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628 résultats pour “Jean Cocteau

Le Blues au piano par Antoine Hervé

Publié le par Guillaume Lagrée

Le Blues au piano

Leçon de Jazz d’Antoine Hervé

 

Mardi 16 mars 2010. 19h30. Auditorium Saint Germain des Prés. Paris.

 

 

 

Antoine Hervé

La photographie d'Antoine Hervé est l'oeuvre du Bluesy Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

Le professeur Hervé nous explique le rôle du piano pneumatique dans l’apprentissage des pianistes de Jazz. Thelonious Sphere Monk a appris le piano en regardant le piano pneumatique. En regardant, en restituant, en se trompant, les musiciens ont créé. Pour jouer le Blues au piano, Antoine Hervé porte un beau chapeau que le mélomane averti retrouve sur certaines de ses pochettes d’albums. En bref, cet homme travaille avec chapeau, pas du chapeau.

 

Au début, la musique est très simple. Démonstration avec un Blues basique et une petite pulsation. La Blue Note  : les degrés 3, 5 et 7 sont abaissés d’un demi ton. C’est une complainte car cela vient de la voix humaine. Effectivement, cela sonne bluesy. «  Pendant longtemps j’ai cherché à jouer les blue notes et je n’y arrivais pas. Et puis je me suis dit que j’étais Blanc, Juif et que je devais jouer ma musique : Gershwin, Kern, Hammerstein, Irving Berlin. J’ai laissé tomber les blue notes » (Lee Konitz).

 

La musique de la Nouvelle Orléans est faite pour danser, jouer dehors. Le Blues est monté en ville, avec la nostalgie du Sud. « Do You know what it means to miss New Orleans  ? ». Certains esthètes raffinés comparent le thème de cette chanson avec la célèbre prière juive " Si je t'oublie, O Jérusalem ". C’est le Blues du campagnard émerveillé par la grande ville, la démarche hésitante du péquenot sur le trottoir goudronné.

 

« Blue Monk » le morceau par lequel Thelonious Sphere Monk introduisait tous ses concerts. Le Blues urbain et extra terrestre de Thelonious Monk (1917 – 1982).

 

Dans les années 1930 apparaît le boogie woogie qui fait valser les fauteuils. Mon premier concert de Jazz,  ce fut du boogie woogie à l’âge de 6 ans, sous la conduite paternelle. Beau souvenir. C'est là que j'ai attapaé le virus du Jazz. Pinetop Smith, auteur de « Pinetop Boogie Woogie ». basée sur la grille du Blues, cette musique vient du rythme des trains (les bogies sur lesquels les vagabonds voyageaient cachés sous les trains). Le piano romantique vient du rythme du cheval (démonstration par Antoine), le boogie woogie du rythme des trains à vapeur (démonstration). Quant au TGV, il  a inspiré un morceau à Eric Le Lann.

 

Dans le boogie woogie, des duels d’improvisation avaient lieu entre musiciens, after hours (Voir le film de Martin Scorsese ou  écouter Dizzy Gillespie avec les deux Sonny, Rollins et Stitt). Les musiciens jouaient jusqu’au bout de la nuit, jusqu’à ce que l’adversaire craque et cesse de jouer. Démonstration du shuffle avec Just a gigolo.

 

Après la démonstration, Antoine joue sur du velours avec « Learning the Blues ». A ma montre, il est 20h10, au feeling, il est 3h10 du matin. Petite citation de « Smoke gets into your eyes » (Cole Porter), la chanson préférée d’Eva Braun.

 

Meade Lux Lewis et ses tremolos d’accords, un Maître du Boogie Woogie. Démonstration par l’exemple de trémolos, pas mollos. Le Chicago breakdown de Big Maceo. La main gauche est lourde et rapide à la fois. Menphis Slim, pianiste et chanteur, pilier des clubs de Jazz parisiens des années 1950 aux années 1980.

 

La pulsation peut être binaire ou ternaire. Style Fast and Furious dont le nom révèle l’essence.

 

Autre genre, le style lazy de La Nouvelle Orléans et le « Blueberry Hill » de Fats Domino qui a fait le tour du monde.

 

Le Blues peut avoir un rythme latin. 3 notes dans une mesure. 2 longues puis une courte. Démonstration de habanera avec Bizet « L’amour est enfant de Bohême » dans « Carmen ». Petit à petit, en accélérant le rythme, Antoine Hervé traverse l’Atlantique pour arriver de l’Espagne à l’Amérique.

 

Le Blues peut aussi se jouer en binaire. Comme le chantait Muddy Waters : «  The Blues had a baby and they named it Rock’n roll ». A la main droite, les appoggiatures comme on dit rue de Madrid (Paris, 8e arrondissement, siège du Conservatoire supérieur de Paris, conservatoire national de région pour l’Ile de France), la rue où vous pouvez entendre répéter des clarinettistes à 8h30 le matin. Dans le chant classique européen, le chanteur doit sonner comme un instrument, le plus propre et le plus net possible. Au contraire, dans le Jazz, ce sont les instrumentistes qui doivent sonner comme les chanteurs qui eux imitent des bombardiers, des mitraillettes, des loups, des camions, des locomotives, des chevaux…

 

Autre école, le trumpet piano style d’Earl Hines, ancien trompettiste qui fut le meilleur pianiste de Louis Armstrong, transposant au piano les innovations de Louis à la trompette. Les trémolos d’Eral Hines imitent la trompette, l’harmonica. Earl « Father » Hines, le père des pianistes de Jazz.

 

Antoine Hervé ne tient pas parole. Il chante. Toutefois il ne pleut pas dans la salle. Dans le cadre des 12 mesures, les accords de passage passent très bien. Les doigts sont écartés au maximum pour couvrir une palette plus large sur le clavier. Démonstration de walking bass : la basse marche, même au piano. Des pianistes comme Count Basie, Duke Ellington ont emprunté des solutions harmoniques à Debussy, Satie, Ravel, Stravinsky.

 

Exemple de Blues en mode mineur avec Expressions de John Coltrane. Puis d’un Blues à 6 temps avec Footprints de Wayne Shorter. John Coltrane est allé vers l’Afrique, le modal avec un son énorme. Antoine Hervé nous imite Mac Coy Tyner le pianiste de John Coltrane. En ré majeur, c’est un Blues classique. En ré mineur, c’est un Blues à la Mac Coy Tyner.

 

Un autre Blues en mode mineur, rapide, « Steps » de Chick Corea (album « Now he sings, now he sobs » avec Miroslav Vitous et Roy Haynes. Attention, chef d’œuvre !).

 

« Rambling » d’Ornette Coleman, un Blues inspiré par la Nouvelle Orléans.

 

Après ce panorama de l’influence du Blues sur le Jazz, le Professeur Hervé aborde celle du Blues sur le Rock’n roll. 

 

Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Chuck Berry, autant d’influences majeures pour les rockers anglais des 60’s. Les Rolling Stones firent passer Howlin Wolf et Muddy Waters à la télévision américaine, les sortant des studios de Chess Records où ils les avaient trouvé employés à repeindre les murs. « Si vous deviez donner un autre nom au Rock’n Roll, vous devriez l’appeler le Chuck Berry « (John Lennon). «  Je me demandais pourquoi Chuck Berry parlait toujours de son putain de pognon et jamais de sa putain de guitare. La première fois que j’ai joué sur scène avec lui, j’ai compris pourquoi il ne parlait jamais de sa putain de guitare »  (Keith Richards). « Seuls ces crétins de Blancs Américains croient qu’Elvis Presley est le Roi du Rock’n Roll. Le reste du monde sait que c’est Chuck Berry »  (Miles Davis). Exemples de Blues des Rolling Stones avec « Love in vain » et « Back street girl ».

 

Le Blues est devenu classique. Il est imité, joué. Chez Baudelaire, c’est le spleen. Le bleu est la plus profonde des couleurs. En breton, glaz signifie à la fois bleu et vert car la Mer passe sans cesse de l’un à l’autre.

 

En rappel, « Satisfaction » des Rolling Stones. Jolie improvisation dans l’esprit du Blues traditionnel sur un standard du Rock’n roll. Le public, lui, est satisfait.

 

Un regret tout de même: le professeur Hervé n'a pas évoqué le plus flamboyant des pianistes de la Nouvelle Orléans, Mr Jelly Roll Morton bien connu des lecteurs de Jazz et Erotisme.

 

Voici les dates et les thèmes des prochaines leçons de Jazz à l’Auditorium Saint Germain des Prés, toujours à 19h30 :

Jeudi 1er avril « Richard Clayderman et le complexe du chandelier » (Richard Clayderman est un Premier prix du Conservatoire de Paris comme Michel Legrand et Jean Luc Ponty. Respect.). Je ne serai pas à Paris ce soir là.

Lundi 28 juin : « Les rythmes africains » avec Mokhtar Samba, batteur et percussionniste sénégalais. Je veillerai à y être.

 

 


 
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Michel Edelin + 2 = 9

Publié le par Guillaume Lagrée

Michel Edelin et Associés.

Paris. Le 9 Jazz Club. Jeudi 15 avril 2010. 20h30.

 

Michel Edelin : flûtes

Chris Hayward: flûtes, tambourin

Jim Funnell : piano

 

Olivier Sens est malade ce soir. Jim Funnell le remplace au pied levé. Cela change totalement le son du trio puisqu’un pianiste remplace un bassiste et illustrateur sonore. Ce n'est donc pas la Flute Machine qui a joué ce soir.

 

Avant de commencer la chronique, voici quelques précisions techniques sur l'attirail de Michel Edelin et Chris Hayward. Grand merci à Michel Edelin pour ces précisions.

 

Bonjour Michel,
avant de publier ma chronique, l'ignorant que je suis a besoin de savoir de quelles flûtes Chris et toi avez joué jeudi soir.
Pourrais tu me les classer de la plus petite à la plus grande, s'il te plaît?
Le piccolo (utilisé très brièvement) et placées verticalement sur le stand : la flûte en ut (standard flute in english) la flûte en sol ou flûte alto et enfin la flûte basse ( la dorée avec la tête recourbée).
Par ailleurs, Chris a joué aussi d'un grand tambourin.
A t-il un nom?
Un bendir (origine Afrique du Nord ).
Certains possèdent un timbre.Hamid Drake en joue également dans un duo avec ma collègue et amie Nicole Mitchell (“Bindu” chez Roguart).

