de Jazz filmées et enregistrées par l'Office de la Radio et Télédiffusion Française ressurgissent pour le plus grand plaisir de tous ceux qui aiment le Jazz.

Vous salivez déjà? Vous trépignez d'impatience? Vous exigez le programme? Le voici:

- Jeudi 2 janvier 2014 à 20h30: Duke Ellington et son orchestre en concert à Paris, salle Pleyel, en 1958. " Chaque année, tous les Jazzmen du monde entier devraient se retrouver dans un même lieu, s'agenouiller et prier Dieu pour le remercier d'avoir créé Duke Ellington " (Miles Davis). Suivi de Dizzy Gillespie Jazz Session (1970). " La première fois que j'ai entendu Bird et Diz jouer ensemble, ce fut la plus grande sensation de ma vie habillé. Toute ma vie j'ai cherché à atteindre cette émotion dans ma musique. Je m'en suis parfois approché de très près mais n'y suis encore jamais arrivé. Je cherche encore " (Miles Davis).

- Jeudi 9 janvier 2014 à 20h30: Steve Kuhn Trio suivi de Gary Burton Quartet dans Jazz Harmonie (1970).Elegance et subtiiité au programme.

- Jeudi 16 janvier 2014 à 20h30: Don Cherry Jazz Session (1971). Ouvrez grand vos oreilles et vos esprits!

- Jeudi 23 janvier 2014 à 20h30: Ahmad Jamal Trio & Bill Evans Trio. Jazz Session (1971). Pour tous ceux qui aiment le piano.

- Jeudi 30 janvier 2014 à 20h30: Charles Tolliver (trompette). Jazz Session (1971, 1973).

- Jeudi 6 février 2014 à 20h30: Baden Powell Quartet  Jazz Samba (1971) suivi de Sun Ra and his Intergalaktic Arkestra (1972). Le Brésil suivi d'un voyage intergalactique, tout cela à la télévision française, saperpilpopette!

- Jeudi 13 février 2014 à 20h30: Illinois Jacquet Trio suivi de Dexter Gordon Quartet. Jazz Session (1973). " Pourquoi lire du Platon alors que le son d'un saxophone suffit à vous ouvrir la porte d'un autre monde? " (Cioran).

- Jeudi 20 février 2014 à 20h30: La leçon de piano de John Lewis (1980). Le Maître du Modern Jazz Quartet et de la Third Stream Music joue avec Christian Escoudé (guitare), Daniel Humair (batterie) et dispense son savoir à deux jeunes pianistes français ( Frank Amsallem et Christophe Soulier).

- Jeudi 27 février 2014 à 20h30: Sonny Rollins " La leçon de musique ". A la salle Wagram, en 1981, Sonny Rollins apprend la calpyso et la respiration circulaire à deux jeunes saxophonistes français: Charles Schneider (sax alto) et Marc Thomas (saxophone alto). Un grand moment de Jazz et de pédagogie. J'ai vu cette leçon à la télévision il y a 20 ans. Je m'en souviens encore.

- Jeudi 6 mars 2014 à 20h30: Thelonious Sphere Monk seul au piano (1969). Le Prophète en action, filmé par son ami français Henri Renaud le premier à l'avoir enregistré en solo à Paris, en 1954.

- Jeudi 13 mars 2014 à 20h30: John Coltrane Quartet en concert au festival de Jazz d'Antibes-Juan-les-Pins les 26 et 27 juillet 1965. John Coltrane, Mac Coy Tyner, Jimmy Garrison, Elvin Jones jouent la seule version jamais enregistrée et filmée en concert de leur album " A Love Supreme ". Une référence pour tout amateur de Jazz. Existe aussi en CD. Il m'a fallu une vingtaine d'écoutes pour entrer dans cette musique.

- Jeudi 20 mars 2014 à 20h30: soirée Blues avec Memphis Slim (piano, chant) en 1962 & John Lee Hooker (guitare électrique, chant) en 1970. Si vous aimez votre Blues servi sec, sans glaçons, ni jus de fruit, à consommer sans modération.

- Jeudi 27 mars 2014 à 20h30: Stéphane Grappelli (violon, piano) Quintet en 1961. S'il existe une école française du violon Jazz reconnue internationalement, c'est grâce à Stéphane Grappelli.

- Jeudi 3 avril 2014 à 20h30: Quincy Jones Big Band à l'Alhambra (1960). Pour ceux qui auraient oublié que Quincy Jones fut d'abord un fameux trompettiste et chef d'orchestre de Jazz avant de faire de Michael Jackson le King of Pop.

- Jeudi 10 avril 2014 à 20h30: Jazz at the Philarmonic (1960). Enregistré à Paris, salle Pleyel. Stan Getz, Cannonball Adderley, Dizzy Gillespie...Que voulez vous ajouter à des noms pareils sur scène en 1960? Qu'il faut se taire et écouter. C'est tout.

- Jeudi 17 avril 2014 à 20h30: Daniel Humair Special Show (1961) et Daniel Humair Jazz Session (1972). Daniel Humair, un jeune batteur très prometteur, comme disait Benjamin Moussay lors d'un concert d'octobre 2013. Il l'était déjà en 1961 et 1972. C'est dire!

- Jeudi 24 avril 2014 à 20h30: Erroll Garner Jazz Land (1973). Show le piano, show!  

- Jeudi 1er mai à 20h30: l'orchestre de Kid Ory à Paris, Salle Pleyel (1959). Do you know what it means to miss New Orleans? 

- Jeudi 8 mai 2014 à 20h30: Max Roach Quintet à l'Alhambra (1960). Les autres batteurs surnommaient Max Roach " The Professor ". Si vous ne savez pas pourquoi, vous allez vite comprendre.

- Jeudi 15 mai 2014 à 20h30: Johnny Griffin au festival de Jazz de Chateauvallon (1971). Little Giant en pleine forme, ça ne se manque pas.

- Jeudi 22 mai 2014 à 20h30:  Festival de Jazz de Cannes (1958). J'en ai déjà parlé sur ce blog. Rien à ajouter.

- Jeudi 29 mai 2014 à 20h30: Festival de Jazz de Cannes (1958). Cf supra.

- Jeudi 5 juin 2014 à 20h30: Jazz at The Philarmonic (1961,1962). Avec Dizzy Gillespie, Coleman Hawkins. Qu'ajouter à de tels noms? Si vous ne les connaissez pas encore, ouvrez vite le Nouveau Dictionnaire du Jazz et écoutez les, sapristi!

- Jeudi 12 juin 2014 à 20h30: Freddie Hubbard (trompette) Jazz Session (1973). Entre Swing et Groove. Irresistible Freddie!

- Jeudi 19 juin 2014 à 20h30: Rahsaan Roland Kirk en concert à Paris, au Grand Palais, en 1972. Esprits frileux et chagrins s'abstenir. 

- Jeudi 26 juin 2014 à 20h30: Art Blakey and The Jazz Messengers  (Wayne Shorter au sax ténor, Freddie Hubbard à la trompette) Live au Théâtre des Champs Elysées, Paris, 1959. Ce son Hard Bop que tant de jeunes musiciens copient encore aujourd'hui. En vain. Ecoutez le Tambour Majeur: Art Blakey (Abdullah Ibn Buhaina en religion)!

 

Puisque la vie est belle à Cannes l'été (Henri Salvador l'a chanté sur des paroles de son ami Boris Vian), voici quelques images et sons en souvenir du seul et unique Cannes Jazz Festival filmé en 1958 par Jean-Christophe Averty. A voir les jeudis 22 et 29 mai 2014 à 20h30 sur Mezzo avec l'INA.

 


 

 

 

 

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Lenny Popkin de passage à l'Improviste en trio le vendredi 13 décembre 2013

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Lenny Popkin Trio

Paris. Péniche l'Improviste.

Vendredi 13 décembre 2013. 21h.

Lenny Popkin: saxophone ténor

Gilles Naturel: contrebasse

Carol Tristano: batterie

 

La dernière fois que j'ai entendu Lenny Popkin en concert à Paris, c'était en septembre 2013 au Sunside. C'était encore l'été et le club était plein. Jean-Philippe Viret était à la contrebasse. Ce soir, Gilles Naturel a repris sa place dans le trio, tout naturellement. C'est la fin de l'automne, il pleut et nous sommes 5 spectateurs sur la péniche l'Improviste, quai d'Austerliz, à deux pas de la gare favorite des Auvergnats de Paris, pour écouter un géant méconnu du saxophone ténor, Lenny Popkin. Malheur aux absents! Que leur Q les gratte et que leurs bras raccourcissent!