D'un instrument qui m'a semblé africain avec des lames de métal sur une demie calebasse
Comment ça s'appelle?
C'est une sanza ou kalimba et cela vient d'Afrique.

Vous avez utilisé des espèces de pipeaux bizarres dont je ne connais pas les noms non plus
Nous avons trois valises de tuyaux de toutes sortes : ocarina, flûte nasale ... etc. Personnellement j’ai utilisé très ponctuellement un bansuri (Inde), une flûte guadeloupéenne...


Michel à la flûte traversière, Chris à la grande flûte. Chris nous fait un souffle prolongé par l’électronique. Ce souffle tourne en boucle. Chris joue par-dessus à la flûte traversière. Jim titille les cordes du piano. Ce n’est ni le bon soir ni la bonne salle pour cette musique. En vrais musiciens, ils jouent. Une mélopée étrange s’élève au dessus du vent. Michel prend sa grande flûte. L’ambiance s’installe. Une petite danse commence par-dessus la gravité du piano, de ce souffle en boucle. Chris coupe la boucle. Le piano commence à rouler, Michel à dérouler.  Je suis heureux de faire partie de cette beauté qui se crée. Chris joue avec un appareillage électronique qu’il commande de ses pieds, Michel avec un bidule qu’il commande de ses mains pour amplifier, déformer le son. Michel passe à une flûte plus courte, plus aigüe. Il se passe tant de choses entre ces trois là que c’est difficilement racontable. Le jeune homme est bien sage au piano. Les deux vieux Messieurs malicieux changent régulièrement d’instruments, de sons, de rythmes, de mélodies. Ce soir, on improvise. Michel cite un standard en solo. Ca repart sur une autre danse. Jim au piano, très attentif, fixe Chris. Il ne regarde pas son piano. Michel a lancé un Olé ! tout à l’heure. En effet, ça sonne espagnol. Retour à la ballade.

 

Intro en solo de grande flûte par Chris Hayward. Le piano puis l’autre flûte s’ajoutent. C’est sombre, haché, inquiétant. Le pianiste se lâche, se livre. Cela devient une danse légère sur la masse sombre du piano. Je bats la mesure du pied droit tant le piano marque bien la pulsation. Solo de Michel à la traversière. Chris cale son grand tambourin plat entre ses jambes. Il joue les yeux fermés allant du bord vers le centre. C’est chaud et mat. La flûte de Michel reprend la danse. Le piano, lui, est méditatif. C’est très beau. Duo piano/tambourin dérivé du Keith Jarrett des années 70, à l’époque où il était créatif. Chris range son tambourin. Michel est reparti avec un gros son grave sur sa grande flûte. C’est parti sur un Blues funky sans guitare, ni basse, ni batterie, ni cuivres. La classe ! Grâce à l’électronique, Chris fait un sifflement de locomotive à vapeur avec une flûte traversière. Une autre citation curieuse de standard pour finir.

 

PAUSE

 

Son répété, amplifié, déformé de la grosse flûte de Michel en solo introductif. Courte citation de Stormy Weather. Le temps est à la pluie ce soir.  Parmi les spectateurs, John Betsch, le batteur de Michel Edelin dans son trio acoustique avec Jean Jacques Avenel (contrebasse). Beau témoignage d’amitié. Chant grave, sombre du piano. Jeu très percussif du trio. Mélange de souffles et d’appuis. Ca swingue grave. Beau solo de piano d’inspiration jarrettienne mais sans abus de maniérismes. Duo très pur de flûtes traversières.

 

Michel s’amuse à marmonner dans le micro, sa voix étant triturée par l’électronique. Pendant ce temps, Jim et Chris installent le mystère. Michel scatte en fait. Ca monte doucement en puissance. Michel continue de scatter. Jim triture les cordes de son piano. Chris caresse un petit instrument africain où des tiges métalliques courbées sont posées sur une calebasse. Michel a repris sa grande flûte, la faisant souffler, chanter. Retour à un standard joué à la flûte par Michel. Je ne retrouve aucun titre de standard ce soir tant l’instrumentation est originale. Solo de piano pour finir.

 

Chris démarre seul à la flûte traversière. C’est juste magique. Michel le rejoint avec des notes longues, allongées même alors que Chris joue vif, bref. Le pianiste joue des percussions dans le corps du piano. John Betsch écoute très attentivement comme s’il découvrait cette musique. Il est vrai que Jim Funnel remplace Olivier Sens ce soir et puis, c’est de l’improvisation, une musique neuve à chaque concert. Le mélange souffle/percussions dans le jeu des flûtes est en équilibre sur un fil invisible. Duo Jim/Michel à la flûte traversière dans l’esprit du menuet, tout de grâce et de légèreté. Le pianiste amène vers autre chose. Au tour de Chris de dialoguer avec Jim. Michel repart tout seul sur un air dansant à la flûte traversière. Chris recale son tambourin entre ses jambes. Le pianiste relance. Le tambourin s’échauffe sous les mains de Chris. Je bats la mesure du pied droit. Ca swingue merveilleusement. Mon âme rêveuse appareille vers un ciel lointain. C’est un tour de magie sonore à 3.

 

Merci à ce trio d’un soir d’avoir su créer dans l'urgence. Merci à Jim Funnell d’avoir su trouver sa place au pied levé dans le trio. J'espère pouvoir assister au prochain concert de la Flute Machine avec Olivier Sens rétabli.

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Une soirée pour deux pianos à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Paris. La Cité de la Musique. Vendredi 11 septembre 2009. 20h.

Jacky Terrasson : piano
Hank Jones : piano

Dans le cadre du festival de Jazz de la Villette, la Cité de la Musique organisait une soirée piano avec deux Maîtres, le Jeune et l’Ancien, Jacky Terrasson et Hank Jones. Alors que le jeune cherche encore, l’ancien a trouvé.

Première Partie


Jacky Terrasson


Jacky a laissé pousser ses cheveux. Il a quasiment une coupe afro. Démarrage dans le style du piano romantique. Il alterne la ballade et les passages agités. Il se prend au sérieux. Où sont passés la joie, la sensualité de Jacky Terrasson ? Quand il cesse de marteler le piano pour revenir à la ballade, il est tout de suite émouvant.

Un petit Blues joué avec un stride modernisé. Les notes aiguës tintinabulent.Enfin il swingue. Il enchaîne sur une ballade hantée. La musique devient magique, sortilège mais sans enfant. Utilisation intéressante des pédales comme percussion, en transition entre deux thèmes. Il travaille le piano aux cordes, s’inspirant de la guitare flamenca. Ce sont « Les feuilles mortes » de Prévert et Kosma bien transformées. Pas de micro ce soir. Nous entendons le vrai son du piano.

Une ballade. Je crains que Jacky Terrasson ne tombe dans l’élégiaque à la Brad Met de l’eau. Dommage, son charme n’est pas là. Jacky sue tellement qu’il s’éponge dans une serviette bleue. Il digère mal Keith j’arrête en ce moment.

Il commence en tapotant dans les cordes du piano. Joli son de percussions. Là je retrouve Jacky Terrasson. Ca sonne comme des congas en sourdine. Le son est boisé, profond, africain. Puis il se rasseoit et commence à jouer « Caravan » de Duke Ellington. Les chameaux surfent sur les dunes. L’air est bien là, superbement prolongé par les pédales.C’est du grand piano virevoltant et maîtrisé.

Petites trilles dans l’aigu pour commencer. Il travaille un son de source cristalline. Petit à petit il revient vers le medium de l’instrument. tout en gardant cette magie de chant d’eau.

Morceau joyeux, presque un calypso. Ca sautille et donne envie de danser. Jacky grogne de joie en jouant. Je hoche la tête, bats du pied. Je suis pris par la musique, cet air répétitif et joyeux, avec un voile derrière. Il arrive à faire sentir basse, batterie et percussions absentes. Ca sonne antillais. Jacky Terrasson disciple d’Alain Jean Marie ? La tension s’allège, se resserre et le rythme ne s’arrête jamais.

Il commence par une pompe lente avec la main gauche seule. La main droite la rejoint pour un Blues bien funky à l’ancienne. Il ne manque plus que Jimmy Rushing, Mr 5*5, pour chanter « I am going down slow ». Passage monkien. Ce Blues est un jolie façon d’annoncer le concert suivant, celui d’Hank Jones.

En rappel, une sorte de Blues qui débouche sur « Take the A train » (Duke Ellington). L.e morceau est superbe, enrobé de chocolat. Petit à petit, on en déguste le cœur.

PAUSE

Deuxième Partie


Hank JONES

« J’espère que vous avez eu une agréable soirée jusqu’ici. Je vais essayer de vous donner encore plus de plaisir. Je ferai de mon mieux. » nous dit l’aîné des frères Jones.

« Bluesette » (Toots Thielemans). Douceur, grâce, légèreté. Nous partons en promenade avec M. Hank Jones. Rien ne pèse et pourtant le poids des doigts sur les touches est bien là. Il grogne doucement. Pendant que j’écris, mon voisin de gauche dessine au fusain de la main gauche.

« Our love is here to stay » chanté magnifiquement par Louis Armsntrong et Ella Fitzgerald en leur temps. Devant mon voisin une femme que le bruit du fusain perturbe lui jette de l’eau de sa bouteille pour le faire cesser. Je profite de l’arrosage gratuit ainsi que ma voisine de droite Le dessinateur se lève pour mettre une tape sur la tête à l’arroseuse. Bref la musique n’adoucit pas les mœurs de tous les auditeurs ce soir. Pendant ce temps, Hank Jones déroule. Il ne maîtrise pas le piano, il le domine. Les morceaux sont courts, denses et vont droit au cœur.

« Peedlop »( ?). Ne me demandez pas ce que cela signifie car je ne le sais pas explique Hank Jones. Swing léger, gracieux. C’est la quintessence du piano Jazz, classique et intemporel. La musique est ourlée, pressée, tressée. Ce sont des haïku musicaux.

« A child is born » écrit par mon frère Thad. Maintenant qu’Elvin est mort, seul Hank Jones peut présenter ce morceau ainsi. Quelle grâce ! Quel toucher ! Il joue juste techniquement, émotionnellement. Le temps n’a pas de prise sur cet homme et cette musique.

« Star eyes », un standard. « Ce thème m’est plutôt familier ». Il l’a joué toute sa vie. Ca s’entend. Il ne l’ennuie toujours pas. Hank Jones est né en 1918. Un exemple pour les gérontologues que cet homme.Leçon d’émotion, de densité au piano avec le thème main gauche. Un silence et on applaudit.

« Lonely woman ». Ce n’est pas le thème d’Ornette Coleman. Existe t-il un autre morceau sous ce titre ? C’est un beau Blues. Chaque note coule comme une goutte de rosée.

« Lady lock » écrit par Frank Wess et Thad (Jones bien sûr). La leçon de swing et d’élégance se poursuit. « La mode passe. Le style reste » (Coco Chanel).

« Oh what a beautiful morning » (Rogers/Hart). Effectivement, malgré l’heure tardive, je sens le soleil briller par un beau matin de printemps où la nature s’éveille. C’est ce genre d’émotions que nous suggère Hank Jones en jouant du piano.

« We will be together again ». Une ballade. Pas de fioriture mais un sens aigudu décor, de l’illustration sans jamais oublier le thème. L’émotion est ciselée comme un diamant. Même sa façon de finir un morceau est gracieuse.

« Monk’s mood » (Thelonious Monk). Il le joue en arrondissant des angles que Monk accentuait par défaut de technique comme l’explique Martial Solal.

« Stella by starlight ». Mr Jones présente chaque morceau avec un petit mot gentil. Qu’elle est belle cette étoile ! Elle brille pour nous sous les doigts du pianiste. Elle va, court, vole, bondit.

« Body and Soul ». « Une belle ballade. Je suis sûr que vous l’avez déjà entendue ».Bien sûr, il la joue corps et âme.

« Twisted Blues » (Wes Montgomery). Hank Jones a accompagné le guitariste Wes Montgomery notamment dans un fameux « Live at Tsubo’s » (1962) avec le saxophoniste ténor Johnny Griffin. Ce Blues twiste comme son nom l’indique. Il donne envie de danser. Heureusement qu’il reste Hank Jones pour jouer le Jazz de cette manière. Ce n’est plus de la musique, c’est un art de vivre qu’il nous transmet.

« I guess I will have to change my plans ». Hank Jones illumine l’instant présent. Il aime tant la vie qu’elle le lui rend bien.

« In a sentimental mood » du grand Duke Ellington. Il nous distille un nouvel alcool fort, doux et enivrant. Rien ne manque, rien n’est en trop.Les spots multicolores se reflètent le long du piano en une ligne courbe. Du piano sortent des couleurs plus vives et plus belles encore.

« On green dolphin street ». Hank Jones m’apprend que ce standard est une musique de film. Je redécouvre ce thème que je connais par cœur.

RAPPELS

One more ? Yeah, Yes, Oui, Ouais répond le public. La salle est archi comble de bas en haut, avec des gens assis par terre.Heureusement il n’y pas eu d’incendie…

« Blue Monk » (Thelonious Sphere Monk). C’est ça la musique. C’est grave, ça roule, nous enveloppe, nous frotte et nous caresse.

« Oh look at me now ». Ca swingue comme un enfant sur une balançoire. Hank Jones allie l’expérience et l’innocence, mélange rare et délicat.

Sous la pression populaire, un troisième rappel. « Polka dots and moonbeans ». Une ballade si ancienne que plus personne ne la joue. Ca glisse comme des danseurs sur le parquet. C’est juste parfait.

« Speak low (sweet child) » un standard écrit par Thad Jones. Nous pourrions écouter Hank Jones jusqu’au bout de la nuit tant il nous enchante. Personne ne veut partir. Ni lui, ni le public. Il a de l’humour en plus. Une fausse fin et il repart sur le thème.

« Round about midnight ».(Thelonious Sphere Monk). Ce morceau manquait à ce concert. Silence religieux dans la salle. On célèbre la musique et la beauté. Il y a d’ailleurs des fidèles debout devant la scène, en prière silencieuse. Et aussi des photographes qui ont enfin le droit de photographier. J’espère qu’il y a des pianistes dans la salle venus prendre une leçon de piano. Plmus tard, ils pourront dire qu’ils ont découvert « Round about midnight » grâce à Hank Jones le vendredi 11 septembre 2009 à la Cité de la Musique à Paris.

Sensualité, gravité, émotion, maîtrise, humour, il y avait tout dans ce récital de piano Jazz par M.Hank Jones.

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Sélection de concerts de Jazz pour janvier 2021

Publié le par Guillaume Lagrée

Bill Setwart par Juan Carlos HERNANDEZ

Bill Setwart par Juan Carlos HERNANDEZ

 

Lectrices pressées, lecteurs impatients, en France, en janvier 2021, vous n'aurez pas le droit d'aller de nouveau écouter du Jazz en concert dans une vraie salle avec des vrais musiciens, un vrai public, un vrai patron & de vrais employés. Il est encore trop tôt pour chanter " The masquerade is over " avec la Sublime Carmen Mac Rae (1922-1994)

Puisque vous ne pouvez assister aux concerts, écoutez les sur France Musique avec les émissions Jazz Club (pour le présent) et Les légendes du Jazz (pour le passé) et sur TSF Jazz avec Jazz Live

Pour l'actualité du Jazz 24h/24, écoutez sur la Toile Couleurs Jazz Radio.  Une fois sur le site Internet de la radio, cliquez sur Ecouter le live radio au centre de l'écran et le programme démarre. Mon émission Le jars jase jazz est consacrée à l'influence de la France sur le Jazz et lycée de Versailles  sous le titre générique Détours de France 3 ans d' émissions différentes sur ce thème à partir de décembre 2020. Diffusion chaque lundi à 22h et chaque vendredi à 12h (heure de Paris). Pas de podcast. En janvier 2021, deuxième épisode avec 8  diffusions: lundi 4 , 11, 18 & 25 janvier à 22h; vendredi 8, 15, 22 & 29 janvier à 12h . L'émission est consacrée au Jazz d'hier, commence avec John Coltrane en concert au festival  international de Jazz d'Antibes-Juan-les-Pins, édition 1965 et se termine avec Miles Davis et ses Filles de Kilimandjaro

Si vous voulez assister depuis la Toile aux concerts à New York, USA, dans Greenwich Village, pour les clubs Small's et Mezzrow, suivez ce lien. C'est payant certes mais toujours moins cher qu'un séjour dans la Grosse Pomme.  

Jérôme Sabbagh, saxophoniste ténor français maintes fois célébré sur ce blog, programme un concert chaque mercredi à 19h30 (heure de New York) au Bar Bayeux à New York. Cf photographie au dessus de cet article. Concert diffusé en direct sur Internet puis en différé pendant 6 jours. Un club de Jazz de New York livré chez vous sans autre frais que la connexion à la Toile. Vos dons sont les bienvenus. Elle est pas belle, la vie?

Mercredi 6 janvier: Mike Moreno Quartet (Jon Cowherd, Matt Penman, Obed Calvaire)

Mercredi 13 janvier: Chet Doxas, David Ambrosio, Billy Hart 
Mercredi 20 janvier : Immanuel Wilkins Group  
Mercredi 27 janvier : George Garzone Trio  

Mardi 5 janvier, 50e anniversaire de la radio FIP. De 19h à 20h30 (heure de Paris), émission spéciale pour les 50 ans de Jazz à FIP avec un concert en direct d'Henri Texier (contrebasse) maintes fois célébré sur ce blog. 

Festival French Quarter du lundi 11 au jeudi 14 janvier. Le meilleur du Jazz français en direct depuis New York, USA. Diffusion en direct sur TSF Jazz à 20h30 (heure de Paris). 

Lundi 11 janvier, 14h30 , New York (20h30 à Paris), Mezzrow: Alex Terrier (saxophone) & Kenny Barron (piano). 

Mardi 12 janvier, 14h30 , New York (20h30 à Paris), Bar Bayeux: Melissa Aldana & Jérome Sabbagh (saxophones), Peter Washington (contrebasse) & Bill Stewart (batterie). Cf photographie au dessus de cet article.

Jeudi 14 janvier, 14h30, New York (20h30 à Paris), Small's Jazz Club: Clovis Nicolas Quintet avec Jeremy Pelt et Jon Boutellier

 

Samedi 16 janvier de 20h à 22h30 (heure de Paris) sur France Musique, soirée concert Classique et Jazz enregistrée mercredi 13 janvier au studio 104 de la Maison de la Radio avec

• Nicholas Angelich (piano)

Richard Galliano (accordéon), déjà célébré sur ce blog.

• Axelle Fanyo (soprano)

• Geneviève Laurenceau (violon) & Tanguy de Williencourt (piano)

• Florent Boffard (piano)

• Romain Didier (chant & piano)

• Vincent Ségal (violoncelle) en trio avec Sébastien Surel (violon) & Tomás Gubitsch (guitare)

• Le Trio Sora : Clémence de Forceville (violon), Angèle Legasa (violoncelle) & Pauline Chenais (piano)

• Le Quatuor Ardeo : Carole Petitdemange, Mi-sa Yang (violons), Yuko Hara (alto) & Joëlle Martinez (violoncelle)

 Les Cris de Paris : Anaël Ben Soussan, Marie Picaut et Michiko Takahashi.

 

 

Jeudi 21 janvier, concert en direct sur Internet depuis New York du duo Dan Tepfer (pianiste maintes fois célébré sur ce blog) & Gilad Hekselman (guitare électrique). Billets en vente à 5$ minimum. Pas de maximum. 10h à Hawaï et Papeete, 12h à Los Angeles, 15h à New York, 16 h à Fort de France et Pointe à Pitre, 17h à Saint Pierre et Miquelon, Cayenne et Brasilia, 20h à Londres et Lisbonne, 21h à Paris et Dakar, 22h à Vilnius & Beyrouth, 23h à Moroni & Mamoudzou, 0h à Saint Denis de la Réunion et Port Louis.

Lundi 25 janvier, concerts en direct sur Internet du duo Leila Olivesi & Stéphane Tsapis (pianos & claviers) en hommage à Thelonious Sphere Monk. 10h à Hawaï et Papeete, 12h à Los Angeles, 15h à New York, 16 h à Fort de France et Pointe à Pitre, 17h à Saint Pierre et Miquelon, Cayenne et Brasilia, 20h à Londres & Lisbonne, 21h à Paris & Dakar, 22h à Vilnius & Beyrouth, 23h à Moroni & Mamoudzou, 0h à Saint Denis de la Réunion & Port Louis.