" Out of nowhere ". Cette musique ne vient pas de nulle part. Elle vient d'un Cool Jazz sophistiqué, celui de Lennie Tristano, le père de Carol Tristano et le maitre de Lennie Popkin. Carol et Lennie sont conjoints. Bref, c'est une histoire de famille. Personne aujourd'hui ne joue aussi légèrement, suavement du saxophone ténor sans jamais être mièvre que Lennie Popkin. Avec Carol Tristano et Gilles Naturel derrière lui, tout coule comme disait Héraclite. Musique parfaite pour une péniche posée sur la Seine, à Paris, actuellement quai d'Austerlitz, dans le 13e, bientôt dans le 5e, quai de Montebello, face à Notre Dame, grande attractrice de touristes ébaubis.  Un sixième spectateur arrive. Mes lamentations sont entendues. Tout est mouvant, émouvant, sans effort apparent. Ce n'est pas de la licence puisqu'il y a un cadre mais quelle liberté! Un bateau mouche passe éclairant la salle. C'est une petite musique de nuit. Même sous le ciel de Paris, elle fait voir les étoiles.

" There will never be another you ". Il est bon de réviser ses classiques sous la direction d'un Maître, Lenny Popkin. Chet Baker chantait cette chanson à ravir. Carol est aux baguettes. Ca pulse. La douce complainte de Lenny, sans attaque, m'enchante toujours. C'est de la magie blanche. L'accompagnement paraît tout simple et le jeu de Lenny unique depuis le décès de Warne Marsh. Même Lee Konitz, autre élève de Lennie Tristano, paraît agressif à côté. Jouent-ils beaucoup ou peu de notes? Je ne sais plus. Ce que je sais, c'est qu'elles sont toutes bien choisies. Cette musique devrait être remboursée par la Sécurité sociale tant elle nettoie la tête de la bouillie sonore ambiante.

" 122 " (Gilles Naturel). Une composition dans le style des deux standards précédents. Une ballade. Carol est repassée aux balais. Non seulement la péniche l'Improviste a quitté les bassins de la Villette et le 19e arrondissement, pour la Seine et le 13e mais en plus le barman a changé et il n'y a plus de jus de fraise au bar. Décidément, Héraclite avait raison: " Tout coule ". Musique entre le liquide et le gazeux, impalpable, insaisissable. L'Improviste reste toutefois plus confortable et moins chère(20 euros) que les clubs de la rue des Lombards, dans le 1er arrondissement de Paris. De ma place, je vois par les hublots passer les péniches sur la Seine. Elles sont visibles mais pas audibles. Leur mouvement lent est en phase avec la musique. Rare conjonction entre l'esprit de la musique et du lieu. Dialogue de grande tenue entre contrebasse et batterie. La musique est pudique. Un piano serait de trop. Ce trio se suffit. 7 spectateurs. Dieux, quelle fluidité!

" E tray " ( Lenny Popkin). Titre SGDG. Carol aux baguettes. Un morceau plus rapide. A 72 ans, Lenny Popkin est toujours un petit oiseau chantant. Il reste un maître méconnu du Jazz actuel. Il faut dire qu'il nage à contre-courant. Ni free, ni hard bop, ni électrique, ni ethnique, son jeu est simplement l'essence du Cool, cérébral, élégant, suave, discret, pudique. Des valeurs qui ne sont pas à la mode, manifestement.

" What is this thing called love? ". Un standard. Rapide, aérien. Ce standard rabâché reprend toute sa fraîcheur sous le souffle de Lenny Popkin. Premier solo de batterie, aux baguettes. Carol mitraille bien. Seul le 7e spectateur, le batteur Philippe Soirat, applaudit. Les six autres écoutent attentivement.

PAUSE

Sur la Seine, la péniche bouge plus que sur les bassins de la Villette. Cela se sent. S'il y a aussi peu de monde, ce n'est pas seulement en raison de la saison, de la crise, de la météo mais aussi parce que la péniche est mal signalée, peu visible de l'extérieur. Il n'y a pas de panneaux lumineux avec néons, flashs, clignotants, indiquant " Péniche l'Improviste. Jazz Club ". Pas de réclame, pas de public. Telle est la loi du marché. Le prochain ancrage de la péniche, quai de Montebello, à Paris 5e, en face de Notre Dame, devrait la rendre plus visible pour les touristes et les puristes, les passants et les chalands.

" I am getting sentimental over You ". Carol aux baguettes. Morceau assez dynamique. Le charme opère instantanément. Leçon de mesure et de cadence. C'est beau comme un jardin anglais. Une nature foisonnante mais à hauteur d'homme. Gilles Naturel fait toujours aussi bien le lien entre le chant du saxophone ténor et les froissements de la batterie. Lennie Popkin dicte sans rien imposer. 

Les 7 fidèles spectateurs sont restés. Personne ne s'est ajouté. Tant pis pour les absents. " This is a Blues " annonce Lenny Popkin. Je l'ai déjà entendu jouer ce morceau en concert. Carol est aux balais mais pas au ménage. Un Blues blanc, grave, chaud qui balance pas mal du tout. Le thème est simple mais Lenny Popkin y ajoute les volutes bleues dont il a le secret. Beau solo de contrebasse superbement ponctué par la batteuse aux balais avec, de temps en temps, une ponctuation de pied sur la grosse caisse.

" Body and Soul ". La version définitive de ce standard date de 1939. Elle est l'oeuvre de Coleman Hawkins, le Père du saxophone ténor. Lenny le joue à sa manière suave, ineffable. Carol reste aux balais, tranquille avec Gilles. Ca vous frotte l'âme avec un chiffon doux.

" All the thoughts you have " (Gilles Naturel). Une variation sur un standard " All the things You are " comme son titre l'indique. Carol reste aux balais. La musique court, légère, joyeuse mais avec une pointe de mélancolie. La fatigue du voyage se fait sentir. Plus de 5h de train pour venir à Paris. Il n'est pas encore 23h et je m'endors déjà, bercé par cette musique douce et subtile. Gilles Naturel se taille la part du lion en solo toujours soutenu par Carol Tristano aux balais.

" You'd be so nice to come home to ". Un nouveau standard. Carol est revenue aux baguettes. Ca chante avec vivacité. Je ne rentrerai pas avec elle mais je sais qu'elle m'attend chez nous. La chanson me va aussi. Le 8e spectateur arrive. Le seul Noir. Un homme très élégant, en costume cravate et souliers bien cirés. Solo de batterie pétaradant.

PAUSE

Je suis fatigué et gorgé de beauté. Il est temps pour moi de rentrer. Espérons que ma voix ne soit pas perdue dans le désert et qu'il y ait bien de plus de spectateurs au prochain concert de Lenny Popkin, où qu'il joue. Il mérite l'attention et ses partenaires aussi.

 

 

 

 

Au Brucknerhaus, à Linz, en Autriche, le 1er mars 2011, le trio de Lenny Popkin joue " What is this thing called love? ". Comme Stéphane Grappelli, Lenny Popkin joue toujours de la même manière, la sienne. Il persévère dans son être, heureusement pour nous, ses auditeurs.

 


 
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Sélection de concerts de Jazz pour septembre 2019

Publié le par Guillaume Lagrée

Bojan Z par Juan Carlos HERNANDEZ

Bojan Z par Juan Carlos HERNANDEZ

Lectrices estivales, lecteurs estivants, fidèles abonnés au Jazz et à l'électricité, c'est armé de partialité et d'ignorance que je vous propose la sélection suivante de concerts de Jazz pour le mois de septembre 2019.

Pour une sélection exhaustive sur l'Ile de France, voyez Paris Jazz Club. Pour la France et l'Europe, voyez Citizen Jazz et Jazz Magazine

Si vous ne pouvez assister aux concerts, écoutez les sur France Musique avec les émissions Jazz Club (pour le présent) et Les légendes du Jazz (pour le passé) et sur TSF Jazz avec Jazz Live

Pour l'actualité du Jazz, écoutez sur la Toile Couleurs Jazz Radio où l'auteur de ce blog sévit dans une émission mensuelle intitulée, notez l'originalité, " Le Jars jase Jazz ". Diffusion le vendredi et le dimanche à 1h du matin et 18h (heure de Paris). Pas de podcast. Audible dans le monde entier avec une connexion à l'Internet. Après Le Jazz, flèche de l'arc caraïbe en juin, juillet et août, les émissions de septembre, octobre et novembre 2019 seront consacrées à L'Afrique, c'est chic! L'Afrique rêvée et vécue par les Jazzmen. Première partie en septembre 2019.

Si vous voulez assister depuis la Toile aux concerts à New York, dans Greenwich Village, pour les clubs Small's et Mezzrow, suivez ce lien. C'est payant certes mais toujours moins cher qu'un séjour dans la Grosse Pomme.

L'exposition " Music Migrations. Paris-Londres. 1962-1989 " est visible et audible au Palais de la Porte Dorée, à Paris, jusqu'au dimanche 5 janvier 2020. Visite vivement recommandée. 