Le Triton vous propose 200 concerts à voir et écouter en vidéo à la demande. 2€/concert. Lectrices pressées, lecteurs impatients,  si c'est gratuit, c'est vous le produit!

En temps normal, vous auriez pu aller écouter le quartet Quiet Men et leur sublime version d'une vieille chanson française " Chevaliers de la table ronde " sous le titre " Chevaliers ". Cf extrait audio au dessus de cet article.

Vous auriez aussi pu aller écouter Eric Le Lann (trompette) & Jean-Marie Ecay (guitares) reconstituer un duo formé en 2005 autour d'Antonio Carlos Jobim. Cf vidéo sous cet article. 

La photographie de Bill Stewart est l'oeuvre de l'Epatant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

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" Speaking Tango " Minino Garay fait tanguer le Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

" Speaking Tango "

Minino Garay

Le Sunside

Paris, Ile de France, France

Samedi 26 mars 2022, 20h30

Concert de sortie de l'album  " Speaking Tango "

 

Minino Garay: voix, batterie, percussions

Lionel Suarez: accordéon

Cédric Hanriot: piano

Christophe Wallemme: contrebasse

 

Invités

 

Ray Colom: trompette

Anastasya Terenkova : piano

Georgi Anichenko : violoncelle

 

Lectrices séductrices, lecteurs ravageurs, ce blog a déjà célébré les louanges de votre nouvelle arme fatale, l'album " Speaking Tango " de Minino Garay. L'absence du piano du pauvre au profit de l'accordéon du riche m'avait frappé dans cet album. C'est pourquoi des 3 concerts de sortie au Sunside (jeudi 24 mars avec Manu Codjia à la guitare, vendredi 25 mars avec Jean-Marc Ecay à la guitare, samedi 26 mars avec Lionel Suarez à l'accordéon), j'ai choisi de me rendre à celui du samedi 26 mars avec le partenaire de Minino Garay au sein du Quarteto Gardel, petite formation dédiée au mélange Tango et Jazz contemporain. 

" Chico de mi barrio ". Lionel Suarez est tout de suite dans la place. Ca balance sévère. L'accordéon nous enveloppe. La rythmique pulse sévère. La voix de Minino Garay scande en rythme. ll ne chante pas. Il parle en rythme. La voix se fait caressante sur le solo final du piano. 

" Solo con un beso " ( '"Seulement avec un baiser ", je suppose). Minino scatte en phase avec sa batterie. Le contrebassiste fait la percussion en tapotant ses cordes. Le rythme accélère doucement. Christophe Walleme a repris le pizzicato. Minino ses percussions. Par rapport à l'album, il me manque la voix de femme en réponse même si Minino fait des efforts pour chanter masculin & féminin. Solo de contrebasse majestueux souligné par l'accordéon, ponctué par le piano et Minino. Ca marche, je me balance doucement sur ma chaise.

" Desencuentros ". Un spectateur propose de traduire par " rendez-vous manqués". Un tango énergique. L'accordéon de Lionel Suarez ajoute vraiment des couleurs à cette musique déjà chatoyante. Minino Garay chante l'échec joyeusement et en rythme. Solo de piano romantique à souhait mais toujours bien soutenu rythmiquement par les 3 autres musiciens. Solo de Lionel Suarez bien poussé par la rythmique. Ca balance grave. 

Le quartet démarre énergiquement. Un tango, ca ne s'écoute pas, ça se danse. Minino Garay le dit d'ailleurs. Au Sunside, il n'y a pas la place. A défaut, debout comme assis, les spectateurs dansent sur place. Moi compris. L'accordéoniste en remet une couche. C'est de plus en plus rythmé, percutant. Le piano emballe le tout. Je vois arriver un guitariste avec sa housse en bandoulière. Un invité sur la scène je présume. Un trompettiste se met en lèvres derrière moi. C'est le dernier des 3 concerts de sortie de l'album " Speaking Tango ". C'est la fiesta. Elle a déjà commencé avec le quartet. Contrebasse & batterie pulsent alors que Lionel Suarez nous la fait au sentiment. Ca marche évidemment. Jolie montée dans l'aigu de l'accordéon. Tout en finesse et en précision. Ca joue, nom de Zeus! Ca envoie et ça réplique entre les 4. Derrière moi, exclamations de joie en espagnol.

Le trompettiste Ray Colom monte sur scène. Un titre de Charles Romuald Gardes (1890-1935) dit Carlos Gardel, la légende du tango, né à Toulouse en France. Le pianiste joue fluide, liquide. Minino Garay dit le texte tout en douceur. Puis le quintette part tout en douceur et en souplesse. Un tango nostalgique à souhait. La trompette se marie en douceur à l'accordéon. Je me balance doucement sur mon siège. Doux solo de trompette qui s'élève clair. Avec un bon feeling latino. A titre de comparaison, écoutez Dizzy Gillespie au Rendez Vous Club de Buenos Aires en 1956 avec l'orchestre d'Osvaldo Fresedo. 

" Que Arajo ". Minino Garay avoue avoir copié Camille Bertault et sa chanson " Je vieillis ". Justement, Camille est dans la salle. Elle approuve. Le trompettiste joue des palmas. Né à Paris, il  a grandi à Barcelone. Un tango énervé. La voix grogne. La musique s'agite. Ray Colom joue de la trompette. Ca swingue bien. Tout s'arrête pour une grosse pulsation de contrebasse.

PAUSE

Pendant la Première guerre mondiale, en France, la musique allemande était interdite. Plus de Beethoven, Schumann, Schubert, Wagner au programme. Pas un seul orchestre ou artiste allemand ne pouvait jouer. Je présume qu'il en était de même en Allemagne pour la musique française. En 2022, alors que la Russie a envahi l'Ukraine, les artistes russes sont ostracisés dans de nombreux pays, notamment en France. Comme s'ils étaient responsables des actes de leur Gouvernement. Minino Garay est lui aussi fâché de cet amalgame entre politique et culture. Il pose un acte concret en invitant sur scène deux artistes russes qui vivent à Paris, la pianiste  Anastasya Terenkova et le violoncelliste  Georgi Anichenko. Avec ce trio inédit, ca swingue avec l'âme slave. Des Argentins d'ascendance slave, il en existe forcément. " L'homme descend du singe. L'Argentin descend du bateau " (proverbe argentin). La patte classique et l'école russe s'entendent dans le jeu des musiciens. Le tango vire au menuet. Tout en finesse. Belle attaque finale du trio. Une composition d'Astor Piazzola dont le titre m'échappe. 

Minino Garay complète son propos en citant un des trois membres de la Sainte Trinité argentine (Messi, Maradona, Francesco ou François). " Moi je peux faire des conneries mais, le ballon, on ne le salit pas " (Diego Armando Maradona). On ne mélange pas culture et politique rappelle Minino Garay. Retour du quartet sur scène. Minino va dire un poème argentin de 1886 ou 1910. Je n'ai pas bien compris même en français. Un texte scandé. Le groupe balance et ma tête aussi.  J'aime beaucoup cette chanson sur l'album. Pareil en concert. Le piano tourne en boucle, fait monter la tension, la libère. Lionel Suarez est à l'ocarina il me semble. Cf extrait audio au dessus de l'article.

" Speaking Tango " c'est le Slam Tango de Minino Garay. Titre album. Une composition de Lionel Suarez déjà jouée par le Quarteto Gardel. Ca ondule toujours et moi aussi. Le tempo s'accélère, emballé par l'accordéon. La rythmique impulse. Ca swingue terrible. Ray Colom se prépare à remonter sur scène.

Pour sortir du tango, une milonga, autre danse argentine. " Senora Egualidad " (Madame Egalité). Tempo lent. La musique accélère au son de l'accordéon. Nostalgie, quand tu nous tiens. 

" Volver ". Un standard de Carlos Gardel. Ecrit de retour en Argentine après un séjour en France où il fut filmé aux studios de Joinville le Pont (94). Gardel avait quitté la France avec sa mère à l'âge de 3 ans. Intro en solo d'accordéon. Nostalgique à souhait. C'est le retour. Après cette longue et belle introduction, le quartet repart joyeusement. Minino ne parle pas. Il joue. Il nous sort un solo de percussions dont il a le secret. Rapide, sec, précis, chaud. En résonnance avec les autres musiciens. Il est reparti aux baguettes sur les tambours. Ca vibre dans le ventre. Minino lâche les chevaux sur les cymbales. Les tambours roulent toujours. Ca marche. Hurlements de joie du public qui applaudit. 

Ray Colom remonte sur scène. Minino Garay chante les louanges de Francis Marmande, journaliste du Monde, qui a écrit un article élogieux sur l'album " Speaking Tango ". Au public de chanter. Minino Garay bat des mains pour nous donner le tempo. Ca chaloupe tranquille. Le trompettiste envoie du son. Ca pétarade et swingue latino. Comme tout le monde, je chante " Amame on line ". Une chanson sur les réseaux sociaux en ligne, je présume.

C'était l'envoi final de ce concert. Rien à ajouter. J'espère simplement que " Speaking Tango " sera joué cet été dans des festivals en plein air afin que vous ayez la place d'y danser ensemble, lectrices séductrices, lecteurs ravageurs.

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Leçon de Jazz d'Antoine Hervé: le trombone dans le Jazz

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

 

 

Leçon de Jazz d’Antoine Hervé.

Paris. Auditorium Saint Germain des Prés.

Lundi 20 juin 2011. 19h30.

 

Glenn Ferris

 

 

La photographie de Glenn Ferris est l'oeuvre du Cuivré Juan Carlos HERNANDEZ.

 

Antoine Hervé : piano, scat, enseignement

 Glenn Ferris : trombone à coulisse, enseignement

 

Il s’agit ce soir de rendre gloire aux trombonistes qui se font voler la vedette par les saxophonistes et les trompettistes. Toutes les erreurs techniques dans les propos qui suivent est de mon fait et ne peuvent engager la responsabilité des professeurs Antoine Hervé et Glenn Ferris.

 

« Blues for ever » (Glenn Ferris). C’est un Blues lent. Le trombone grommelle. Toujours cette proximité de l’instrument avec la voix humaine propre au Jazz. Ca progresse tranquillement comme un gars qui marcherait en roulant des épaules mais sans vulgarité, comme Jean Paul Belmondo.

 

Les trombonistes sont des héros. Ils sont toujours là discrets mais indispensables, méconnus par rapport aux trompettistes et aux saxophonistes.

 

L’instrument fut créé vers 1450 sous le nom de sacqueboute (i.e tire et pousse). C’est un instrument à vent de la famille des aérophones. Le mot vient de l’italien : tromba (trompette) et le suffixe augmentatif one. Il est écrit en ut. Plus la coulisse descend, plus la longueur du tube augmente, plus le son est grave. Le grave, c’est le son de l’Enfer dans la musique de la Renaissance.

 

Justement le Jazz est une musique diabolique né dans des lieux où l’on pèche mortellement comme les maisons closes. A la Nouvelle Orléans naquit le tail gate style. Les trombonistes donnaient de grands coups de coulisse (leur fameux coup de ut !) à l’arrière des remorques dans les orchestres ambulants pour attirer les clients.

 

Kid Ory était le Roi du trombone à la Nouvelle Orléans. Créole, comme Jelly Roll Morton, l’inventeur du Jazz, il dirigeait le Kid Ory’s Creole Jazz Band. Il a joué avec Louis Armstrong dans les Hot Five et les Hot Seven. Jack Teagarden, un Blanc, a joué lui aussi avec Louis Armstrong, Bix Beiderbecke, Benny Goodman. Lawrence Brown, un Noir, joua du trombone dans l’orchestre de Duke Ellington pendant 40 ans. Il fut le héros d’enfance de Glenn Ferris.

 

«  Bourbon Street Parade » un standard du New Orleans. Ca swingue, ça sautille joyeusement. Une vraie invitation à la fête, à la danse. Le trombone peut aussi faire la basse, la percussion. Il peut aussi par ses glissando suggérer l’homme ivre, le danseur chancelant. Dans l’orchestre, il fait le lien entre les vents et les basses.

 

«  Saint James Infirmary », un Blues traditionnel. C’est l’histoire d’un mec. Il va à l’hôpital et il reconnaît sa chérie parmi les cadavres. C’est vous dire si c’est gai. En l’occurrence, c’est bien joué.

 

Dans les années 1920 naît à New York le style Jungle. C’est une époque d’immense créativité musicale (Louis Armstrong, Sidney Bechet, Duke Ellington, Jimmie Lunceford…).

 

Nouvelle version de « Saint James Infirmary » dans le style de Jo «  Tricky » Sam Nanton, tromboniste de l’orchestre de Duke Ellington, un des inventeurs du Jungle Style. Glenn Ferris a pris la ventouse et sort le gros son, les grognements.

 

Le trombone a une perce cylindrique. Cela signifie que le diamètre du tuyau est le même du début à la fin sauf le pavillon qui influe peu sur le son.. Le son du trombone est dur, sec. Glenn Ferris, lui, a un son aéré.

 

«  When the night turns into day » (Glenn Ferris). Ballade pour saluer l’aurore. Beaucoup de soufflé, de suave dans le jeu du trombone. Le professeur Hervé prend aussi un beau solo scintillant.

 

On ne fait pas n’importe quoi avec la coulisse lectrices curieuses, lecteurs avides de savoir. Il existe 7 positions qui correspondent au schéma des harmoniques. Démonstration de notes variant avec les lèvres sans bouger la coulisse. Glenn nous montre les doigts (triggers) de son trombone qui lui permettent de régler l’ouverture du tuyau sans jouer sur la coulisse. Démonstration sur « Samba de una nota so » avec les lèvres puis avec la coulisse. Ce n’est pas le même effort.

 

« Stompin at the Savoy » grand standard des années 30 (orchestre de Count Basie). Joué relax. Ca swingue.

Glenn Ferris est un bon complice. Il nous montre tout. L’embouchure par exemple. Plus on va vers l’aigu du trombone, plus l’effort musculaire est grand, plus ça fait mal aux lèvres. Louis Armstrong avait un mouchoir sur scène pour essuyer le sang à ses lèvres. Glenn nous démontre le vibrato avec la coulisse, avec les lèvres. Nouvelle démonstration en ajoutant de l’air.

« Cotton Tail » (Duke Ellington) que Glenn Ferris a joué sous la direction d’Antoine Hervé dans l’Orchestre National de Jazz de 1987 à 1989. Sympa d’entendre en duo ce morceau pour big band. Ca swingue joyeusement.

Juan Tizol, tromboniste porto ricain, apporta à l’orchestre de Duke Ellington un de ses thèmes fétiches « Caravan ». Il est aussi l’auteur de « Perdido » que Charlie Parker affectionnait (écoutez sa version avec Dizzy Gillespie, Bud Powell, Charles Mingus, Max Roach dans « The Quintet. Live at Massey Hall »). Antoine Hervé joue Perdido. Glenn Ferris joue un thème de Charlie Parker. Glenn met une sourdine fermée. Les deux thèmes se croisent, se superposent. Ca colle même si ça demande de l’attention à l’auditeur. Foin de la facilité, que diantre !

 

S’ensuit « Confirmation » (Charlie Parker), un classique du Be Bop. Evidemment, c’est joué moins vite que par Bird mais le feeling est bon.

 

Bob Brookmeyer, tromboniste, pianiste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre né à Kansas City en 1929 joue et enseigne toujours à New York. Il joue aussi du trombone à pistons qui permet de jouer plus vite, plus précis. Le gars qui joue du trombone aux côtés de Jim Hall (guitare électrique) et Jimmy Giuffre (clarinette) pour la scène d’ouverture du film Jazz on a summer's day sur le Newport Jazz Festival de 1958, c’est lui.

 

« Milestones » (Miles Davis) joué en hommage à Kai Winding, tromboniste qui jouait sur l’album « Birth of the cool » (1949) de Miles Davis. Ca sonne bien au trombone.

Avec le Be Bop, les trombonistes ont dû trouver des trucs pour jouer plus vite, plus articulé, plus précis. Glenn Ferris en profite pour nous montrer le jeu « against the grain » (à contre courant).

 

« Nostalgia in Times Square » (Charles Mingus). C’est une musique de chat de gouttière. Glenn reprend la ventouse pour moduler le son sur le pavillon. Il joue maintenant ouvert. C’est vraiment un Maître de l’instrument. Il y met toute l’expression nécessaire pour du Mingus. Il reprend le débouche évier pour un son plus feutré, plus grommeleur. Quelle version, nom de Zeus !

 

Slide Hampton, autre tromboniste, né en 1932, grand ami de Dizzy Gillespie. Glenn Ferris est né à Hollywood, Californie en 1950 et a beaucoup joué avec les Latinos à Los Angeles.

« Manteca » (Dizzy Gillespie), un classique de la Salsa. Le trombone fait des percussions. Le piano sonne comme des timbales.

 

Les multiphoniques consistent à jouer plusieurs notes à la fois au trombone en utilisant la voix. C’était une spécialité du tromboniste allemand Albert Mangelsdorff. Glenn reconnaît qu’il ne sait pas bien le faire mais sa démonstration est tout de même parlante.

 

« Fairy’s groove (You dig ?) » (Glenn Ferris). Morceau compose de 3 grooves différents. Le professeur Hervé lance un scat, Glenn groove dessus. Puis le piano démarre. Ca donne envie de bouger son corps sans effort. Je reconnais des sons que Glenn produisait en 1993 dans le merveilleux album d’Henri Texier « An Indian’s Week ». Il change de groove, passant à un tempo reggae. Au final, j’ai loupé un des trois grooves du morceau. Ma note va baisser, je le crains.

 

RAPPEL

 

Un hommage à Jay Jay Johnson immense tromboniste auquel le titre de ce blog fait allusion. « Lament » (JJJ).  Un Blues lent, une ballade jouée avec beaucoup de souffle dans le trombone. Une lamentation douce qui ne pleure pas mais qui vous berce doucement. Cf extrait audio au dessus de cet article.

 

Après un tonnerre d’applaudissements, Glenn Ferris remercie Antoine Hervé pour le service rendu à la cause des trombonistes. Merci à eux pour cette splendide prestation. Rendez vous à l’automne pour une nouvelle saison de Leçons de  Jazz d’Antoine Hervé à l’Auditorium Saint Germain des Prés.

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Leçon de Jazz d'Antoine Hervé: Antonio Carlos Jobim et la Bossa Nova

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Leçon de Jazz d’Antoine Hervé.

Antonio Carlos Jobim (1927-1994) et la Bossa Nova
Mercredi 13 janvier 2010. 19h30. Auditorium Saint Germain des Prés. Paris.

Antoine Hervé



La photographie d'Antoine Hervé est l'oeuvre du Méticuleux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.


Antoine Hervé : piano, docteur en bossa nova
Rolando Faria : chant, docteur en bossa nova





Je tiens à prévenir mes sympathiques lecteurs et mes aimables lectrices que, n’étant pas lusophone, ma transcription des titres de chansons  a été corrigée par Antoine Hervé. Merci Antoine. Les erreurs qui restent après correction sont miennes.

En fond sonore, Seu Jorge, excellent chanteur, compositeur, musicien brésilien, grand mixeur musical capable de consacrer tout un album à David Bowie en portugais entre autres prodiges.

Jobim est né en 1927 à Rio de Janeiro. Il a pris des cours de piano à partir de 1941 avec un Allemand, compositeur ayant fui le nazisme. Il a fait des études d’architecture, discipline qu’il jugeait proche de la musique. 1er enregistrement à 36 ans. Il fuyait la scène. Plus de 50 albums et plus d’une centaine de chansons entre 36 et 67 ans.

« Desafinado » (Désaccordé). La quinte bémol, symbole du bebop, est censée être la note désaccordée dans le thème. Si vous ne connaissez pas cette chanson, cela fait plus de 45 ans que vous n'écoutez pas la radio ! Stan Getz en donna une version instrumentale sublime au saxophone ténor. Joli petit scat final du chanteur. Dommage que Nelson Veras n’ait pu venir ce soir avec sa guitare.