Le festival Jazz à la Villette fera swinguer Paris pour la rentrée du jeudi 29 août au mardi 10 septembre 2019 avec des concerts pour adultes et enfants, du cinéma, des ateliers musicaux, des expositions. 

A Paris, dans l'église Saint Merry, le Crak Festival fera exploser les murs du son du jeudi 26 au samedi 28 septembre. Par l'innovation, pas par le volume sonore. Je ne connais aucun des artistes invités. C'est dire si ce festival est intéressant!

Au Sud-Ouest de Paris, à Cerny, Essonne, Ile de France, France, festival Au Sud du Nord, du dimanche 22 au dimanche 29 septembre avec Louis Sclavis, Henri Texier, Christophe Marguet, Bernard Lubat. 

Au Sud-Ouest de Cerny , le festival Jazz à Trois-Palis fera bouger la commune de Trois-Palis (16), en Nouvelle-Aquitaine du vendredi 20 au dimanche 22 septembre avec Gilles Coronado (guitare électrique)

Au Sud-Est de Trois-Palis, en Provence, à Meyreuil (13), Blues and Roots Festival du vendredi 13 au dimanche 15 septembre 2019. Unique concert en France du Grand Taj Mahal

Du mardi 3 au jeudi 5 septembre, à partir de 19h30, Paris, Le Sunside: Trophées du Sunside. 4 concerts de 4 groupes par soirée pour découvrir les jeunes talents du Jazz français. Entrée libre. Je fus juré en 2012. 

Mercredi 4 septembre, 18h, Paris, Péniche Le Marcounet: William Chabbey Trio. Un trio guitare orgue batterie. Classique mais pas ennuyeux. Entrée libre. 

Vendredi 6 septembre, 21h, Paris, Le Sunside: Neil Saidi & Noé Codjia invitent le trio d'Alain Jean-Marie. Dialogue fructueux entre 2 générations du Jazz. 

Lundi 16 septembre, 19h30 & 21h30, Paris, Le Duc des Lombards. Hugo Lippi Quartet. Concert de sortie de l'album " Comfort Zone " apprécié sur ce blog. Cf extrait audio au dessus de cet article. 

Mardi 17 septembre, 19h30, Paris, Le Sunside: Gabriel Bismut & Maurizio Minardi. Un mélange violon et accordéon entre Jazz, tango et baroque. A découvrir. 

Mercredi 18 septembre, 20h30, Paris, Studio de l'Ermitage: Tous dehors! Une petite histoire de l'opéra. Laurent Dehors décoiffe les grands airs du Bel Canto en y ajoutant son sens de la démesure. Avec la splendide soprano belge Tineke Van Ingelgem.  Cf vidéo sous cet article. 

Vendredi 20 septembre:

- 19h30 & 21h30, Paris, Le Duc des Lombards: le trio de stars Ethan Iverson (piano, The Bad Plus), Joe Sanders (contrebasse), Jorge Rossy (batterie, ex complice de Brad Meldhau)

- 20h45, Fontenay sous Bois (94), Le Comptoir: Teofilo Chantre (guitare, chant). Même si vous ne connaissez pas l'homme, vous connaissez ses chansons dans les versions données par sa compatriote Cap Verdienne, Cesaria Evora. 

Samedi 21 septembre:

- 19h30 & 21h30, Paris, Le Duc des Lombards: le trio de stars Ethan Iverson (piano, The Bad Plus), Joe Sanders (contrebasse), Jorge Rossy (batterie, ex complice de Brad Meldhau)

- 20h30, Paris, Maison de la Radio: le trio Das Kapital suivi du quartet de Bojan Z.  Cf photographie au dessus de cet article. Deux concerts pour le prix d'un. Diffusé en différé sur France Musique

Mardi 24 septembre, 20h, Paris, Studio de l'Ermitage: deux concerts pour le prix d'un avec le trio de Paul Lay suivi de Rouilhac. 

Mercredi 25 septembre, 20h30, Paris, Le 38 Riv: le nouveau quartet sans piano de François Bernat (contrebasse). 

Jeudi 26 septembre, 20h, Paris, Studio de l'Ermitage: deux concerts pour le prix d'un avec Leila Martal suivie d'Itamar Borochov.

Vendredi 27 septembre:

- 19h, Paris, Conservatoire du 12e arrondissement, Auditorium Henri Dutilleux: le sextet " Double Celli " du pianiste Olivier Calmel déjà célébré sur ce blog. 

- 21h30, Paris, Le Baiser Salé: Mario Canonge & Michel Zenino Quint'Up. Pour prolonger mon émission Le Jars jase Jazz sur le Jazz, flèche de l'arc caraïbe de juin à août 2019 sur Couleurs Jazz Radio.

Samedi 28 septembre, 21h30, Paris, Le Sunside: Sonny Troupé " Reflets denses ". Un mélange Jazz et Gwo Ka pour prolonger mon émission de juillet 2019 consacrée au Jazz Caraïbe francophone sur Couleurs Jazz Radio.

Dimanche 29 septembre:

- 18h, Paris, péniche Le Marcounet: François Bernat Quartet joue Miles Davis acoustique (1945-1967). Entrée libre. 

- 19h, Paris, Le Sunset: Soirée Edyvoice avec Thierry Péala (chant). Entrée libre. Concert puis Boeuf pour chanteurs et chanteuses. 

- 19h, Paris, Péniche Anako: Homeland le nouveau trio de Matthieu Marthouret (orgue Hammond) avec Antonin Fresson (guitare) et Mosin Kawa (tabla). Entrée libre. 

La photographie de Bojan Z est l'oeuvre du Pétrifiant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

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Dan Tepfer dialogue avec Lee Konitz à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Paris. Vendredi 1er avril 2011. 20h.

 

Lee Konitz

La photographie de Lee Konitz est l'oeuvre du Vif Juan Carlos HERNANDEZ.

 

Dan Tepfer : piano

Lee Konitz : saxophone alto

 

Ils jouent sans micro. Lee se tâte au sax. Puis il commence seul la mélodie de « Just Friends ». C’est par ce morceau que commence l’album en duo Martial Solal/Lee Konitz enregistré en concert à Hambourg le 11 novembre 1983. Dan Tepfer avait un an. Dan expose à son tour la mélodie avec de subtils décalages. Puis ils jouent  ensemble. Certes Lee Konitz vieillit mais si j’arrive à 84 ans comme lui aujourd’hui, j’espère avoir autant d’énergie. Il transmet l’art de la ballade, de la liberté dans le cadre d’un classicisme qu’il a inventé. En jouant, l’énergie lui revient. Dan le stimule et Lee s’envole encore. C’est rare d’entendre en 2011 un jeune musicien qui sait jouer les standards du Jazz en n’ayant pas l’air de réciter une leçon. Merci à Dan Tepfer d’être là avec Lee Konitz. Belle acoustique sans truchement électrique. C’est bon pour les oreilles.

 

Dan introduit seul une ballade. Les notes coulent de ses doigts comme des gouttes d’eau claire. Ca lave l’âme tout en douceur mais la pulsation est bien là. Lee joue maintenant lui aussi. Tranquille, aigre-doux. Je ne reconnais pas ce standard. Le plafond de la salle est surtout constitué d’une baie vitrée. Le soleil descend lentement alors que la musique, elle, s’élève. Dan est merveilleusement à l’écoute. Superbe final.

 

Lee commence seul un autre morceau pour dormir, d’après lui. « It’s ok boys if you want to sleep on this tune if you like too”. Dan fait vibrer lentement une corde du piano tenant la note avec une pédale. Puis il joue un autre standard que je ne reconnais pas. Le piano martèle alors que le saxo serpente. Le piano, un marteau avec maître, qui décale les sons. En solo, Lee s’arrête pour reprendre son souffle, reprend la musique où il l’avait laissée et l’emmène plus loin encore. Au tour de Dan de déployer ses ailes. La musique tournoie, enveloppe le saxophone.

 

Ils enchaînent sur un autre standard dont je reconnais l’air pas le titre. « Thingin » de Lee Konitz je crois. Basé sur je ne sais plus quel standard. Surpris, le public n’a pas pris le temps d’applaudir. « Thingin » c’est le titre d’un album live de Lee Konitz. Après ce bref morceau, le public peut se lâcher.

 

Intro au piano. Le son du piano évoque maintenant le château hanté dans la brume. Lee s’est assis pour ajouter des volutes de fumée de son saxophone. Cela sonne comme un rêve étrange et familier. Il y a une grande part d’improvisation dans cette musique. Banalité certes mais qui doit être rappelée car ce niveau d’entente et de possibilité des imaginations conjuguées est rare. Il n’est pas nécessaire de connaître les codes pour écouter cette musique. Il suffit de se laisser porter. Ah, la touche du pianiste classique dans le fortissimo ! Lee loupe une note, s’agace et le morceau s’arrête.