Elis Regina, chanteuse, réalisa un album complet avec Jobim « Ellis e Tom ». « So tinha de ser com voce ". C’est une ballade qui se balance en douceur, bref une bossa nova, la nouvelle vague venue de la Baie de Rio. Le chanteur est très bien placé rythmiquement, avec une voix voilée ou claire selon les besoins. Cf vidéo sous cet article pour le duo Elis Regina & Antonio Carlos Jobim sur " Aguas de Marco " (En français, " Les eaux de mars " par Georges Moustaki). 

Joao Gilberto, guitariste et chanteur, est la voix de la Bossa Nova. Il n’a écrit que 4 chansons. C’est un interprète.

« Chega de saudade ». La saudade n’est pas triste nous explique Rolando à rebours de tout ce que j’ai lu et entendu sur le sujet. En anglais « No more Blues » (cf l'album " Dizzy Gillespie on the French Riviera " , Festival de Jazz d'Antibes Juan les Pins, 1962). La Bossa Nova ça marche toujours pour le rapprochement des couples. Je le vois dans le public. Un joli petit scat dans le final. C’est la signature de Rolando.

La Bossa Nova c’est la rencontre de cultures différentes, comme le Jazz. C’est une musique de bourgeois blancs de Rio qui ont écouté la musique des pauvres, des Noirs, la Samba. Il y a beaucoup d’influence de la musique classique aussi. Exemple avec « Insensatez » (Insensitive que Sting a chanté en anglais avec Jobim au piano). Antoine Hervé a mixé un prélude de Chopin avec Insensatez. Il commence par un prélude de Chopin, dont on fête les 200 ans de la naissance en 2010, qui ressemble en effet beaucoup à Insensatez. Rolando enchaîne et chante Insensatez. Ca sonne très romantique. Une très belle version allant du classique au Jazz.

Rolando est un excellent showman. Il nous explique que Jobim a inventé des formules poétiques en portugais. Il nous explique en portugais la licence poétique. Personne, à part les lusophones, ne comprend l’explication mais c’est très drôle.

Enfin ils nous parlent de Vinicius de Moraes (1913-1980), diplomate et poète brésilien. En 1956, il rencontre Jobim. Tous deux partagent cette conception du temps liée au plaisir. La Bossa Nova se joue, s’écoute en prenant son temps comme toutes les bonnes choses. Vite fait, mal fait dit un vieux dicton français.

« Samba de una nota so » (One Note Samba jouée par Dizzy Gillespie, Stan Getz, chantée par Ella Fitzgerald). Jobim réalise là une prouesse harmonique, trouvant des accords intéressants à partir d’une note.Au démarrage Antoine joue et scatte avec Rolando. Rolando scatte puis chante. Ca swingue plus. C’est une samba tout de même. Kubicek, le président brésilien des années 1950, un président élu, le fondateur de Brasilia, était surnommé le Président Bossa Nova. J’ai un couple à ma gauche : elle applaudit, pas lui. Pourtant il reste et il n’a pas l’air de s’ennuyer.

Vinicius de Moraes écrivit une pièce de théâtre « Orfeu de Concecao », adaptation du mythe d’Orphée au Brésil des années 1950. Le Français Marcel Camus en fit un film « Orfeu Negro » palme d’Or au festival de Cannes 1959, film dont la Bossa Nova est la BO. Jobim détestait ce film, trop cliché à son goût. Rui Castro, écrivain : « La Bossa Nova est la bande sonore du Brésil idéal ».

« Din-di » chanson composée pour Silvinha, une chanteuse qui a fait le lien entre la Samba et la Bossa Nova. Version très lente.

1964 : album « Getz and Gilberto ».C’est là que figure le Méga Tube : « The girl from Ipanema » (Garota de Ipanema) la chanson la plus diffusée au monde. C’est un album de « fond de catalogue ». Ca se vend tout le temps et ça s’entend partout même dans les sonneries de téléphones portables. Astrud Gilberto, épouse de Joao, a chanté en englais parce que Joao ne parlait pas un mot d’anglais. Joao ne voulait pas qu’elle chante. Non seulement elle a chanté pour Stan Getz mais, en plus, elle a quitté Joao pour Stan. De quoi avoir la saudade…

« So danço samba » est tiré de cet album. « So danço samba, vai,vai, vai, vai, vai ». Plusieurs fausses fins. Un régal ! Cf extrait audio au dessus de cet article. 

Sur la plage d’Ipanama, Antoine Hervé a vu des gens applaudir au spectacle d’un coucher de soleil. « Inutil Paisagem » c’est la tristesse de l’amoureux abandonné devant un beau paysage. D’après Rolando, cette tristesse ne dure que le temps d’une chanson. En tout cas, c’est très triste.

« Si une chanson ne parle pas d’amour, elle n’est pas bonne » Vinicius de Moraes.
« Agua di beber » (Eau à boire). Antoine siffle l’air en le jouant. Antoine scatte, grogne, joue alors que Rolando chantonne, scatte.

Jobim habitait à Rio au pied du Corcovado, la montagne au somment de laquelle se trouve le Christ rédempteur de Paul Landowski (père de Marcel Landowski, compositeur français). « Corcovado », belle chanson avec un beau solo de piano, rêveur et rythmé.

« Luiza » musique d’un feuilleton. Et jolie chanson.

Ils n’ont joué pour l’instant que du Jobim. Ils vont jouer du Baden Powell, guitariste dont le père était un grand admirateur du général anglais Baden Powell, fondateur du scoutisme. « Salutacao » une chanson qui figure dans « Un homme et une femme » de Claude Lelouch. C’est un petit bijou. Rolando y ajoute les paroles françaises qui figurent dans le film « Il est nègre, bien nègre dans son cœur ». Le « sa ra va » de la chanson a donné son nom à Saravah, la maison de disques de Pierre Barouh, l’homme qui fit fortune en produisant les chansons d’ " Un homme et une femme », le premier producteur de Jacques Higelin. La devise de Saravah est « Il est des années où l’on a envie de ne rien faire », ce qui ressemble à des paroles de Bossa Nova…

Rappel

La Bossa Nova que tout le monde attend depuis le début du concert, l’histoire d’une demoiselle que Jobim regardait aller de l’Ecole normale d’institutrices à la plage d’Ipanema à Rio, « Garota de Ipanema » (The Girl from Ipanema). Tout le monde chante, poussé par Antoine et Rolando. Sans connaître les paroles c’est difficile mais on chantonne l’air. Comme d’habitude, les filles chantent plus et Rolando doit pousser les garçons à chanter.

Très belle soirée ludique et légère avec un duo qui sait mêler la leçon et l'improvisation avec élégance.

Prochaine leçon de Jazz le mardi 9 février 2010 à 19h30 au même endroit avec Wayne Shorter, « le plus grand compositeur du Jazz depuis la mort de Duke Ellington " (Stan Getz). Dans le rôle de Wayne Shorter, l’excellent saxophoniste français Jean Charles Richard.

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Quelques définitions du Jazz

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Trompette marine

 

      La photographie de la trompette lémanique est l'oeuvre du Lacustre Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

" Sinfonia absurdia " (Traduction du mot Jazz dans le Dictionnaire du Vatican)


" Le Jazz c'est la liberté " (Duke Ellington)


" L'histoire du Jazz tient en quatre mots, deux noms et deux prénoms: Louis Armstrong, Charlie Parker " (Miles Davis)


" Pourquoi lire du Platon alors que le son d'un saxophone ténor peut vous ouvrir la porte d'un autre monde?" (Cioran)


" Chaque année, tous les jazzmen du monde devraient se retrouver un jour précis, s"agenouiller et prier Dieu pendant un quart d'heure pour le remercier d'avoir créé Duke Ellington " (Miles Davis)


" Ce qui compte en musique, ce ne sont pas les notes. Ce sont les silences entre les notes " (Miles Davis)


" Pourquoi jouer beaucoup de notes alors qu'il suffit de jouer les plus belles? " (Miles Davis)


" L'esclavage fut une bénédiction. Sans l'esclavage, le Jazz n'aurait jamais existé " (Max Roach)


" Deux caractéristiques essentielles, notées dès 1926 par le musicologue-ethnologue André Shaeffner, sont indissociables du Jazz. D'une part, un traitement particulier des sonorités, dérivé de l'imitation des voix humaines et animales, de l'autre, une mise en valeur spécifique des rythmes. C'est la résultante de l'intégration à des méthodes instrumentales, harmoniques et mélodiques inventées en Europe, de traditions emmenées d'Afrique par les esclaves déportés aux Amériques du XVI° au XIX° siècles " Frank Ténot in Dictionnaire du Jazz ( Collection Bouquins, éditions Robert Laffont, Paris, 1994, 1388 p)


" It don't mean a thing if it ain't got that swing " (Duke Ellington)


" Monsieur Louis Armstrong, pouvez nous expliquer ce qu'est le swing?
Si tu le demandes, c'est que tu ne le sauras jamais mec!"

" Monsieur Ray Charles, comment faites vous pour dégager tant de joie, d'énergie dans votre musique alors que vous êtes aveugle?

Ca pourrait être pire, chérie. Je pourrais être Noir! "


" Pour que Dave Brubeck swingue, il faudrait qu'il pende au bout d'une corde " (Art Blakey)


" Le rythme afro cubain est comme la joie de l'homme qui a découvert le feu " (Michel Leiris)


" Le Jazz c'est comme les bananes. Ca se consomme sur place " (Jean-Paul Sartre)


" Si le rap excelle le jazz est l'étincelle qui flambe les modes qui sont toujours à temps partiel " (MC Solaar)


" Jouer avec Thelonious Monk, c'est comme entrer dans un ascenseur. Les portes s'ouvrent, vous faites un pas en avant et il n'y a pas d'ascenseur " (John Coltrane)


" Jazz is not dead. It just smells funny " (Frank Zappa)


" Harlem, c'est la patrie du jazz, c'est la mélodie nègre du Sud débarquant à la gare de Pennsylvanie, plaintive et languissante, soudain affolée par ce Manhattan adoré, où tout est bruit et lumière, c'est le rêve du Mississipi, devenu cauchemar, entrecoupé de trompes d'autos, de sirènes, comme à travers Wagner on pressent le tumulte des éléments, ce qu'on entend au fond du jazz, c'est la rumeur de Lennox Avenue. " (Paul Morand, New York, 1929)

" Le Jazz a renversé la valse.L'Impressionnisme a tué le " faux jour ", vous écrirez " télégraphique " ou vous écrirez plus du tout!
 
L'Emoi c'est tout dans la Vie!
Faut savoir en profiter!
L'Emoi c'est tout dans la Vie!
Quand on est mort c'est fini! "
 
Céline, préface de " Guignol's Band "

" Il n'y a que deux sortes de musique: la bonne et la mauvaise " (Duke Ellington)


" La première fois que j'ai entendu Bird et Diz jouer ensemble, ce fut la plus forte sensation de ma vie, habillé. Toute ma vie j'ai cherché à atteindre cette émotion dans ma musique. Je m'en suis parfois approché de très près mais je n'y suis pas encore parvenu. Je cherche encore " (Miles Davis)


" J'essaie de mettre toute ma vie dans chaque note que je joue " (Louis Armstrong)

« Les vrais génies du XXe siècle ne sont pas cinéastes, ni peintres, ni savants, ni écrivains... Ce sont des musiciens de jazz, comme Duke Ellington » - Orson Welles

" La dissonance, c'est la vie quotidienne du Noir en Amérique "

Duke Ellington

“ L'humour ne s'apprend pas. C'est comme le jazz, une cadence intérieure. On l'a ou on ne l'a pas.”
(Guy Bedos)
 

" Le Jazz ça consiste à transformer le saucisson en caviar " ( Barney Wilen)

" Ce que j'aime surtout dans le Jazz, c'est que c'est un mot très pratique au Scrabble " (Philipe Geluck)

" Le Rock'n roll, ce n'est jamais que du mauvais Jazz " (Henri Salvador)

" Sans le Jazz, il n'y aurait jamais eu de Rock'n Roll " (Louis Armstrong)

" Le Rock'n roll, c'est du Jazz avec une base rythmique très solide " (Keith Richards)

" Il paraît qu'il existe des gens qui n'ont pas d'albums de Miles Davis chez eux. C'est quelque chose que je ne peux pas concevoir " (Charlie Watts)

" Le Jazz c'est comme la boxe. Mieux c'est, moins le public apprécie " (Georges Foreman).

" Jouer du Be Bop, c'est comme jouer au Scrabble mais sans les voyelles " (Duke Ellington)

" Vous, les Américains, prenez le Jazz trop à la légère. Vous semblez y voir une musique de peu de valeur, vulgaire, éphémère. Alors qu'à mes yeux, c'est lui qui donnera naissance à la musique nationale des Etats-Unis " (Maurice Ravel à George Gershwin).

" Je ne suis pas ce que je joue. Je joue ce que je suis " (Miles Davis)

" Le blues vraiment sale, obscène, pour moi c'est ça le vrai blues " (Ray Charles)

" A la trompette, on ne peut rien jouer qui ne vienne de Louis, pas même les trucs modernes " ( Miles Davis)

" J'y donne tout. J'oublie mon vieux corps. Je me vide. Je n'ai plus à penser, seulement à jouer " (Sonny Rollins, à propos de ses concerts)

" Je pense que le Jazz est surtout l'affaire des Noirs  mais quelques rares Blancs peuvent en jouer aussi bien, d'une façon aussi originale que n'importe quel Noir. Pas beaucoup mais je sais être l'un d'entre eux " (Stan Getz)

" Il avait une âme noire sous une peau blanche et il le savait " (Frank Sinatra défini par Quincy Jones)

" On a beau se couvrir de satin blanc jusqu'aux nichons, se mettre des gardénias dans les cheveux et se tenir loin des champs de canne à sucre, on se sentira toujours comme une esclave dans une plantation " (Billie Holiday)

" Je ne pense pas que je chante. J'ai plutôt l'impression que je joue d'un instrument à vent " (Billie Holiday)

" Je ne sais pas si je suis un trompettiste qui chante ou un chanteur qui joue de la trompette. J'aime à vrai dire faire les deux. Chaque note que je joue à la trompette je peux la chanter. Et je pense toujours profondément chacune des notes que je joue " (Chet Baker)

" il faut que je change tout le temps. C'est comme une malédiction " (Miles Davis )

" J'ai juste infléchi cinq ou six fois le cours de la musique " (Miles Davis)

" Les relations internationales, c'est comme le Jazz. Une variation infinie sur un même thème " (Lyndon Baines Johnson, 36e président des Etats Unis d'Amérique)

" Le Jazz est à la musique classique ce que le dessin de presse est à la peinture " (Duke Ellington). 

" J'ai compris que le bortsch était comme le Jazz: il a sa base (le bouillon et la betterave) et le reste, ce sont comme les instruments dans le Jazz. Comme en musique, chaque élément modifie le plat, sans le changer globalement, tout en influençant un peu le goût. "
( Yevhen Klopotenko, chef ukrainien)

 A titre de comparaison, voici d'autres définitions par ceux qui détestent le Jazz

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Sélection de concerts de Jazz pour août 2020

Publié le par Guillaume Lagrée

Pierrick Pédron par Juan Carlos HERNANDEZ

Pierrick Pédron par Juan Carlos HERNANDEZ

Lectrices vénérées, lecteurs vénérables, alors que les Etats Unis d'Amérique et la République fédérative du Brésil, deux pays fondamentaux pour le Jazz, sont encore durement frappés par la pandémie de Covid 19, l'Europe et la France sortent de mois de confinement. 

Tous les festivals de Jazz de l'été sont annulés. Tous? Presque tous. Quelques irréductibles Gaulois prennent des mesures pour vous donner la possibilité de participer à des concerts pour de vrai.  En août 2020, vous pourrez aller au concert à condition d'être masqués, de respecter la distance physique avec votre voisin (le jeu de la séduction n'en sera que plus subtil!) et d'oindre vos mains de gel hydroalcoolique aux normes de l'OMS. 

Si vous ne pouvez assister aux concerts, écoutez les sur France Musique avec les émissions Jazz Club (pour le présent) et Les légendes du Jazz (pour le passé) et sur TSF Jazz avec Jazz Live

Du lundi 27 juillet au samedi 1er août inclus, de 20h à minuit (heure de Paris), France Musique diffuse des concerts enregistrés au festival Jazz in Marciac depuis sa création en 1978 et qui n'a pas lieu en 2020 en raison d'une pandémie mondiale. Au programme, des Géants du Jazz tous célébrés sur ce blog: Stan Getz, Sonny Rollins, Dizzy Gillespie, Michel Petrucciani, Eddy Louiss... 

Le festival Banlieues Bleues  (Seine-Saint-Denis, Ile de France, France) offre gratuitement à voir et écouter des concerts des éditions précédentes, chaque semaine. Profitez en, lectrices Swing, lecteurs Hot.

Pour l'actualité du Jazz 24h/24, écoutez sur la Toile Couleurs Jazz Radio  Une fois sur le site Internet de la radio, cliquez sur Ecouter le live radio et le programme démarre. Mon émission Le jars jase jazz est consacrée à l'influence de l'Italie sur le Jazz sous le titre générique Evviva Italia! 5 émissions différentes sur ce thème de juillet à novembre 2020 inclus. Diffusion chaque lundi à 22h et chaque vendredi à 12h (heure de Paris & di Roma). No podcast. En août, 9 diffusions: lundi 3 , 10, 17, 24 & 31 août à 22h; vendredi 7, 14, 21 & 28 août à 12h .

Si vous voulez assister depuis la Toile aux concerts à New York, USA, dans Greenwich Village, pour les clubs Small's et Mezzrow, suivez ce lien. C'est payant certes mais toujours moins cher qu'un séjour dans la Grosse Pomme. 

Vendredi 14 août à 9h (Honolulu & Papeete), 12h (San Francisco), 14h (Chicago & Quito), 15h (New York & Fort de France), 16h (Cayenne & Brasilia), 17h (Saint-Pierre-et-Miquelon), 19h (Rekjavik & Dakar), 20h (Londres & Lisbonne), 21h (Paris & Rome),  22h (Vilnius & Mamoudzou), 23h (Saint-Pierre-de-la-Réunion & Port Louis), concert en direct et en ligne depuis New York, USA, de Dan Tepfer (pianiste maintes fois célébré sur ce blog) & Cécile Mac Lorin Salvant (chant, 3 Grammy Awards). Programme français: Francis Poulenc, Olivier Messiaen, Léo Ferré, Georges Brassens, Barbara... Droit d'entrée: 5$ minimum. 

 Paris, Ile de France, France

 Sunside

Festival Pianissimo jusqu'au dimanche 23 août inclus

Mardi 4 & mercredi 5 août à 21h: Pierre de Bethmann trio pour son album " Essais volume 3 "   célébré sur ce blog

Jeudi 6 août à 21h: Frank Amsallem Quartet avec Irving Acao, excellent saxophoniste ténor cubain déjà acclamé sur ce blog.

Mardi 11 août à 21h: Marc Benham pour son album trio " Biotope "  porté aux nues sur ce blog. Cf extrait au dessus de cet article.  Sauf cas de force majeure, j'y serai. 

Mercredi 12 & jeudi 13 août à 21h: Laurent Coulondre rend hommage en trio à Michel Petrucciani

Lundi 17 août à 19h30 & 21h30: Boeuf (Jam Session in english) autour des thèmes d'Horace Silver avec le trio de Laurent Courthaliac. Entrée libre. Il faut toujours rendre hommage au Docteur Funkissimo du piano, Mr Horace Silver

Vendredi 21 & samedi 22 août à 21h: René Urtreger trio. Martial Solal ayant pris sa retraite de concertiste, René Urtreger reste la mémoire vivante sur scène du piano Jazz à Paris. 

Charlie Parker alias Bird aurait eu 100 ans en 2020. Il est mort à 35 ans en 1955. Sa musique vit toujours. Le Sunside lui rend hommage du lundi 24 au lundi 31 août 2020.

Mercredi 26 & jeudi 27 août à 21h: Stéphane Belmondo & Dmitry Baevsky, sax alto russe injustement méconnu sur ce blog. 

Vendredi 28 août à 21h: le Zoot Collectif avec le jeune sax alto français Neil Saidi

Samedi 29 août à 18h40 puis 21h: Pierrick Pédron d'abord en quintet avec Géraldine Laurent (sax alto) puis avec son quartet déjà applaudi sur ce blog. Cf photographie au dessus de cet article.