 

« Star by starlight » une variation sur « Stella by starlight » je suppose. Lee commence seul. C’est bien l’air du standard mais subtilement manipulé, décalé. A son âge, Lee Konitz a toujours la volonté de se remettre en question même s’il reste dans son domaine, les standards. D’où ce choix d’un pianiste qui pourrait être son petit-fils, le stimule sans le contester, conscient de son privilège sans rien perdre de sa personnalité. Beau solo de Dan que Lee ponctue d’un « Oh, oh, oh » admiratif. Lee s’y remet et c’est la fin du morceau.

 

Lee commence seul. Puis vient le son très grave du piano qui tourne en boucle. Lee se promène sur la mélodie. Petite citation de Bach il me semble. Quelle faculté d’écoute et de soutien de Dan Tepfer ! C’était « Carrie’s Trance » de Lee Konitz. Ils avaient bien commencé avec « Thingin ». La nouvelle m’est confirmée.

 

« Now we are not gonna play of composition of mine. We are not gonna play a composition of Dan. We are gonna play a composition of somebody else “ dit Lee Konitz. Un standard. Une ballade. Attention, cela ne signifie pas que l’écoute soit de tout repos. Il faut suivre, se laisser séduire par cette beauté. La qualité d’écoute du public est à la hauteur de celle des musiciens. Comme dans un concert de classique, on n’applaudit qu’à la fin du morceau. Solo de piano inspiré. Duo final somptueux. « Music to commit suicide to » dit Lee qui mime le pendu ! Se moquer de la mort à cet âge, c’est une forme de sagesse.

 

Lee commence seul. Le piano vient creuser dans le grave. Le sax alto est lui léger, aérien, sinueux. L’air et la terre se mêlent dans la musique. C’était « Subconscious Lee » la composition la plus célèbre de Lee Konitz

 

Dan commence à jouer dans les cordes et sur le clavier. Je pense que c’est « Body and Soul ». Etrange intro mais c’est bien le thème. Lee chante « eeeh » (« iii » pour les francophones) . Lee commence à jouer le thème alors que Dan fait de la harpe dans les cordes de l’instrument. Lee chante « Oo, oh ». Un vrai gamin. C’est la version la plus ludique, la plus étonnante que j’ai jamais entendu de Body and Soul parmi une centaine.

 

Lee est prêt à jouer. Il démarre. Dan le rejoint. Ca chante. Un nouveau morceau ludique et beau. « Out of nowhere ». Un standard. Puis Lee discute avec un spectateur à propos d’une avenue de New York.

 

Dan démarre. Lee se repose et écoute comme nous. Une ballade composée par Dan. Une promenade dans une avenue de New York par un beau jour de printemps. Le piano sonne plus grand qu’il n’est (c’est un quart de queue). Lee applaudit avec nous.

 

« A last piece before a glass of wine » annonce Lee. Il commence seul. Superbe solo mouvant, émouvant. La musique oscille doucement. C’est frais et ça tient chaud en même temps. Au tour de Dan d’écouter, de déguster. Il se met à jouer. Personne n’applaudit. Tout le monde est concentré. Dan chantonne, monte et descend le torse et les bras. Enfin, bref, il s’exprime joliment. Lee le rejoint. Duo enflammé, passionné. Une dernière trille de piano. Un dernier « Oh, oh » de Lee et c’est fini.

 

Lee convainc Dan de jouer seul un extrait des « Variations Goldenberg ». Vous avez bien sûr reconnu les « Variations Goldberg » de Jean Sébastien Bach, surnommées « L’Ancien Testament de la musique ». Dan prépare un album d’interprétation et d’improvisation sur ces « Variations ». Son interprétation est un pur délice qui rendrait fou furieux les baroqueux. Quoique le risque soit minime vu que les puristes n’écouteront jamais Bach joué sur un piano par un Jazzman. Horresco referens !

 

Lee revient sur scène. Après la « joky version » de Body and Soul, ils jouent une « non joky version » de « Darn that dream ». Ils la jouent subtilement comme cela doit être joué.

 

Pour conclure, je vous offre en cadeau lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs, Dan Tepfer et Lee Konitz jouant avec La Marseillaise lors d'un précédent concert en duo à Paris, au Sunside. Leur entente s'est bien affinée depuis.

 

 

 

 

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L'If Duo Bruno Angelini/Giovanni Falzone enregistré en concert au Blanc Mesnil

Publié le par Guillaume Lagrée

If Duo

Le Blanc Mesnil. Le Deux Pièces Cuisine.

Vendredi 17 juin 2011. 20h30.

L'If Duo est composé de

Bruno Angelini: piano, compositions

Giovanni Falzone: trompette, grognements, borborygmes, bruitages, sifflements, compositions.

Giovanni Falzone + Bruno Angelini

 

La photographie du duo Bruno Angelini/Giovanni Falzone est l'oeuvre de l'Admirable  Juan Carlos HERNANDEZ.

Concert diffusé dans l'émission Jazz Club d'Ivan Amar sur France Musique et enregistré par Abalone Productions.

Après "  Songs volume 1 " composé par Giovanni Falzone, voici, le temps d'un concert, la présentation de " Songs volume 2 " composé par Bruno Angelini.

Bruno Angelini réside au Blanc Mesnil, en Seine Saint Denis, Ile de France, France et y termine une résidence de deux ans.

Ce concert était divisé en deux parties.

D'abord, un spectacle monté avec la professeur de musique et les élèves d'une classe de 4e du collège Eugénie Cotton du Blanc Mesnil dans le cadre de l'opération " Art et culture au collège " du Conseil général de la Seine Saint Denis.

Puis le nouveau répertoire de l'If Duo dont le tronc solide donne de nouvelles branches, de nouvelles feuilles et de nouveaux fruits en cet été 2011.

Bruno Angelini a fait travailler les collégiens (13-14 ans) sur Django Reinhardt. Les enfants ont écrit des paroles en français sur Minor Swing, Nuages, Django (John Lewis) et Sweet Georgia Brown, un standard que jouait Django avec Stéphane Grappelli dans le quintette du Hot Club de France.

16 enfants sur 25 sont venus chanter, les plus motivés. Bruno est au piano. La chorale d'enfants est dirigée par la professeur de musique. C'est charmant, encore perfectible mais déjà du beau travail.

Le style des Double Six se poursuit. C'est réjouissant et rafraîchissant comme les Nuages.

Django de John Lewis, le seul hommage écrit par un Jazzman américain à un Jazzman français, à ma connaissance. Les enfants en ont fait une chanson émouvante sur un Génie parti trop tôt (1910-1953).

Sweet Georgia Brown finit ce spectacle dans la joie et la fraîcheur.

PAUSE

Giovanni commence par siffler dans une sorte de sifflet en bois avant de faire gémir l'embouchure de sa trompette. Jeu de cris et de souffles. Bruno déroule une vague apaisante au piano. La trompette démarre avec un son épais, velouté. Un vrai risotto que cette musique. A l'agitation du trompettiste répond la douceur du pianiste. Giovanni réinvente la trompette wah wah. Le piano est fluide, puissant comme une douce vague qui nous touche, s'en vient et s'en va. Sans électronique, Giovanni sort de multiples sons inouïs de sa trompette marine. Dès qu'il pose le son, c'est chaud et bon. C'est un blues méditerranéen, ensoleillé et brumeux à la fois. C'était " La vie est un (men)songe ".

" Déontologie Blues " un morceau politique. Morceau sarcastique aussi. Giovanni lance un wah wah féroce à la trompette. Puis il joue direct. Ca attaque et ça mord. Morceau agité, nerveux, inquiet. A croire que la trompette fait des " Moa, Moa " dignes d'énormes ego. Bruno joue dans les medium, les graves. L'heure est grave. Le morceau aussi.

" a place.zen ". Ballade introduite en piano solo. Calme, douceur, relâchement. La trompette vient poser sa griffe tendre sur ce doux tapis. C'est beau comme un jardin ouvert sur la mer, sous la brise. Vous voyez d'ici le tableau. Impressionniste. Ca touche sans avoir l'air d'y toucher. Solo de piano d'une pureté digne de Ran Blake. La trompette devient chuchotement, froissement, bruissement d'ailes de papillon jusqu'à s'éteindre.

" Il Fanfarone ", hommage au Fanfaron ( " Il Sorpasso " en italien, film de Dino Risi (1962) avec Jean Louis Trintignant et Vittorio Gassman dans le rôle du Fanfaron).  Morceau chanté par Thierry Péala avec Bruno Angelini et Francesco Bearzatti. Film comique à la fin tragique, bref une comédie italienne. Joyeux dialogue piano/trompette plein de vibrations, de gags musicaux. La trompette sonne comme la voix de Donald Duck. Le wah wah, style de trompette des années 20, prend un sacré coup de jeune sous les doigts et le souffle de Giovanni Falzone. Le piano et la trompette sautillent joyeusement. Superbe solo de trompette moqueur et profond en même temps.Bruno enchaîne sur un air mélancolique et dansant. Piano solo. Giovanni s'éloigne au fond de la scène. Bruno explore son piano, le fait parler, chanter mais sans violence. Giovanni le rejoint pour jouer trompette ouverte une complainte puissante. Macche bella la musica!

Bruno prépare son piano, pinçant les cordes dans le corps de l'instrument, y plaçant quelques objets. Le piano sonne avec un effet de réverbération. Trompette bouchée au son salé, âpre. Giovanni n'est pas Sicilien pour rien. Tout en douceur, en rêverie. Giovanni grogne, gémit, explore les sonorités de sa trompette. Une embouchure et trois pistons ne suffisent pas à son imagination. Cela fait rire un enfant. Giovanni est un homme habité par la musique. Il danse au son du piano solo. Après la douceur, le piano attaque dans le grave. Ca swingue. Giovanni fait la sirène d'alarme. Il semble frappé par la violence des traits qu'il lance. Le piano gémit, gronde sous les assauts des doigts de Bruno. Giovanni fait aussi des vocalises étranges qui amusent l'enfant, un garçon de 7 ans. C'était " (R)évolutions " en hommage au Printemps arabe.

" Solange 2011 ", nouvelle version d'un morceau de Bruno que j'ai entendu souvent chanté par Thierry Péala en trio avec Bruno Angelini et Sylvain Beuf puis Francesco Bearzatti (saxophones). Solange est un hommage à la grand-mère décédée de Bruno. L'autre grand mère est présente au concert ce soir. Je reconnais bien cette belle ballade. Piano solo. Intro respectueuse, majestueuse, tendre. Une des magies de l'art est de faire revivre les êtres chers qui ne sont plus. Marcel Proust en fit toute une oeuvre. Bruno Angelini en fait un morceau. Trompette en sourdine. Giovanni ne sonne pas comme Miles Davis avec la sourdine Harmon. C'est suffisamment rare chez les trompettistes actuels pour être signalé. Giovanni passe à la trompette ouverte et l'air se libère. C'est beau, ça balance doucement, tendrement. 

" Salto nel vuoto " écrit par Giovanni Falzone pour " Songs volume 1 " puis " L'indispensable liberté " écrit par Bruno Angelini pour illustrer " Les roses noires " un documentaire sur les jeunes filles de banlieue dont celles du Blanc Mesnil.

" Salto nel vuoto ". En français, " le saut de l'ange ". Morceau vif, périlleux, dynamique. Ca part, fuse, vibre. Finalement, ils se posent en douceur.

" Je suis né pour te connaître pour te nommer Liberté " (Paul Eluard). Ils repoussent les murs en jouant cette musique. Ils lèvent les voiles aussi. C'est beau, nom de Zeus!

RAPPEL

Giovanni commence. Ca pète, ça claque. Le piano vient remuer encore plus la sauce. Giovanni développe le thème. Le piano caresse le tout. Ca plane pour nous. Le public suit les consignes données en début de concert. Pas un bruit pendant les morceaux pour ne pas perturber l'enregistrement. Une fois la musique finie, tonnerre d'applaudissements.

Au final, je me réjouis d'avoir fait partie des happy few présents au Deux Pièces Cuisine, au Blanc Mesnil ce vendredi 15 juin pour assister en direct à la création du nouveau répertoire de l'If Duo Bruno Angelini/Giovanni Falzone. Je félicite France Musique d'avoir fait le déplacement aussi pour diffuser ce concert sur les ondes et sur la Toile. J'attends le résultat dans quelques mois qui, grâce à Abalone Productions, permettra de récompenser ces musiciens pour leur authenticité, leur intensité, leur esprit aventureux. Que les dieux et les muses protègent l'If Duo!

 

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Sélection de concerts de Jazz à Paris et en Normandie (Orne) pour octobre 2012

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices voyageuses, lecteurs sans frontière, c'est avec l'aplomb d'un plombier-chauffagiste face à une cuve de fuel que je vous ai sélectionné quelques concerts de Jazz à Paris et en Normandie pour le mois d'octobre 2012.

Tout d'abord, afin de ne pas oublier que le Jazz est à l'origine une musique de danse, allez prendre le bon air de la campagne en Basse Normandie, dans l'Orne, pour le festival Jazz Orne Danse (pour les lectrices distraites et les lecteurs inattentifs, je signale le lien subtil entre le français Orne et l'anglais Horn d'où Jazz Orne évidemment) du mercredi 17 au samedi 27 octobre 2012. Au menu, dans diverses villes de l'Orne, des compagnies inconnues et d'autres fameuses comme les Ballets Jazz de Montréal (Québec, Canada) qui fêtent leurs 40 ans, la compagnie parisienne Arthur Plasschaert qui fête ses 50 ans, le Ballet Jazz Art qui fête ses 30 ans. Il y aura des spectacles pour le grand public et d'autres pour un public esthète, raffiné et ultra sélectif. A vous de choisir selon votre bon plaisir.

A Paris, l'événement Jazz du mois d'octobre, c'est l'ouverture le samedi 6 octobre 2012 à la  Cité de la Musique de l'exposition " Django Reinhardt. Le Swing de Paris " qui durera jusqu'au dimanche 23 janvier 2013. Je vous en parlerai après l'avoir vu mais ne m'attendez pas pour y aller, saperlipopette! Si elle est aussi intéressante que celle sur  Miles Davis au même endroit en 2009, elle vaut certainement le déplacement. Il y aura aussi des concerts de Jazz manouche à la Cité de la Musique durant l'exposition.

Voici ce que j'ai repéré dans les salles parisienne où passe du Jazz vivant joué en direct.

Matthieu-Martouret-.jpg

 

La photographie de Matthieu Marthouret est l'oeuvre du Groovy Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Les Disquaires:

dans ce bar parisien, près de Bastille, presque chaque soir, à 20h, un concert de Jazz à entrée libre. Consommations obligatoires: il faut que de l'argent entre dans les caisses pour payer les artistes et faire vivre le lieu. Plein de jeunes musiciens que je ne connais pas encore y passent. C'est là qu'il faut être pour voir et écouter pousser les jeunes bourgeons qui, espérons le, deviendront des arbres majestueux porteurs de beaux fruits.

Mercredi 3 à 20h: le Bounce Trio de Matthieu Marthouret (orgue Hammond), Toine Thys (sax ténor), Gautier Garrigue (batterie).

La Java:

Mardi 2 à 20h30: Son libre. Marteau rouge + Médéric Collignon + Bernard Lubat. Impossible de vous annoncer ce qui va se passer avec des gaillards aussi imprévisibles. 

Lundi 15 à 20h30: deux trios de Sylvain Kassap (clarinettes) pour le prix d'un. Un bel agitateur avec un esprit de savant et une âme d'enfant.

New Morning:

Mardi 2 à 20h30: Andy Weston African Rhythms Trio. Pour vous en donner une idée, je vous envoie vers ma chronique d'un précédent concert de Randy Weston au Musée du Quai Branly à Paris en 2009.

Mercredi 3 à 20h30: The Blackbyrds. Sortez les costumes à paillettes et les bottes à plate forme. Let the groove on!  

Jeudi 4 à 20h30: Sylvain Beuf (saxophones) en quartet électrique avec Manu Codjia (guitare). A découvrir. 

Jeudi 25 à 20h30: Allan Holdsworth seul avec sa guitare. Un extra terrestre ne se décrit pas. Il s'agit d'être prêt à le découvrir.

Vendredi 26 à 20h30: le Quintette de la batteuse Anne Pacéo. Classe.

Duc des Lombards:

Mardi 2 et mercredi 3 à 20h et 22h: l'hommage à Chet Baker du trio composé par Eric Le Lann (trompette), Gildas Boclé (contrebasse) et Nelson Veras (guitare). J'ai écrit le plus grand bien de ce trio en février puis en mars 2012. Je ne pense pas changer d'avis sur le sujet en octobre.

Studio de l'Ermitage:

Mercredi 10 à 20h30: Frapadingos. Une dizaine de percussionnistes sud-américains sur scène sous la houlette de l'Argentin Minino Garay. Le nom du groupe est suffisamment clair pour que je m'abstienne de tout commentaire.    

Mercredi 17 à 20h30: Tony Tixier Quartet. Tony Tixier est pianiste, frère du violoniste Scott Tixier. Lui aussi a du talent à offrir.

Mercredi 31 à 20h30: le duo Elise Caron (chant) & Edward Perraud (batterie) va bouleverser nos repères sensoriels. Ames insensibles, s'abstenir.