Duc des Lombards

Jeudi 27 août à 19h30 & 22h: le quartet de Fred Nardin (piano) pour son album " Look ahead "   louangé sur ce blog. Au trio de l'album s'ajoute le guitariste Maxime Fougères lui aussi applaudi sur ce blog. 

38 Riv

Samedi 1er août à 21h: Sara Miette (chant) invite Alain Jean-Marie (piano) pour chanter et jouer le Great American Songbook, la Sainte Bible du Jazz. 

Mercredi 5 août à 20h30, le trio de Simon Martineau guitariste français déjà célébré sur ce blog comme accompagnateur au sein du Nuzut Trio et du trio de Thomas Delor

Vendredi 21 août à 20h30: le quartet de Neil Saidi (sax alto).

Péniche Marcounet

Dimanche 16 & 30 août à 18h: Grand Bal Swing avec l'orchestre de Claude Tissendier. Apprenez à danser en respectant les normes de distance physique, lectrices vénérées, lecteurs vénérables!

Baiser Salé

Estival de Jam. Jam Session (Boeuf en français) chaque soir.  A vous de jouer lectrices vénérées, lecteurs vénérables. 

Bretagne

A Malguenac, Morbihan, festival Arts des villes, Arts des champs du jeudi 20 au dimanche 23 août avec, notamment, le duo amoureux " You don't know what love is " composé de Sophia Domancich (piano) & Simon Goubert (batterie) vendredi 21 août à 20h30. Cf vidéo sous cet article. 

Franche Comté

A Frontenay, Jura, Frontenay Jazz Festival samedi 22 août à partir de 17h avec le JOYLIE trio et COSMOS duo, deux groupes totalement inconnus de mes services. 

La photographie de Pierrick Pédron est l'oeuvre de l'Aérien Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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Prince est mort. Prince is dead. Prince esta muerto. Prince è morto (1958-2016)

Publié le par Guillaume Lagrée

Prince est mort

Rogers Prince Nelson (1958-2016)

Lectrices Superfunkycalifragisexy, lecteurs Pourpres, comme vous avez pu le remarquer, Prince est le seul artiste de Pop Music auquel plusieurs articles de ce blog sont consacrés:

- Prince invite Miles Davis sur scène pour le Nouvel An 1988 (concert de charité pour les sans abri de Minneapolis, ville glaciale l'hiver)

- Prince et le Jazz

- Prince vu par Médéric Collignon et Sébastien Llado, musiciens maintes fois célébrés sur ce blog.

- Prince en concert au Palais Omnisports de Paris Bercy le 1er septembre 1993 et comment je le l'ai croisé et manqué dans les jardins du Palais Royal à Paris le 8 mars 2011

Prince is dead. Prince esta muerto. C'est ce que disait Rogers Prince Nelson sur scène en 1993 quand il était fâché avec Warner Brothers et se déclarait esclave de son contrat. Esclave payé en millions de $, il y a pire tout de même. A l'époque, il se produisait sous le sigle du Love Symbol mélangeant les signes grecs anciens du masculin et du féminin. Il sortit même en 1994 un album " Come " sous titré Prince (1958-1993) comme s'il était mort ainsi qu'une compilation rétrospective " The Hits-The B Sides " qui s'arrêtait en 1993. Maintenant, nous pouvons le dire sans lui, Prince est mort mais sa musique reste en vie.

Prince est intimement lié à ma vie. Il était né en 1958 comme Michael Jackson, showman et Madonna, businesswoman. Prince lui était auteur, compositeur et interprète. Plus précisément, il écrivait paroles et musique, jouait du piano, des claviers, de la guitare, de la basse, de la batterie et des percussions, était danseur et chorégraphe, costumier et éclairagiste et allait même jusqu'à se filmer. Bref, Prince était l'Artiste incarné. " Quand je chante à la télévision, le micro est allumé " disait-il.

J'étais adolescent dans les années 1980. Mes voisins et amis d'enfance étaient des fans de Prince et moi je ne captais pas sa musique. Jusqu'à un soir de 1990 où dans un bar de Quintin (22), j'ai vu sur des écrans de télévision le Love Sexy Tour (1988). Là, j'ai compris ce que disait Miles Davis: " Prince mélange James Bown, JImi Hendrix et Charlie Chaplin. Comment voulez vous vous planter avec ça? ". J'en suis resté sidéré.

De plus, mon frère cadet, Benoît Lagrée (1978-2013) était un fan invertébré de Prince, comme Michel Petrucciani. Je l'ai emmené à ce concert au POPB le 1er septembre 1993 alors qu'il n'avait pas encore 15 ans et jusqu'à sa disparition en 2013, il a collectionné les albums de Prince et ses fameux live piratés depuis 1981. Prince était un control freak, sans cesse occupé à faire interdire la diffusion de sa musique et de ses images sans son consentement exprès mais comme il créait à flux continu (un robinet à chansons. Ca coulait hors de lui disait Alan Leeds qui produisit James Brown puis Prince), ça sortait tout de même, volens nolens.

Pour ma part, quand j'ai besoin de me motiver, par exemple pour faire le ménage, je mets toujours en fond sonore James Brown ou Prince.

" Je fais de la musique car si je n'en faisais pas, j'en mourrais. J'enregistre car j'ai cela dans le sang. C'est comme un sort de savoir que vous pouvez toujours faire quelque chose de neuf " Prince

Comment rendre hommage à Prince?

En parsemant nos vies de ses chansons.

Vous ne savez pas si vous êtes Blanc ou Noir, hétéro ou homo? Controversy

Vous désirez sortir au restaurant en lingerie? DMSR

Vous voulez parsemer votre vie de Danse, Musique, Sexe et Romance? DMSR

Vous voulez déclarer votre flamme à celui ou celle qui partagera votre vie, vos joies et vos peines? Forever in my life

Vous voulez faire la fête comme si c'était le jour du Jugement dernier? 1999

Vous voulez sortir d'une dispute conjugale intelligemment? When doves cry

Vous voulez faire une fête à tout casser chez vous? Housequake

Vous vous interrogez sur les malheurs des temps actuels? Sign o' the times

Vous voulez manier le levier de vitesse? Head

Vous voulez le faire tout le temps? It

Vous êtes un fan de Jean-Pierre Raffarin et de la Positive Attitude? Positivity (Combien de temps vous a t-il fallu pour enregistrer cette chanson? Le temps qu'il fallait).

Vous vous sentez capable de porter votre croix ? The cross (Une chanson dans le style de U2. Bono, en fan de Prince, l'a reprise sur scène)

Vous ne guérissez pas d'un chagrin d'amour? Nothing compares 2 U rendue célèbre par l'interprétation de Sinead O'Connor.

Vous pleurez un Prince mort en avril? Sometimes it snows in April.

Vous voulez savoir ce que Prince et Miles Davis auraient pu créer ensemble? Ecoutez Prince chanter en studio Movie Star et Miles Davis le jouer sur scène. Les deux versions sont en vente libre

Vous voulez entendre Prince en acoustique? Ecoutez The Truth, 4e et dernière partie de l'album Crystal Ball qui réunit des dizaines de chansons refusées par Warner Brothers.

Vous aimez les préliminaires? Come. Plus de 11mn de chanson conclue par un orgasme.

Vous ne trouvez pas votre maison cachée sous la neige? Big white mansion

Vous ne voulez pas que vos enfants ressemblent à Prince? Alors ne les battez pas et écoutez Papa

Vous voulez écouter Prince avec Clare Fischer, un des arrangeurs majeurs du Jazz? Crystal Ball, rythmes, harmonie et mélodie vous rendront fous.

Vous voulez voir le futur? The Future

Vous voulez savoir pourquoi il existe une étiquette " Parental advisory. Explicit lyrics " sur certains albums? Darling Nikki

Vous voulez mélanger filles et garçons? Girls and Boys

Vous ne savez pas rendre le clavecin funky? The question of U

Vous voulez mettre de la Pop dans votre vie? Pop Life

Vous voulez que la nuit soit belle? It's gonna be a beautiful night

Vous voulez faire le tour du monde en un jour? Around the world in a day.

Je pourrais continuer longtemps ainsi.

Pour les amateurs de Jazz, les deux albums essentiels de Prince sont " Parade " (1986) et " Rainbow children " (2001)

Pour le gospel, écoutez plutôt " Love Sexy " (1988) ou " Graffiti Bridge " (1990)

Pour aller à l'essentiel, la compilation " The Hits/The B Sides " (Prince. 1958-1993) est hautement recommandable. Choix des morceaux par l'Artiste et très beau texte de présentation par Alan Leeds.

Tous les albums des années 1980 sont intéressants. " 1999 " (1982), " Purple Rain " (1984), " Around the world in a day "," Parade " (1986), " Sign o' the times " (1987) et " Love sexy " (1988) sont tous différents puisque Prince se remettait totalement en question à chaque album. Ensuite, pour éponger les dettes, Prince mit en route la cash machine avec " Batman " (1989), oeuvre de commande (merci à Kim Basinger pour avoir imposé Prince comme compositeur du film) mais qui est totalement griffée par Prince.

Pour une nuit avec Prince, vous pouvez écouter son seul Live officiel " One nite alone " (2002) ou l'émission d'une nuit que lui a consacré FIP le 22 avril 2016.

" Quel effet ça fait d'être le meilleur guitariste du monde? Je ne sais pas. Demandez à Prince " (Eric Clapton)

" Prince est le guitariste le plus sous-estimé que je connaisse " (Carlos Santana)

" Prince est le Duke Ellington des années 80 " (Miles Davis)

" Prince est le Mozart du Rock'n Roll " (Serge Gainsbourg)

" Je n'ai pas eu la chance de connaitre Bach, Mozart, Charlie Parker, Igor Stravinsky  mais j'ai eu celle de rencontrer Prince " (Bono).

" Je suis un fan invertébré de Prince " (Michel Petrucciani)

Le 15 décembre 2002, en concert à l'Aladdin à Las Vegas, Nevada, USA Prince joue à la guitare un Blues de sa composition " The Ride ". Parental Advisory. Explicit Lyrics. Cette mention a été inventée pour une autre chanson de Prince " Darling Nikki " sur l'album " Purple Rain " (1984). Elle vaut aussi pour cette chanson. 

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