Le Triton:

Jeudi 18 à 21h, concert à entrée libre (consommations obligatoires): Stéphane Payen (saxophone), Ianik Taulet (batterie) et Dominique Pifarély (violon). J'ai eu la chance une fois dans ma vie d'assister à un concert du trio Levallet/Marais/Pifarély. C'était en 2001. Et dire qu'il y a des malheureux qui ont besoin de paradis artificiels pour s'évader alors que cette musique existe.

Café de la danse:

Mercredi 17 à 19h30, " La fête à Bobby ", un hommage à Bobby Lapointe par André Minvielle (chant,voix, facéties), Jean-Marie Machado (piano) et autres facétieux. Les jeunes générations vont enfin suivre la leçon de guitare sommaire, savoir pourquoi la maman des poissons elle est si gentille, les glaces vanille vont si bien avec les glaces citron. Bref, la fête à Bobby!

Mercredi 24 à 20h, concert de sortie de l'album " Think Bach " du pianiste Edouard Ferlet.Un concert fait pour que les lectrices Classiques et les lecteurs Jazzy se retrouvent partageant les mêmes émotions.

Salle Pleyel:

Mercredi 31 à 20h, Herbie Hancock en piano solo. A moins que votre religion vous interdise d'écouter du Jazz créé depuis 1962, auquel cas ce blog vous est interdit aussi, vous connaissez forcément l'importance d'Herbie Hancock, lectrices vertueuses, lecteurs virtuoses. En solo, au piano, à Paris, à Pleyel, c'est un luxe qu'il faut savoir s'offrir.

Sunset-Sunside:

Lundi 1er, mardi 2 à 20h et 22h: le saxophoniste Benny Golson en quintette. Dois je présenter l'ancien directeur musical des Jazz Messengers d'Art Blakey, le compositeur de Whisper not et I remember Clifford?

Vendredi 5 et samedi 6 à 21h, le nouveau trio du pianiste italien  Enrico Pieranunzi. La morbidezza al pianoforte. Classico, elegante, stimolante. Un fuoriclasse del Jazz.

Jeudi 11, vendredi 12, samedi 13 à 21h, le nouveau quartette du pianiste Pierre de Bethmann avec Vincent Artaud (contrebasse), Franck Agulhon (contrebasse) et David El Malek (batterie). Intéressant.

Mercredi 24 à 21h, jeudi 25 à 21h30: Jérôme Sabbagh (sax ténor) en trio avec Gary Wang (contrebasse) et Rodney Green (batterie). Jérôme Sabbagh, Parisien qui s'est imposé à New York, nous revient avec de nouveaux musiciens, de nouvelles idées, de nouvelles sensations. A ne pas manquer.

Jeudi 25 à 21h: Pierre Durand (guitare) suivi du Quartet de Sébastien Llado (trombone, conques). Deux artistes célébrés récemment sur ce blog réunis sur la même scène le même soir. Je n'y suis pour rien mais j'espère qu'il y aura du peuple et de la joie dans la salle.

Samedi 27 et dimanche 28 à 21h30: Ben Wendel (saxophone, basson, melodica), Dan Tepfer (piano), Joe Sanders (contrebasse), Nate Wood (batterie). Le duo Ben Wendel/Dan Tepfer m'avait enchanté un soir de juillet.  Les voici de retour et avec deux autres complices. De grandes délices en perspective.

Lundi 29 et mardi 30 à 21h: le pianiste américain Bill Carrothers en trio avec sa rythmique belge, Nicolas Thys (contrebasse) et Dré Pallemaerts  (batterie). Une valeur sûre.

 

 

 

 

 

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Sélection de concerts de Jazz à Paris en novembre 2012

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Honorables lectrices, respectables lecteurs, si vous ne passez pas l'automne à New York, vous pouvez toujours écouter du Jazz qui se joue à Paris comme la version de ce standard (Autumn in New York) par  Chet Baker. Voici donc, choisi avec l'approbation des plus hautes autorités morales et religieuses, c'est-à-dire moi (contrairement à Pierre Desproges, je n'écris pas avec un chat sur mes genoux) une sélection parfaitement arbitraire et totalement partiale de concerts de Jazz à Paris pour le mois de novembre 2012.

Je vous recommande d'abord deux festivals parisiens destinés aux curieux impécunieux car les musiciens sont souvent peu connus, viennent parfois de loin et que leurs concerts sont peu chers :

- Jazzycolors du mardi 6 au vendredi 30 novembre 2012 réunit des jeunes Jazzmen venus de l'Europe entière qui jouent dans les centres culturels étrangers à Paris sous le haut parrainage de Bojan Z, musicien slave du Sud qui ouvrira les débats en duo avec le saxophoniste français Julien Lourau.

Bojan Z

 

La photographie de Bojan Z est l'oeuvre du Fameux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

- Sons 9 du mardi 6 au mardi 13 novembre 2012, à Paris 6e arrondissement, dans le quartier de Saint Germain des Prés, vous permettra de retrouver dans des contextes originaux des musiciens inconnus de mes services et d'autres déjà chroniqués sur ce blog comme Denis Colin, Anne Pacéo, Frédéric Eymard, Benjamin Moussay, Christophe Marguet.

Salle Pleyel:

2 concerts avec Brian Blade à la batterie. Je ne présente pas les leaders. Sauf si vous n'écoutez pas de Jazz depuis 50 ans, vous les connaissez forcément.

- Samedi 3 à 20h: Wayne Shorter Quartet.

- Dimanche 18 à 20h: Chick Corea Trio.

Auditorium Saint Germain:

- Lundi 26 à 19h30: Leçon de Jazz d'Antoine Hervé " L'électro Jazz: la révolution informatique ".

 

Sunset-Sunside:

- Samedi 10 à 22h: Boulou et Elios Ferré (guitares) en quartet avec Alain Jean-Marie (piano) et Pierre Boussaguet (contrebasse). A écouter avant ou après avoir été à l'exposition Django Reinhardt, le Swing de Paris à la Cité de la Musique.

- Dimanche 11 à 20h: The Claudia Quintet avec John Hollenbeck et Chris Speed. Un démenti terrible pour les ignorants qui croient que le Jazz est une musique de bar, tranquille. Chris Speed porte bien son nom!

- Mercredi 14 à 21h30: Hommage à Charlie Parker avec Manu Codjia (guitare), Géraldine Laurent (saxophones) et Christophe Marguet (batterie). Faisons leur confiance pour sortir des sentiers battus.

- Mercredi 21 à 21h, jeudi 22 à 20h: Kurt Rosenwikel Trio. Un guitariste américain dont j'ai entendu grand bien.

- Vendredi 30 à 21h, samedi 1er décembre à 21h: Stéphane Kerecki Trio invite Bojan Z et Logan Richardson. Des chercheurs et trouveurs de beauté.

Le Triton:

- Mercredi 7 deux concerts pour les enfants par John Greaves (basse, chant) et Thomas de Pourquery (chant,saxophone alto). De 14h30 à 15h15 pour les 4-6 ans, de 15h30 à 16h15 pour les 7-10 ans. Parents, grands-parents, oncles, tantes, professeurs des écoles, éveillez les enfants, emmenez les à ces concerts, saperlipopette! Entrée libre sur réservation.

- Samedi 10 à 21h: Marc Ducret Tower Bridge. Le guitariste électrique Marc Ducret réunit 3 groupes sur scène pour raconter toutes sortes d'histoires violentes, étranges, mystérieuses.

- Vendredi 30 à 21h: trio Aldo Romano (batterie)/Michel Benita (contrebasse)/Baptiste Herbin (saxophone alto). Ordre, beauté, luxe, calme et volupté.

Studio de l'Ermitage:

- Lundi 19 à 20h30: Antoine Hervé Quartet. Présentation du nouvel album dont j'ignore tout. C'est Antoine Hervé donc cela ne peut être ignoré.

- Mardi 20 à 21h30: Yvan Robilliard en trio. Un pianiste à l'énergie communicative.

Duc des Lombards:

- Lundi 5, mardi 6, mercredi 7 à 20h et 22h: The Bad Plus. Un trio piano/contrebasse/batterie made in USA, francophile et qui déménage comme un Power Trio de Rock'n Roll.

- Mercredi 14, jeudi 15, vendredi 16, samedi 17 à 20h et 22: le trompettiste Christian Scott en sextet. Un trompettiste de Jazz noir né à La Nouvelle Orléans en Louisiane, ça ne vous rappelle rien? Celui là est né en 1983 et prouve que la relève est bien là.

- Lundi 19, mardi 20 à 20h et 22h: le batteur Billy Hart en quintette. Une valeur sûre. 

New Morning:

- Lundi 5 à 20h30: Mike Manieri (vibraphone) avec le trio de Frank Tortiller (vibraphone). Ca va vibrer!

- Jeudi 15 à 21h: Fiona Montbet (violon) en quartet. L'ancienne élève de Didier Lockwood, née en 1989, viendra jouer le répertoire de son premier album en quartet qui sortira début 2013.

- Vendredi 16 à 20h30: John Scofield (guitare)/ Steve Swallow (basse)/ Bill Stewart (batterie). Plus qu'un trio, un triumvirat.

La Java:

- Mardi 6 à 20h30: Son libre. Malik Mezzadri (flûte)&Sarah Murcia (contrebasse)+ Smadj (DJ).

- Vendredi 9 de 22h à l'aube: Electro Swing Paris. Pour faire danser les cool cats...

- Lundi 19 à 20h30: Jazz à la Java. 2 groupes pour le prix d'un. Richard Bonnet (guitares)+Tony Malaby (saxophone ténor) puis le quartet de Jef Sicard (saxophones, clarinettes, flûtes)

- Vendredi 30 de Oh à l'aube: Jazz Attitudes Party. Une nouvelle occasion de faire danser les cool cats...

Péniche l'Improviste:

- Vendredi 9, samedi 10 à 21h: Mauro Gargano Mo'Avast Band. Il Jazz all'italiana. 

- Jeudi 22 à 21h: Maxime Fougères Guitar Reflections. Si c'est aussi bon sur scène qu'en studio, Miam Miam!

- Mercredi 28 à 21h: Marc Buronfosse Sounds Quartet. Voici ma chronique enthousiaste d'un précédent concert de ce quartet de musiciens magiciens.

- Vendredi 30 à 21h: Pierre Durand " Around Nola ". Si c'est aussi bon sur scène qu'en studio, Miam Miam!

Les Disquaires:

Un bar près de Bastille. Presque chaque soir à 20h, un concert gratuit de jeunes Jazzmen. Si la musique ne vous plaît pas, vous aurez étanché votre soif. Si elle vous plaît, vous aurez étanché votre soif de beauté. Tentez l'expérience. Je ne connais pas les musiciens. Je ne recommande ni ne déconseille personne. A vous de juger sur pièces et sur place.

 

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Michel Edelin + 2 = 9

Publié le par Guillaume Lagrée

Michel Edelin et Associés.

Paris. Le 9 Jazz Club. Jeudi 15 avril 2010. 20h30.

 

Michel Edelin : flûtes

Chris Hayward: flûtes, tambourin

Jim Funnell : piano

 

Olivier Sens est malade ce soir. Jim Funnell le remplace au pied levé. Cela change totalement le son du trio puisqu’un pianiste remplace un bassiste et illustrateur sonore. Ce n'est donc pas la Flute Machine qui a joué ce soir.

 

Avant de commencer la chronique, voici quelques précisions techniques sur l'attirail de Michel Edelin et Chris Hayward. Grand merci à Michel Edelin pour ces précisions.

 

Bonjour Michel,
avant de publier ma chronique, l'ignorant que je suis a besoin de savoir de quelles flûtes Chris et toi avez joué jeudi soir.
Pourrais tu me les classer de la plus petite à la plus grande, s'il te plaît?
Le piccolo (utilisé très brièvement) et placées verticalement sur le stand : la flûte en ut (standard flute in english) la flûte en sol ou flûte alto et enfin la flûte basse ( la dorée avec la tête recourbée).
Par ailleurs, Chris a joué aussi d'un grand tambourin.
A t-il un nom?
Un bendir (origine Afrique du Nord ).
Certains possèdent un timbre.Hamid Drake en joue également dans un duo avec ma collègue et amie Nicole Mitchell (“Bindu” chez Roguart).

D'un instrument qui m'a semblé africain avec des lames de métal sur une demie calebasse
Comment ça s'appelle?
C'est une sanza ou kalimba et cela vient d'Afrique.

Vous avez utilisé des espèces de pipeaux bizarres dont je ne connais pas les noms non plus
Nous avons trois valises de tuyaux de toutes sortes : ocarina, flûte nasale ... etc. Personnellement j’ai utilisé très ponctuellement un bansuri (Inde), une flûte guadeloupéenne...


Michel à la flûte traversière, Chris à la grande flûte. Chris nous fait un souffle prolongé par l’électronique. Ce souffle tourne en boucle. Chris joue par-dessus à la flûte traversière. Jim titille les cordes du piano. Ce n’est ni le bon soir ni la bonne salle pour cette musique. En vrais musiciens, ils jouent. Une mélopée étrange s’élève au dessus du vent. Michel prend sa grande flûte. L’ambiance s’installe. Une petite danse commence par-dessus la gravité du piano, de ce souffle en boucle. Chris coupe la boucle. Le piano commence à rouler, Michel à dérouler.  Je suis heureux de faire partie de cette beauté qui se crée. Chris joue avec un appareillage électronique qu’il commande de ses pieds, Michel avec un bidule qu’il commande de ses mains pour amplifier, déformer le son. Michel passe à une flûte plus courte, plus aigüe. Il se passe tant de choses entre ces trois là que c’est difficilement racontable. Le jeune homme est bien sage au piano. Les deux vieux Messieurs malicieux changent régulièrement d’instruments, de sons, de rythmes, de mélodies. Ce soir, on improvise. Michel cite un standard en solo. Ca repart sur une autre danse. Jim au piano, très attentif, fixe Chris. Il ne regarde pas son piano. Michel a lancé un Olé ! tout à l’heure. En effet, ça sonne espagnol. Retour à la ballade.

 

Intro en solo de grande flûte par Chris Hayward. Le piano puis l’autre flûte s’ajoutent. C’est sombre, haché, inquiétant. Le pianiste se lâche, se livre. Cela devient une danse légère sur la masse sombre du piano. Je bats la mesure du pied droit tant le piano marque bien la pulsation. Solo de Michel à la traversière. Chris cale son grand tambourin plat entre ses jambes. Il joue les yeux fermés allant du bord vers le centre. C’est chaud et mat. La flûte de Michel reprend la danse. Le piano, lui, est méditatif. C’est très beau. Duo piano/tambourin dérivé du Keith Jarrett des années 70, à l’époque où il était créatif. Chris range son tambourin. Michel est reparti avec un gros son grave sur sa grande flûte. C’est parti sur un Blues funky sans guitare, ni basse, ni batterie, ni cuivres. La classe ! Grâce à l’électronique, Chris fait un sifflement de locomotive à vapeur avec une flûte traversière. Une autre citation curieuse de standard pour finir.

 

PAUSE

 

Son répété, amplifié, déformé de la grosse flûte de Michel en solo introductif. Courte citation de Stormy Weather. Le temps est à la pluie ce soir.  Parmi les spectateurs, John Betsch, le batteur de Michel Edelin dans son trio acoustique avec Jean Jacques Avenel (contrebasse). Beau témoignage d’amitié. Chant grave, sombre du piano. Jeu très percussif du trio. Mélange de souffles et d’appuis. Ca swingue grave. Beau solo de piano d’inspiration jarrettienne mais sans abus de maniérismes. Duo très pur de flûtes traversières.

 

Michel s’amuse à marmonner dans le micro, sa voix étant triturée par l’électronique. Pendant ce temps, Jim et Chris installent le mystère. Michel scatte en fait. Ca monte doucement en puissance. Michel continue de scatter. Jim triture les cordes de son piano. Chris caresse un petit instrument africain où des tiges métalliques courbées sont posées sur une calebasse. Michel a repris sa grande flûte, la faisant souffler, chanter. Retour à un standard joué à la flûte par Michel. Je ne retrouve aucun titre de standard ce soir tant l’instrumentation est originale. Solo de piano pour finir.

 

Chris démarre seul à la flûte traversière. C’est juste magique. Michel le rejoint avec des notes longues, allongées même alors que Chris joue vif, bref. Le pianiste joue des percussions dans le corps du piano. John Betsch écoute très attentivement comme s’il découvrait cette musique. Il est vrai que Jim Funnel remplace Olivier Sens ce soir et puis, c’est de l’improvisation, une musique neuve à chaque concert. Le mélange souffle/percussions dans le jeu des flûtes est en équilibre sur un fil invisible. Duo Jim/Michel à la flûte traversière dans l’esprit du menuet, tout de grâce et de légèreté. Le pianiste amène vers autre chose. Au tour de Chris de dialoguer avec Jim. Michel repart tout seul sur un air dansant à la flûte traversière. Chris recale son tambourin entre ses jambes. Le pianiste relance. Le tambourin s’échauffe sous les mains de Chris. Je bats la mesure du pied droit. Ca swingue merveilleusement. Mon âme rêveuse appareille vers un ciel lointain. C’est un tour de magie sonore à 3.

 

Merci à ce trio d’un soir d’avoir su créer dans l'urgence. Merci à Jim Funnell d’avoir su trouver sa place au pied levé dans le trio. J'espère pouvoir assister au prochain concert de la Flute Machine avec Olivier Sens rétabli.

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Jazz et Erotisme, l'exultation corps et âme

Publié le par Guillaume Lagrée

Ron Carter par Juan Carlos HERNANDEZ

Ron Carter par Juan Carlos HERNANDEZ

 


Pour les mineurs de moins de 15 ans, cet article est à lire, après contrôle parental quoi qu'il soit bien moins dangereux pour leur développement que les flots de violence déversés par la télévision et les jeux vidéos.



 «  Tant qu’il y aura une jolie fille pour m’écouter jouer du piano, je continuerai » Duke Ellington.





Lier le Jazz et l’Erotisme relève du pléonasme. Comme le Tango, le Jazz est né dans les maisons closes pour occuper les clients dans l’attente de la disponibilité des demoiselles. Le Tango est né à Buenos Aires. Le Jazz à la Nouvelle Orléans. Les morceaux duraient assez longtemps pour permettre aux filles de s’effeuiller (en anglais, to strip tease). Mais pas trop longtemps pour que le client ne perde pas patience. Le format de 3mn des morceaux ne vient donc pas seulement des nécessités de l’enregistrement sur cire des disques en 78 tours.

En 1917, les Etat Unis d’Amérique entrèrent dans la Première guerre mondiale. Les Boys embarquèrent à la Nouvelle Orléans pour le Havre. Pour éviter qu’ils ne partent atteints de maladies vénériennes (la siphyllis ou french disease en anglais), les maisons closes furent fermées tant à la Nouvelle Orléans au départ qu’au Havre à l’arrivée. Pour le Havre, les dégâts ne furent qu’économiques. Pour la Nouvelle Orléans, ils furent aussi culturels. Du jour au lendemain, des musiciens furent privés de leur emploi, surtout les pianistes. Il restait certes les bateaux à aubes sur le Mississipi mais cela ne suffisait pas. Alors les musiciens partirent vers le Nord, Chicago et New York. Pour l’ambiance des bordels de la Nouvelle Orléans, elle est résumée dans un vieux Blues chanté par les Animals, groupe anglais des 60’s «  The house of the rising sun » , adapté en français pour Johny Halliday dans une version expurgée « Les portes du pénitencier ».

Pour être pianiste à la Nouvelle Orléans avant 1917, il fallait être un dur à cuire. Le plus dur, le plus flamboyant de tous, avait mis sur sa carte de visite « Inventeur du Jazz ». C’était M. Ferdinand Joseph La Mothe dit « Jelly Roll Morton ». Le Jelly Roll était son gâteau préféré. Je laisse les lecteurs naïfs et les lectrices innocentes deviner de quel mets il s’agit. Avec son groupe les Red Hot Peppers, dont le nom inspira un groupe de gays californiens, ce Créole de la Nouvelle Orléans jouait une musique entièrement écrite qui dégage toujours une sensualité et une rage de vivre hors concours plus de 80 ans après sa création. Charles Mingus lui dédia une composition dans son album «  Ah Um » (1959). Le producteur Alan Lomax, qui découvrit Billie Holiday et Bob Dylan, eut la bonne idée d’enregistrer pendant des heures, pour la Librairie du Congrès, en 1940, Jelly Roll Morton jouant et racontant La Nouvelle Orléans. La pièce de théâtre « Novecento » d’Alessandro Barrico fait aussi de larges allusions à ce Géant du piano, bien oublié aujourd’hui.

A Chicago pour Count Basie, à New York pour Duke Ellington, dans les années 20-30 du XX° siècle, il fallait faire danser les filles. Jazz comme Rock’n roll est un euphémisme pour désigner le rapprochement des corps par la danse d’abord, par le sexe ensuite. Evidemment, la censure jouait. Si les titres ne sont pas aussi sexuellement explicites dans le Jazz que dans le Blues (Little Red Rooster pour les hommes, Sugar in my bowl pour les femmes), la musique l’est. L’orchestre de Count Basie jouait un morceau que les musiciens appelaient entre eux « Blue Balls » (métaphore de la syphilis). Le jour où l’orchestre joua ce morceau pour la première fois à la radio, il fallut bien trouver un titre présentable. Il était 13h à l’horloge du studio. Ce fut « One o’clock Jump ». Quant au Duc d’Ellington, il arborait sur la joue la trace d’un coup de rasoir donné par une femme jalouse. Le Duke n’était fidèle qu’à la musique. D’où le titre de son autobiographie « Music is my mistress ». « La musique de Duke Ellington est si érotique qu’elle en devient mystique, si mystique qu’elle en redevient érotique » (Boris Vian). Sans aller jusqu’à dévoiler les turpitudes de ma vie personnelle, je puis toutefois raconter l’histoire suivante. Il fut un temps, lointain maintenant, où je faisais de la radio, une émission de Jazz évidemment. J’avais fait découvrir la musique de Duke Ellington à une amie. Elle adorait. Un soir, en son honneur, je fis une émission entièrement consacrée au Duke et à ses hommes. Après l’émission, elle m’avoua qu’au bout de 15mn, elle ne m’écoutait plus. Elle faisait l’amour avec son homme. C’est l’effet que fait l’orchestre de Duke Ellington, le vrai, celui dirigé par le Duke en personne. Avec le concert du Duke à l’Alhambra en 1958 par exemple. Vous m’en direz des nouvelles après l’avoir essayé. Cf vidéo sous cet article.



En réaction à la chaleur, l’agressivité du be bop, naquit le Cool Jazz, un Jazz de Blancs, le plus souvent venus de la Côte Ouest des Etats Unis, de Los Angeles plus précisément. Une musique cool voire cold, sans aspérités, pure, innocente. Alors Chet Baker vint. Une gueule d’ange, une voix d’ange, un jeu d’ange (il était trompettiste) mais un esprit de démon doué pour l’autodestruction. Chet Baker dégageait tant d’innocence qu’il en faisait tomber les filles par terre. Il fut aussi une des premières icônes de la communauté gay de San Francisco. Avant Elvis Presley, James Dean et Marlon Brando, il fut le premier sex symbol en blue jeans et tshirt blanc. Ecoutez ses enregistrements pour Capitol Records (Los Angeles) entre 1953 et 1956. Si ça ne vous fait pas craquer…

Face au Cool Jazz, les musiciens noirs de la Côte Est inventent le hard bop, le jazz funky. Ils creusent le groove. Le groove c’est le sillon, celui du champ, celui du disque et celui du vagin. Quand Madonna chante « Get into the groove. U’ve got to prove Ur love to me », il faut que le gars assure ! Le Colosse du Saxophone, Sonny Rollins, en fournit un exemple magistral avec son «  Blue Seven » . Je recommande surtout son album en duo avec son Maître, Coleman Hawkins, « Sonny meets Hawk » (1963). Une amie à qui j’ai offert cet album m’a dit ensuite que cette musique avait enrichi la sexualité de son couple. A  vérifier par les données de l’expérience. Cf extrait audio au dessus de cet article.

Le Free Jazz  se coupant de toute référence au rythme, à la mélodie et à l’harmonie est une musique éthérée, antiérotique par essence. Avec le Jazz Rock qui apparaît à la fin des années 60, la sensualité revient en flèche notamment avec « Bitches Brew » (1969, année érotique) de Miles Davis, une musique de fusion dans tous les sens du terme.

Pour conclure cette improvisation sur Jazz et Erotisme, je reviendrai à Stan Getz, dit «  The Sound ». Certains le jugent froid. Je les plains. Stanley Gaieski dit Stan Getz, c’est l’âme slave. Ce n’est pas pour rien qu’il fut surnommé « Le Sacha Heifetz du saxophone ténor ». Un son de violon sorti d’un saxophone. Cette musique est d’un érotisme si élégant et subtil que certains esprits grossiers peuvent ne pas s’en apercevoir. Et pourtant, qu’il joue «  Song for Martine » avec Eddy Louiss au Ronnie Scott à Londres en 1971 (album « Dynasty ») ou « Que reste t-il de nos amours ? » de Charles Trénet avec Kenny Barron au Café Montmartre à Copenhague en 1991 (album « People Time »), Stan Getz, c’est le triomphe de la beauté sur la laideur, de la grâce sur la pesanteur, de la vie sur la mort, bref de l’érotisme.

Pour se reposer de toute cette sensualité tout en y restant, qu’écouter dans cet instant fragile qui suit l’amour et précède le sommeil ? « Inner Traces. A Kenny Wheeler Song book » du chanteur français Thierry Péala.

Comme le chantait Lady Day, que nos vies soient toujours « fine and mellow ».

La photographie de Ron Carter est l'œuvre du Sensuel Juan Carlos HERNANDEZ. Toute reproduction de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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